Société

VICTORIN LUREL : J’AI TRAVAILLE POUR LE PAYS

On le pensait abattu après sa défaite aux régionales le 13 décembre dernier. C’est pourtant un Victorin Lurel souriant et décontracté que nous avons rencontré dans un restaurant à Paris. Reprenant à son compte la locution latine : Fluctuat nec mergitur (battu mais ne sombrant pas), il revient sur le scrutin qui lui a fait perdre sa place d’homme fort de la Guadeloupe, mais n’entend pas se faire oublier.

Lurel 4

Jarry était derrière

97L : Quel est votre sentiment après les résultats des régionales ?

Quinze jours après le 2ème tour, c’est un sentiment de libération. On me l’a reproché d’ailleurs. On a tout fait pour être élu. On a eu en face une belle machine, il faut le reconnaître, avec des moyens colossaux et une triple coalition : journalistique, politique et financière. Disons pour faire une métaphore : « Jarry était derrière » (3ème zone d’activité en France implantée à Baie-Mahault NDLR) et a soutenu le candidat d’en face.

Blanc 1

J’avais tous les défauts du monde.

97L : Que pensez-vous de la campagne d’Ary Chalus ?

Elle était presque sans programme en tout cas je demande toujours à en voir le contenu. Pour ce que j’en sais, c’est inapplicable. En revanche, ce que j’ai vu c’est une campagne ciblée sur et contre ma personne : J’avais tous les défauts du monde. Tout ce qui ne marchait pas dans le pays, c’était à cause de moi. Il n’y avait plus de répartition de compétences entre la région, le département, l’Etat, les communes, les agglomérations. La région, donc moi, était responsable de tout.

On a proposé à la population de supprimer le chômage, le chômage des jeunes, la délinquance, la violence, de faire des marinas sur tout le littoral guadeloupéen, et je m’attends à la suppression des embouteillages à bref délai.

« Changer d’avenir » est peut-être un slogan porteur mais qui est terrible de sens. « Changer d’avenir », même Dieu réfléchit avant de faire cela ! Changer de modèle : oui, je veux voir ce changement.

Blanc 1

J’ai le sentiment d’avoir travaillé pour le pays

97L : Quel bilan faites-vous de votre action à la tête de la région ?

Je suis assez serein. Après 11 ans de conseil régional et 9 ans de présidence effective, à l’aide d’une belle équipe, j’ai le sentiment d’avoir travaillé pour le pays, d’avoir œuvré pour son développement, d’avoir eu des réalisations effectives, d’être intervenu dans le quotidien des Guadeloupéens. La région était en faillite en 2004, on l’a oublié depuis. Est-ce suffisant ? Ce ne le sera jamais assez. Nous avons contribué au rayonnement international de la Guadeloupe. Le 6ème DOM comme on dit n’a pas été négligé, j’ai été depuis 2002 l’un des rares députés à chercher à tisser des liens entre ceux de l’Outre-mer qui vivent en métropole quelque soient leurs origines, pas seulement les Guadeloupéens mais aussi les Réunionnais, Martiniquais, Guyanais sans oublier les Mahorais, les Polynésiens…  J’espère que cela continuera.

Blanc 1

Il faut que le pays gagne et prospère

97L : Quel type d’opposant serez-vous face au nouveau Président de la Région ?

Je souhaite vraiment qu’Ary Chalus réussisse, car là on parle du pays, de notre bien commun. Il faut que le pays gagne et prospère. Je ne suis pas là pour jouer la politique de la terre brulée ou pour bouder dans mon coin. Et je ne parlerai pas d’opposition mais plutôt de minorité. Ce sera une minorité constructive. Peut-on être constructif tout en étant vigilant ? Oui, je le serai vis-à-vis de ce changement et de tout ce qui a été proposé et qui a emporté l’adhésion de l’électorat guadeloupéen. De temps à autre, je rappellerai la nature du changement de l’avenir guadeloupéen et des espoirs mis par nos compatriotes dans ce projet.

Blanc 1

Le carburant essentiel en politique est la haine

97L : La coalition dont vous parlez est-elle viable ?

Non. Ce sont des coalitions conjoncturelles, hétéroclites et simplement pensées contre un homme. Vous savez, le carburant essentiel en politique est la haine. Là, il y a eu de la haine. J’ai fait une loi contre la vie chère qui a dérangé les intérêts établis. Quand vous prenez quelques dizaines de millions dans les caisses de la SARA (Société Anonyme de la Raffinerie des Antilles), vous avez tous les pétroliers et les stations-service contre vous. Les meilleurs soutiens de Mr Chalus étaient Marc Petreluzzi et Patrick Collet (Vice-Président et Président des gérants de stations-service), on l’a vu. Lorsque vous supprimez les exclusivités, vous mettez tous les grands commerçants et importateurs contre vous. Vous faites une centrale d’achat pour les commerces de proximité et les lolos, les importateurs sont contre vous. Avec le bouclier qualité-prix et la baisse de 15 % de près de 300 produits, vous touchez au profit des entreprises.  Lorsque vous créez une société d’économie mixte de la région Guadeloupe, vous devenez le principal opérateur hôtelier de l’île. Je peux vous citer d’autres exemples qui ont fait que cette coalition conjoncturelle s’est montrée efficace en tout cas.

En compagnie de François Hollande et de Gérard Larcher

En compagnie de François Hollande et de Gérard Larcher

Le 19 mars, une date symbolique

97L : Qu’en est-il du rapport sur la loi pour l’égalité réelle dont vous a chargé le Président de la République en mai dernier ?

C’est un dossier qui me tient à cœur visant à plus de justice par la lutte contre le chômage et un investissement massif dans l’éducation et le social pour l’Outre-mer. On va remettre le rapport avant la fin du mois de janvier. J’ai rencontré le Président François Hollande à l’Elysée. Nous avons évoqué le calendrier parlementaire, d’abord la remise du rapport, la fenêtre parlementaire pour présenter la proposition de loi qui sera transformée en projet de loi porté par le gouvernement. On va voir si le 19 mars 2016, date symbolique en référence au 19 mars 1946, jour d’érection des quatre vieilles colonies en départements d’Outre-mer, on peut faire voter la première loi. Le Président y est favorable. Avant j’aurai une concertation avec les uns et les autres mais le choix de cette date nous semble judicieux.

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Joël DIN

Joël DIN

2 Comments

  1. toutoune
    décembre 29, 2015 at 17:26 — Répondre

    Non monsieur Lurel, vous n avez pas travailler pour la guadeloupe, vous avezttravaillé pour votre poche et celle de vos amis.
    Arrêté de nous faire croire, nous avons les yeux ouverts maintenant ne pas prendre le guadeloupeen pour un couillon c est finit ce temps là.
    Vivez de vos avantages acquis et laisser la guadeloupe en paix la roue tourne et il y a de la place pour tout le monde.

  2. décembre 29, 2015 at 20:50 — Répondre

    Le problème, c’est qu’à l’instar de Letchimy en Martinique, il ne dis pas pour quel pays il a travaillé… car de toutes évidences, il a certes beaucoup œuvré, mais au bénéfice de la mafia gouvernementale qui dirige la patrie des Domiens sise à 7000 km de la terre qui leur a donné vie.

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