La petite Ruby a marché pour que Kamala puisse courir
Pour son entrée dans une école blanche à New-Orléans, le 14 novembre 1960, une petite fille noire est l’objet d’insultes. Un épisode de la lutte contre l’apartheid, immortalisé par l’oeuvre de Norman Rockwell « The Problem We All Live With » (Notre problème à tous). La même année, une étudiante indienne s’implique dans la défense de la cause noire. 60 ans plus tard, sa fille, Kamala Harris devient la première femme noire vice-présidente des USA. Saura-t-elle être la digne héritière de ces deux femmes sans qui rien n’aurait été possible ?
Elle a, ainsi que deux autres enfants noirs, l’opportunité de fréquenter l’école primaire William Frantz entièrement blanche, à quelques pâtés de maisons de son domicile. Son père craint pour sa sécurité; sa mère, elle, veut que Ruby ait les possibilités qui lui ont été refusées. Le district scolaire traîne les pieds, retardant son admission au 14 novembre. Les deux autres enfants et leurs familles, sous la pression, abandonnent leur projet. Ruby et sa mère, seront escortées par quatre policiers fédéraux chaque jour cette année-là. Des centaines de parents blancs manifestent, et tous retirent leurs enfants de l’école. Elle sera la seule élève d’une enseignante spécialement nommée, les autres refusant de la côtoyer. Des lycéens chantent un nouveau refrain sur « Battle Hymn of the Republic »: « Gloire, gloire, ségrégation, le Sud ressuscitera. » La naïveté du récit de Ruby est à l’opposé de la violence inouïe qu’elle a subie : « Je me souviens avoir vu quatre hommes blancs très grands sans vraiment comprendre pourquoi ils étaient là. Ils ont expliqué à mes parents : nous avons été envoyés par le président des États-Unis pour vous accompagner, vous et votre fille, à l’école aujourd’hui.
… En voyant cette foule dehors et vivant à la Nouvelle-Orléans, j’étais habituée à Mardi Gras et pensais en fait que c’était Mardi Gras ce jour-là ».
Quand Ruby est retournée à l’école William Frantz, dans les années 90, quelle ne fut pas sa déception! 90 % des élèves étaient afro-américains, issus de milieux défavorisés, les classes moyennes ayant jeté leur dévolu sur des écoles plus huppées.
« Mon ancienne école n’est aujourd’hui fréquentée que par des Noirs. C’est très décevant parce que le jour où j’ai monté ces marches, c’était au nom de l’intégration. Nous voilà 50 ans plus tard, et il n’y a que des Noirs ».
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