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Je vis en Guadeloupe, mais je ne fais pas partie de ce peuple

Ce serait son rêve, des Antilles sans antillais ? Ou avec juste quelques représentants locaux, députés, maires et sénateurs, braves garçons tardivement décrottés, affublés d’un costume-cravate, ou filles avec corsages empesés et bottines, pensant nous représenter à l’Assemblée.

Je sais ce que cela fait d’être déraciné, je vis en Guadeloupe, mais je n’en fais pas partie. Ne vous méprenez pas. J’aime mes concitoyens, tous mes amis sont ici, mais je ne fais pas partie des leurs, et je le sais. Pas les mêmes mœurs, les mêmes attitudes, la même culture. Ici je suis à l’abri de l’Islam, je suis tout seul, je n’ai pas de peuple.

Je me sens déjà être une relique du passé, le rejeton d’un pays qui n’existe plus.

Ce cri du cœur vient juste après les réflexions enthousiastes de l’auteur d’un site d’extrême-droite, après les rassemblements pour la mort de Johnny Halliday. « Nous étions entre nous. Il n’y avait pas de multiculturalisme imposé, pas d’allochtones arrogants, pas de blackbeur, pas de grabuge, ni bagarres, klaxons , pétards. Terminés les barbus en djellabas, les voilées, les emburkanées, les rappeurs, les racailles, et autres parasites. Quelques noirs, aussi, mais des noirs… antillais ».

Sans commentaire.

Mais c’est vrai qu’on a du mal à juger un antillais. Notre passion pour tout ce qui vient de l’extérieur ne traduit-elle pas l’abandon collectif de peuples lessivés, ou alors est-elle le signe d’une curiosité insatiable, donc d’une intelligence vive ? Nous pouvons jouer soit à être rigolards et stupides, soit à paraître méchants et vindicatifs, croupissant dans la méfiance, soit prêts à conquérir le monde. L’antillais est-il l’homme du ressentiment ? Est-il celui du futur ?

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Théo LESCRUTATEUR

Théo LESCRUTATEUR

1 Comment

  1. décembre 18, 2017 at 10:17 — Répondre

    Bouleversant de sincérité:
    Ce étant dit il ne faut faire l’amalgame entre,
    un peuple « amoureux d’exotisme » innocent (ceci n’existe pas dans le genre humain), et un peuple colonialiste, impérialiste. . à succès, car final, c’est toujours les autres qui trinquent et trinquent encore.
    Alors pourquoi s’obseder à vouloir réinventer l’histoire d’un peuple, de l’humanité ?

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