Une banane 2.0 pour sauver la filière
L’ambiance aurait du être à la fête au Salon de l’Agriculture avec l’obtention par la banane de Guadeloupe et Martinique du titre de marque préférée des Français, et les 10 ans de la Banane Française enrubannée au succcès commercial incontestable. Mais le sourire de Nicolas Marraud des Grottes, le Président de l’UGPBAN (Union des Groupements de Producteurs de Bananes de Guadeloupe et Martinique) reste en demi-teinte.
« Cette récompense est une réelle fierté pour toute la filière, premier employeur agricole des Antilles reconnait-il, « cependant l’avenir est incertain ».
Il ajoute inquiet « Nos producteurs ne luttent pas à armes égales avec le reste du monde. Nos concurrents bénéficient de taxes douanières basses, de l’utilisation de produits phytosanitaires alors que notre filière les a reduit de 83%, de coûts de main d’oeuvre tres bas. Nous avons nous dans nos îles un devoir de responsabilité pour que nos jeunes vivent correctement de leur travail ».
Des producteurs qui affrontent unis ces obstacles. Mais cette résilience se heurte à un nouvel adversaire, la cercosporiose noire, maladie attaquant les feuilles des bananiers et diminuant drastiquement leur rendement, allant jusqu’à menacer l’existence de la banane antillaise passant de 250 000 tonnes produites à 185 000 en 2023 et 2024. Un champignon qui coute aux planteurs 30 millions d’euros par an.
« Les autres combattent ce fléau en recourant au traitement aérien interdit chez nous depuis 2014. L’effeuillage systématique et un traitement fongicide à dos d’homme ou par canon a permis de ralentir la progression du champignon : des solutions chronophages et à l’efficacité variable. Mais nous avons des solutions ».
La réponse, les technologies de pointe et une banane 2.0 pour sauver la filière.
« L’utilisation de drones, par son épandage ciblé, faciliterait notre travail. Le processus legislatif est enclenché, nous attendons l’approbation des autorités qui tardent à répondre. Enfin, le futur de la banane ne peut passer que par les NTG Nouvelles Techniques Génomiques qui permettent de modifier le matériel génétique d’une plante afin qu’elle puisse résister à ses bioagresseurs. Mais un consensus doit être trouvé au niveau européen qui les considère encore comme des OGM ».
Photo de Couverture : Harry Jeanne
No Comment