Antillais en souffrance : Tous déments ?
Notre prochaine pandémie sera celle de la démence et nous ne sommes pas prêts, nous prévenait la revue Slate du 19 août 2022. Oui, une pandémie, mondiale comme guadeloupéenne et martiniquaise, nous terrasse déjà, nous avertissent les spécialistes des pathologies mentales aux Antilles.
Les maladies dégénératives, comme Alzheimer, aux Antilles, constituent une préoccupation majeure de santé publique.
Mais la folie en reprenant le titre d’un ouvrage de Gisèle Pineau pourrait bien être sur nos territoires et pour nos compatriotes exilés, un aller simple.
Trois faits divers nous ont interpellés, aussi terrifiants l’un que l’autre, mais qui témoignent de la fragilité psychologique de notre population.
Dans le premier, âgé de 28 ans, un homme a été condamné à dix mois de prison ferme. Fin juin, l’homme originaire de Guadeloupe avait agressé un conducteur de 80 ans pour s’emparer de sa voiture dans une rue de Vincennes (Val-de-Marne), avant d’être rattrapé par les forces de l’ordre.
Ce vieux monsieur rencontrant ce vagabond guadeloupéen, ouvre sa voiture pour lui donner une pièce. Mais l’homme peu reconnaissant, lui plante un couteau dans la main et le menace avec une bombe lacrymogène avant de lui voler sa Peugeot.
Notre compatriote ne peut donc être identifié à Jean Valjean, le héros des Misérables de Victor HUGO, ancien forçat qui a passé 19 ans au bagne pour avoir volé du pain, et qui ne connaissait plus que la haine jusqu’au jour où la générosité d’un évêque le transforme…
Peu après ses méfaits, le vagabond guadeloupéen croise les policiers rue de Rivoli à Paris , qui remarquent qu’il vient de griller un feu rouge. Les fonctionnaires le prennent en chasse. Le conducteur prend la fuite grille d’autres feux et roule sur la voie des vélos avant d’être stoppé. Il est placé en garde à vue au commissariat.
Cet agent de l’administration pénitentiaire en disponibilité à la suite d’un accident de moto a quitté la Guadeloupe pour se faire soigner dans l’hexagone. Mais arrivé à Paris, il ne va pas à l’hôpital et survit dans la rue.
« Je ne pensais pas que cet homme avait 80 ans parce qu’il avait un iPhone 13 »
Durant les auditions, le suspect refuse de s’exprimer. Il est présenté devant les juges parisiens qui ordonnent le renvoi pour qu’une expertise psychiatrique soit réalisée. Mais ce jeudi elle n’a pas été faite et le président décide finalement de s’en passer.
À l’écran de la salle d’audience en visioconférence, le jeune homme semble déconnecté. « Je ne pensais pas que cet homme avait 80 ans parce qu’il avait un iPhone 13 », assure-t-il. Interrogé sur les raisons qui l’ont poussé à commettre ce « car jacking » ses explicationslaissent pantois. « Je me sentais seul, je voulais voir ma famille », répond-il.
Troubles de la personnalité
Son avocat rappelle que son client est orphelin, qu’il souffre de problèmes psychologiques et relève que l’expertise psychiatrique demandée dans ce dossier n’a pas été pratiquée ce qui est préjudiciable pour son client.
Le procureur remarque que la profession de cet homme est peu compatible avec un vol de voiture avec violence. Puis il rappelle que les armes ont été retrouvées dans la voiture et que la scène a été filmée grâce aux caméras de vidéosurveillance. Il a été maintenu en détention.
La liste macabre de nos compatriotes ravagés par les pathologies mentales, s’est allongée avec la fin tragique de ce SDF martiniquais armé d’un couteau abattu le 10 août dernier par les forces de l’ordre. Etait-ce proportionné ? Il serait grave que de telles pratiques se multiplient en France, dénonçait l’écrivain Jean-Marie Rouart, de l’Académie française, dans un article intitulé Requiem pour le George Floyd de Roissy sur le blog Mediapart du 14 août 2022. Nous vous livrons des extraits du courageux plaidoyer de l’académicien.
… Parmi les pathétiques héros de Marcel Aymé, il en est un qui s’appelle Abd el-Martin. C’est un de ces damnés de la Terre …C’est une sorte de SDF, un clochard, logé dans un taudis. Nous ne savons rien de son passé sinon par une allusion subliminale qu’il est vêtu d’une vieille capote militaire en loques…
Oui, il a dû servir la France, mais celle-ci l’a oublié. Ses états de service ne suscitent en sa faveur ni reconnaissance ni compassion … Tout cela finira mal. Quand on est en
proie à la fatalité de la misère, les choses finissent rarement bien.
