Un incendie salutaire en Guadeloupe, pays des paradoxes ?
Guadeloupéens, Guadeloupéennes, au pays des paradoxes, faites vos jeux, rien ne va plus !
Aura-t-il fallu qu’un incendie dévaste le CHU de la Guadeloupe pour que tout le monde crie au scandale sur la vétusté de l’établissement ?
On a entendu tellement de choses depuis que ce sinistre a mis à nu des problèmes existants sur ce site depuis des lustres, qu’on est en droit de se poser la question suivante : dans quelles conditions de sécurité et d’hygiène étaient soignés les malades avant ce jour fatal où la situation a basculé ? Doit-on considérer cet incendie comme un événement salutaire qui a fait réagir toute la communauté hospitalière qui certainement à plus ou moins brève échéance aurait peut-être connu une catastrophe de plus grande importance ?
Compte tenu des inlassables tergiversations des uns et des autres, syndicats, collectivités locales, direction de l’hôpital, ARS, gouvernement et tous les acteurs et décideurs pour une meilleure offre de santé en Guadeloupe, on est en droit de s’interroger de ce qu’il adviendrait de la population si elle était confrontee à une catastrophe sanitaire sérieuse (tremblement de terre, tsunami, éruption de la Soufrière, cyclone dévastateur, etc…).
L’état des lieux
On parle d’une augmentation sérieuse du nombre de morts depuis cet incendie, mais on conteste les chiffres avancés par les médias de l’hexagone. On parle de la fuite des médecins qui rejoignent la France, des symptômes broncho-pulmonaires qui frappent le personnel, dont un grand nombre est en arret de maladie, mais circulez, il n’y à rien à voir. Un jour on déclare qu’il faut évacuer totalement l’établissement hospitalier, mais le lendemain, on ne parle que de la désinfection des parties touchés par la fumée toxique de ce qui a brûlé. On jure qu’il n’y avait pas de pyralène stocké dans l’établissement, mais le lendemain on annonce le contraire. On parle de dirriger les malades vers l’hôpital de Marie-Galante, mais on avance qu’il sera bien difficile de faire face efficacement aux urgences, compte tenu de l’insularité de l’île. Alors, reste la solution d’occuper les lits disponibles dans tous les établissements de santé de la Guadeloupe. Mais ils sont saturés et c’est un véritable casse-tête pour une population qui sans jeu de mot ne sait plus ou donner de la tête.
L’indispensable et le superflu
En réalité en Guadeloupe on ne sait pas faire la part des choses entre le superflu et le nécessaire. Depuis quelques années, les sargasses sont devenues un véritable fléau pour l’île, et les choses s’agravent de saison en saison, sans qu’un début de solution ne soit trouvé pour enrayer leur progression. Là encore on met en avant le « bricolage guadeloupéen ». On demande à la population de faire un petit effort. « Si chacun mettait la main à la pâte pour ramasser les algues, ce serait déjà un beau geste citoyen pour le pays », car notre Karujet doit se faire, notre festival de Marie-Galante doit se faire, notre Route du rhum doit se faire et nos touristes doivent pouvoir se baigner dans une eau bleue et limpide.
Tant pis si sur l’île aux belles eaux, le problème de l’eau n’est pas résolu, ni celui du transport, deux facteurs de discordes permanents qui pénalisent séieusement les usagers. Tant pis si l’accostage aux Saintes, à la Désirade, à Marie-Galante devient une véritable galère pour la population. Qu’importe si le chloredécone continue à nous empoisonner et à faire son lot de cancers de la prostate chaque jour. Ce n’est pas grave, car en Guadeloupe, soigner le cancer de la prostate est un point fort de la médecine… De ce côté-là on peut parer à toute éventualité.
Nous avons un Mémorial Acte qui fait autorité dans le monde, c’est magnifique. On envisage l’installation probable d’un golf à Petit-Bourg, c’est formidable, les guadeloupéens vont pouvoir par milliers pratiquer leur sport préféré : le golf ! L’introduction de nouveaux lamentins dans le petit cul de sac marin ou ils ne survivent pas mais qui nécessitent l’investissement de millions d’euros, pour tenter d’assurer leur survie, semble être incontournable pour donner un coup de fouet au tourisme local. La mise en place d’éoliennes géantes à la Ramée (Sainte-Rose) dont les seuls pylones supportant des pales de 40 mètres de long pèsent 47 tonnes devrait permettre, dit-on à la population de bénéficier d’une autonomie en électricité de 80%. On demande à voir.
Oui mais,
Si personne ne semble mettre, en doute la nécéssité de moderniser le pays, il ya des secteurs qui aux yeux de la population sont laissés à l’abandon. Cette situation de jachère sociétale n’est pas bon signe pour le développement général du pays. Jugez-en !
La violence n’est pas jugulée, le trafic de drogue est en nette augmentation, le chomage devient endémique, l’illétrisme va galopant et la gale fait son grand retour dans les écoles qui doivent fermer pour désinfection. Cela fait déjà beaucoup. Mais il faut ajouter à cette liste déjà longue une absence quasi nulle de subventions pour des projets novateurs, mais un soutien sans faille pour les amusements de toutes sortes…
Voila la situation actuelle de la Guadeloupe qui désormais est face à son destin. Un destin bien pessimiste. Bien sûr, cela ne changera rien à cette catastrophique situation, mais qu’est-ce que cela fait du bien de le dire !!!
Ainsi va la vie en terre guadeloupéenne !
Luc Bernardini
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