Société

La lutte contre les homicides conjugaux au sein des Outre-mer doit demeurer une priorité pour l’Etat.

Quatre députés ultramarins, Ericka BAREIGTS, Serge LETCHIMY, Josette MANIN et Hélène VAINQUEUR-CHRISTOPHE ont adressé un courrier à la Secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les Femmes et les Hommes s’inquiétant du financement de l’étude VIRAGE destinée à expliquer le taux d’homicides plus élevé en Outre-mer que dans l’hexagone.

Madame la Ministre,

Les chiffres publiés par le Ministère de l’Intérieur, le 1er septembre, dans son étude nationale relative aux morts violentes au sein du couple durant l’année 2016 sont des plus inquiétants. Sur l’ensemble du territoire national, 138 personnes sont décédées (dont 109 sont des femmes et 25 sont des enfants) l’an dernier du fait de violences conjugales, contre 136 en 2015.

Avec 10 homicides sur les 138 recensés dans l’ensemble du territoire en 2016 (soit 7,25% des homicides constatés dans notre pays alors que les Outre-mer ne comptent que 4% de la population), les départements et collectivités ultramarins sont en moyenne davantage touchés par ce phénomène alarmant. A La Réunion, 4 personnes ont été tuées par leurs partenaires. Rapporté à la population de ce département, le taux d’homicide conjugal place La Réunion en troisième position au niveau national (0,46 pour 100 000 habitants), la première place étant occupée par la Guyane (1,17). La Guadeloupe a compté un homicide au cours de l’année 2016. Enfin, si la Martinique n’a pas connu d’homicide, la situation n’en reste pas moins préoccupante du point de vue des violences faites aux femmes.

Comme le soulignait le rapport du Conseil Economique, Social et environnemental Combattre les violences faites aux femmes dans les Outre-mer écrit par Dominique RIVIERE et Ernestine RONAI et adopté le 29 mars dernier, nous manquons de connaissances fines et précises pour expliquer les taux plus élevés de violences faites aux femmes dans les territoires ultramarins. C’est pourquoi l’Etat participait au financement de l’enquête nationale sur les violences subies et les rapports de genre (VIRAGE) menée par l’Institut National d’Etudes Démographiques (INED) dans les départements de La Réunion, la Guadeloupe et la Martinique.

En raison de la baisse des crédits budgétaires affectés à la mission Droits des femmes, le financement de cette enquête nationale est désormais compromis et celle-ci pourrait bien ne jamais être menée. La suspension de cette enquête constitue un très mauvais signal : les pouvoirs publics doivent garder pour priorité la lutte contre les violences faites aux femmes dans les Outre-mer.

Le 5ème Plan de mobilisation et de lutte contre toutes les violences faites aux femmes (2017-2019), auquel vous avez réaffirmé votre attachement dans un communiqué conjoint avec le Ministre de l’Intérieur, le 1er septembre dernier, préconise précisément de déployer cette enquête nationale dans les départements d’Outre-mer.

La mise en œuvre de VIRAGE en Guadeloupe, Martinique et à La Réunion (voire son extension à la Guyane dont les chiffres sont particulièrement alarmants à cet égard) paraît essentielle. 10 personnes décédées dans le cadre de violences conjugales dans les Outre-mer, ce sont 10 morts qui auraient pu être évitées.

Enfin, nous tenions à porter à votre attention le partenariat triennal (2017-2019) signé le 16 mars dernier par le Ministère des Outre-mer avec le Mouvement français pour le Planning Familial (MFPF) pour un montant de 600 000 euros. Il permettra notamment de prévenir les violences en développant des programmes de renforcement des compétences psychosociales dès la maternelle (PRODAS) et de lutter contre les stéréotypes sexistes et homophobes. Sa mise en œuvre est essentielle pour faire en sorte qu’aucune victime de violences conjugales ne soit plus à déplorer dans les prochaines années dans les Outre-mer.

Sachez, Madame la Ministre, que les femmes ultramarines comptent sur vous et votre pleine détermination pour lutter contre ce fléau qui mine les principes fondamentaux de notre République.

Nous vous prions de croire, Madame la Ministre, en l’expression de notre haute considération.

Ericka BAREIGTS

Serge LETCHIMY

Josette MANIN

Hélène VAINQUEUR-CHRISTOPHE

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