SUCCÈS DE LA JOMD : ET ENSUITE ?
3 ministres, le Président de la Région Guyane, les 1 er Vice-Présidents pour la Guadeloupe et la Martinique. La Journée Outre-mer Développement permettant aux étudiants et jeunes diplômés de rencontrer le monde de l’entreprise était incontestablement The place to be. Pour quel résultat ?
Manuel Valls en arrivant samedi au pavillon Gabriel pour la 5ème Journée Outre-Mer Développement (JOMD) savait qu’il jouait sur du velours. Aucun danger à craindre de ces étudiants cravatés le CV en main ni des badauds ultramarins habituels trop heureux du buffet conséquent imposé par sa présence. Galvanisé par l’ambiance optimiste du jour, il ne pouvait s’empêcher de glisser un tacle à un de ses ennemis intimes Jean Marie le Pen : « L’outre-mer, est la plus belle réponse possible aux propos insupportables sur ce qu’est l’identité de notre pays (…) Un rassemblement de femmes et d’hommes qui, au-delà de leurs origines, se retrouvent autour de valeurs communes. Autour d’un idéal commun ».
L’AJEG était présente pour accompagner les étudiants guadeloupéens Des rencontres pour réseauter
Les dirigeants d’entreprise d’Outre-Mer eux, oubliant le blocage de certains de leurs dossiers par Bercy, chassaient la perle rare : 25 recruteurs traquant le profil parfait de leur futur cadre parmi les 700 postulants et à l’affût de nouvelles rencontres afin d’élargir leur réseau. Le passage de Christiane Taubira et de George Pau-Langevin ne les distrayait que quelques minutes le temps de prendre la pose. Les politiques se retrouvaient au salon Alcazar pour des conférences plénières sur les grandes thématques ultramarines : le panorama économique, la place des femmes, la mer, l’Europe, la culture, l’éducation avec des intervenants tels le Président de l’Université de la Guyane Richard Laganier ou le Recteur de l’Académie de Guadeloupe Camille Galap. Une place pour les héros, de la positive attitude sur le devenir des régions de l’Au-delà des Mers malgré le contexte économique morose, une réponse assez vague de la ministre de la Justice en évoquant le sujet des réparations «(il faudra) des moyens pour faire connaître l’esclavage», décidément rien ne devait venir perturber le bon déroulement de cette journée.
La ministre de la Justice tout sourire lors de sa visite Mmes Elizéon et Camouilly dans un débat sur l’égalité des chances
A voir les sourires des organisateurs Cyril Comte et Loïc Iscayes ainsi que l’affluence, la JOMD 2015 est un succès. Mais au-delà de la médiatisation et du regard positif que portent les hexagonaux sur nous selon un sondage IFOP qu’en restera-t-il ? Les décideurs économiques sous le vernis ultramarin ont-ils véritablement fait un effort ? Tous déclarent vouloir contribuer au progrès économique et social se gargarisant sur leur rôle et réclamant de la considération. On peut cependant s’interroger sur la « philanthropie » d’une société réclamant un commercial bac+2/3 possédant 7 années d’expérience minimum ou une autre à la recherche d’un chimiste avec 10 ans d’ancienneté. Les stages proposés eux, indiquent au mieux la mention renouvelable n’engageant pas les dirigeants. Quelle est la prise de risque ? Après avoir recruté pendant 50 ans des Européens sans aucun lien avec l’Outre-Mer la panacée est d’enrôler des ultramarins expérimentés et formés ailleurs « revenus plein d’usage et raison vivre entre leurs parents le reste de leur âge ». Le véritable courage ne serait-il pas de faire confiance aussi à la jeunesse récemment diplômée pour un retour au pays et une implication immédiate dans le devenir économique de ces régions ultrapériphériques ? Lors d’échanges dépassionnés de ce type, peut-on aussi occulter les propositions syndicales, les grands absents ? Enfin, n’est-il pas possible de former sur place et tendre vers l’excellence ? Le 1er Ministre l’évoquait dans son discours : « Les aides accordées aux entreprises doivent bénéficier avant tout à l’investissement, à l’emploi, à la formation, notamment des jeunes… Le Pacte de responsabilité et de solidarité et les mesures spécifiques aux Outre-mer fonctionnent dans une même logique, celle de la réciprocité. » L’entreprise citoyenne est encore à créer. Rendez-vous en 2017.
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Toujours bon d’apprendre des nouvelles choses.