Sports

Le Diable et le Bon Dieu

« Toujours humble, amical, respectueux même dans la lutte » est la devise qui accompagne cette photo des deux protagonistes sur la page facebook de Justin Gatlin. Le bad boy de l’athlétisme, le nouveau champion du monde du 100 mètres, seul contre tous, a « gâché » la fête de départ du King, la foule déçue par la défaite de sa star canonisée de son vivant et frustrée par la victoire de l’homme à abattre. Suspendu pour dopage de 2006 à 2010, il a été testé à 64 reprises par l’Agence américaine antidopage (Usada) depuis son retour. Qu’importe pour le public qui l’a désigné comme le diable.

Roger Black ancien champion anglais du 400 mètres fait partie des sceptiques : « La seule chose que le sport ne voulait pas était que Justin Gatlin, un dopé, attrapé deux fois, mette fin à la carrière d’Usain Bolt. Vous avez des jeunes qui regardent, et pensent : Il est une tricheur, pourquoi est-il champion du monde ? Cela ne devrait pas être autorisé. Beaucoup de gens pensent que si vous trichez, vous devriez être banni à vie ». Inversement, Trayvon Bromell, le coéquipier de Justin, le côtoyant dans la sélection américaine est admiratif de son courage : « Même après tout ce qu’il a traversé dans la vie, il a encore un sourire sur son visage et continue à avancer ».

Aux JO d’Athènes, en 2004, l’athlétisme mondial se remet difficilement de l’affaire Balco, le laboratoire qui fournissait en produits la fine fleur de l’athlétisme américain, notamment les sprinters Marion Jones et Tim Montgomery. La victoire sur la distance reine de Justin Gatlin sonne alors comme la fin de ces années noires. « J’étais le gentil, à l’époque, pas vrai ? » rappelle-t-il.

« C’est un ancien dopé, qui domine un sport gangrené par le dopage, en courant plus vite qu’à l’époque où il prenait des produits. Mettez de côté vos préjugés un instant, et posez-vous la question : en admettant que Gatlin soit innocent, comment pourrait-il le démontrer à un public sceptique ? C’est tout simplement impossible… à moins de courir moins vite et de commencer à perdre » déclare-t-on sur le site spécialisé Sport Scientists.

«Qu’est-ce qui justifie qu’on me traite de « bad boy » ? Est-ce que je vous ai un jour mal parlé ? Ai-je eu un mauvais comportement ? J’ai toujours serré la main de mes adversaires, je les ai toujours félicités. Les médias à sensation ont fait de moi un « bad boy » et d’Usain un héros. Ok mais je ne sais pas d’où viennent ces accusations»

«J’ai été puni, mais maintenant je suis propre. J’aide ma communauté, je parle avec des enfants pour qu’ils soient propres. Je ne me suis concentré que sur ma course et je n’ai pas entendu les sifflets», a aussi expliqué l’Américain de 35 ans de l’Université du Tennessee.

Le sextuple champion de sprint, Michael Johnson, a pris la défense de son compatriote qualifié de «malhonnête» par les médias. Le coureur de 49 ans a déclaré à la BBC Sport : « À Londres 2012, personne n’a hué Gatlin (médaillé de bronze sur 100 m). Lorsqu’il a commencé à se rapprocher de Bolt aux Championnats du monde de 2015, on a ressorti cette histoire. Nous n’avons pas assez éduqué le public sur l’influence des drogues. Nous l’avons présenté comme un tricheur. Je pense que nous devons faire un meilleur travail d’éducation ».

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