Ste-Anne, le remake (guadeloupéen) de Kramer contre Kramer
A tout jamais, l’élection du maire de Sainte-Anne restera un cas d’école qui devra dorénavant, faire réfléchir ceux qui de leur propre chef décident de désigner le candidat qui devra les remplacer lorsqu’ils abandonnent le pouvoir.
Si la mésaventure que Franck Baptiste a fait subir à son frère Christian prêterait à faire sourire, il n’en reste pas moins vrai qu’il s’agit là d’une trahison pour certains mais pour d’autres, d’une belle leçon de démocratie. Car si on peut citer quelques cas de népotisme en Guadeloupe, ce qui s’est passé à Sainte-Anne n’en prend pas du tout l’allure.
Le nouveau maire (frère de l’ex maire) a été élu en toute légalité, lors d’un scrutin habilement mené. Sa candidature a été préférée a celle de sa consoeure Lydia Faro Couriol, désignée par le prince pour le remplacer. Le vote a eu eu lieu en toute transparence, nulle contestation n’était possible
Pour ceux qui auraient raté le coche, voilà un flash- back qu’il est nécessaire de comprendre pour bien assimiler ce camouflet familial que vient de vivre un ancien maire, par celui qui est désormais le chef d’édilité de la ville. Une affaire à la Kramer contre Kramer.
Un maire qui remplace un autre maire, il n’y a rien de plus logique à cela. Mais quand le nouveau maire est le frère de celui qui occupait le poste précédemment, là on commence à s’interroger.
Christian Baptiste maire en place de Sainte-Anne, élu député, devant siéger à l’Assemblé Nationale a dû renoncer à son poste de chef d’édilité. Rien de plus normal à cela. Ou les choses se compliquent, c’est qu’il a désigné pour le remplacer sa première adjointe. Une pôle-position qui semble t-il avait fait l’unanimité lors d’une réunion de sa majorité. Seulement Christian Baptiste avait oublié une chose, c’est que dans cette majorité, il y avait un autre Baptiste, serviteur dévoué à sa cause pendant des années, siégeant au poste de 5ème adjoint, qui lui aussi avait l’œil braqué sur le fauteuil de maire.
S’il n’a pas à ce moment là, manifesté son désir de faire acte de candidature, il mûrissait cependant dans son for intérieur, sa volonté d‘être en quelque sorte calife à la place du calife. Et cela n’a pas raté. Tenant secret semble-t-il, jusqu’à la dernière minute son projet de candidature, il allait porter un coup fatal à son frère qui, une fois de plus semble t-il également, n’avait jamais été informé de ce qui allait anéantir son projet de voir sa première-adjointe devenir maire de Sainte-Anne.
Un imbroglio familial qui fait sourire certains, mais pas Christian Baptiste qui crie haut et fort qu’il ne peut cautionner une telle attitude. Le mot trahison est lâché, mais n’impressionne guère Franck Baptiste qui dès le lendemain matin était déjà au travail sur le terrain.
Désavoué par son frère, il ne s’attendait certainement pas à cela. En tout cas, presque tout l’ensemble du clan majoritaire qui avait dans un premier temps validé le projet de succession, s’est reporté sur la candidature de Franck Baptiste.
Franck Baptiste a toujours servi son frère fidèlement. On le dit travailleur, bien apprécié de la population et ayant une bonne connaissance des dossiers. Alors pourquoi ne serait-il pas candidat pour remplacer son frère ? C’est à cela qu’il a voulu répondre en défiant ce petit frère qui ne voyait pas d’un bon œil qu’il s’installe dans le fauteuil encore chaud qu’il allait quitter. Oui mais la démocratie a ses lois qui imposent parfois, d’avoir une certaine posture. On connaissait le coup de Trafalgar, il va bien falloir que dorénavant on se méfie du coup de « Baptiste »
Les deux frères ne partiront certainement pas en vacances ensemble de sitôt, et les réunions familiales vont désormais s’avérer sans doute mouvementées. Mais le linge sale se lavant en famille, d’autres échéances électorales à venir vont certainement servir de juges de paix entre les deux frères. Et puis le jour de l’an approche, et là ce sera sans doute une bonne occasion d’échanger des vœux pour que telle mésaventure ne se renouvelle plus.
Luc Bernardini
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