J’ai pensé à Abd el-Martin en apprenant qu’un SDF, un Martiniquais, qui survivait à l’aide de petits expédients dans l’aéroport de Roissy a été abattu par les forces de l’ordre qu’il menaçait d’un couteau. Pourtant couteau contre fusil d’assaut, on pourrait imaginer dans un pays policé, a fortiori la patrie des Droits de l’homme, qu’il y a d’autres solutions que la peine de mort. La riposte est-elle proportionnée ?
N’apprend-on pas les arts martiaux dans la police, et le close-combat ? Ne peut-on pas au pire viser les jambes ?
Qui faut-il incriminer ? On a aboli en grande pompe la peine de mort est-ce pour mieux la rétablir à la sauvette, sans jugement, pour un SDF martiniquais de Roissy.
Ce qui est grave dans cette affaire, c’est un climat que l’on sent monter insidieusement : la vie humaine, le droit n’a plus d’importance. On ne réagit plus. Elle est là la victoire des terroristes. Qui a protesté contre le déni de justice de Guantánamo ? Et aujourd’hui avec la mort sommaire de ce SDF martiniquais, qui proteste, qui s’indigne ? Que dire de la réaction de la préfecture de police : «Faisant preuve de sang-froid, les policiers ont neutralisé ce matin un individu dangereux armé d’un couteau et qui menaçait le personnel et les passagers de l’aéroport de Roissy.»
… Le SDF de Roissy risque de devenir le George Floyd français. Sans logis, sans famille, je ne voulais pas dans l’insouciance de l’été laisser ce pauvre mort sans sépulture. A sa façon c’est un martyr. Il a payé pour tous ceux qu’on ne peut pas, qu’on ne veut pas punir, tous les vrais terroristes et les authentiques criminels qui bénéficient de l’impuissance publique. On l’a tué – sans doute par maladresse pour ne pas accabler la police – parce qu’il était sans défense, pour donner bonne conscience à ceux qui nous gouvernent dans l’illusion, les imprécations sans résultat, et les postures faussement viriles. »
Nous préciserons juste que la mère de Garry Régis-Luce a fait le déplacement pour récupérer les affaires de son fils. Un agent lui a remis une valise pleine d’affaires appartenant à son fils, y compris une Bible…
Et s’il était à la fois un George Floyd et un Jean Valjean antillais ?
Et que penser de la femme au masque blanc ?
Cette femme portant un masque blanc de carnaval couvrant l’intégralité de son visage, a semé la peur sur les routes guadeloupéennes, le 12 septembre 2022, en fonçant avec sa Renault sur les automobilistes, pendant plusieurs heures.
Selon le procureur Patrick Desjardins, aucune suite judiciaire ne sera donnée à cette affaire, en raison de l’état de santé de la femme au masque.
En Guadeloupe, selon une étude récente, 34 % des Guadeloupéens ont déjà présenté des troubles psychiques et 25 % ont déjà consommé des psychotropes ( source : Observatoire régional de la santé 16 décembre 2019).
Un antillais sur six souffre de problèmes de dépression, soit plus que dans l’hexagone ( un sur dix). Comme au niveau national, les femmes sont plus touchées. ( INSEE Flash Guadeloupe n° 156 paru le 04/11/2021).
Avec de tels chiffres terrifiants, comment peut-on laisser prospérer les réseaux sociaux antillais qui publient en permanence des vidéos « d’artistes » noyés dans le spleen, à l’image du fils d’un de nos hommes politiques, condamné par de telles fenêtres illusoires , à s’enfermer dans ses addictions.
Ses vidéos morbides font froid dans le dos
Et on ne compte plus tous les redoutables criminels, assassins, analphabètes pour la plupart, qui font des réseaux sociaux en Guadeloupe et en Martinique, leur tribune, méprisant les femmes, appelant à la violence, fumant leur drogue en permanence devant les caméras, commentant leur dernier meurtre avec délectation et jubilation.
Sophie Jehel, maîtresse de conférences en sciences de l’information, dans « la revue des médias » du 29 août 2022, parle d’adhésion à l’image, si nous ne manifestons pas notre colère face à ces pratiques. Des jeunes visionnent des assassinats en boucle sans pouvoir commenter ni leurs émotions, ni l’intention de l’auteur des images.
La responsabilité individuelle apparaît de peu de poids devant l’immensité de l’espace numérique. On ne signale pas, on ne se désabonne pas non plus.
Regarder c’est être complice.
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