La victoire de Charles Caudrelier à cette 12ème édition de la route du rhum 2022 en : 6j 19h  47m et 25s est à inscrire dans l’histoire de cette course mythique, puisque non seulement il a gagné l’épreuve, mais il a battu le record de la précéente édition. C’est donc une victoire claire et nette qui fait dire aux nombreux supporters de cette épreuve, que Pointe-à-Pitre se rapproche de plus en plus de Saint-Malo.

@Le Président de Region, le vainqueur et le maire de Saint Malo

Si la foule présente pour accueillir le gagnant a laissé éclater sa joie quand le skipper a passé la ligne d’arrivée, la joie fut de courte durée car en même temps on apprenait qu’à un mile des côtes, un bateau de l’organisation avec une dizaine de personnes à bord, chavirait, occasionnant la mort de 2 des passagers.

Bien entendu le vainqueur de l’épreuve n’est en rien concerné par ce naufrage et que sa priorité première dans l’instant fut de fêter sa victoire en faisant jaillir les bulles d’une bouteille de champagne. Sans doute que la guerre en Ukraine a fait baisser la production de rhum en Guadeloupe et que notre précieux breuvage n’était guère le bienvenu… Enfin !!!

Cela dit, c’était pour la petite anecdote, mais il y a une autre que j’ai relevé. Notre excellent confrère José Douglas descendu dans un hôtel de Gosier, se réveillant pour aller à l’arrivée de la course a eu la malheureuse surprise de constater que pas une goutte d’eau ne coulait de son robinet et de s’exclamer : « Quand tu te lèves à 4h 30 dans un hôtel au Gosier pour prendre ta douche et l’eau ne coule pas, sans être prévenu. Bord….de m….. »

Mon cher ami José, tu touches là le quotidien des Guadeloupéens. De l’avoir constaté de visu (ce manque d’eau), nous pousse à nous interroger sur le fait que des millions sont débloqués pour cette course et qu’on n’en trouve point pour régler ce probleme crucial de l’eau. D’autant que dans quelques jours toutes les candidates à l’élection de Miss France dans le programme de leur préparation seront reçues en grande pompe dans le département. Espérons qu’elles n’auront pas que l’eau de la mer pour se « débarbouiller »…

Mais l’instant n’étant pas à la polémique, nous aurons largement le temps de revenir sur le problème de l’eau après les fêtes de fin d’année, pardon après le carnaval. D’ici là, on aura le temps de voir venir.

Pour l’instant, l’heure est à la fête, le temps de pleurer viendra plus tard, d’autant que le second marin arrivé François Gabart a batu lui aussi le record de la traversée de 2018. C’est donc une belle réussite pour cette route du rhum qui a vu l’implication totale des deux collectivités majeures de la Guadeloupe.

Pointe-à-Pitre est donc en liesse et il semblerait que les retombées économiques feront de très nombreux heureux. Sans doute ceux de la Grande-Terre, car Basse-Terre même si avec fierté affiche sa belle bouée jaune gonflable, point de passage obligé des skippers, on ne voit pas véritablement quels sont les bénéfices que pourraient en tirer la ville Chef-Lieu qui semble être tenue à l’éccart des festivités, alors que Sainte-Anne et même Anse-Bertrand profitent de cette occasion pour mettre en avant le savoir-faire de leurs habitants.

Quant aux autres skippers, et notamment les guadeloupéens qui ne possèdent ni les moyens financiers, ni les bateaux pour tenir la dragée haute à ceux qui font course en tête, l’expérience acquise lors de cette traversée, sera pour eux très précieuse pour d’autres courses en solitaire à venir.

Même si la fête n’a plus le même goût suite à l’accident nautique qui a fait deux morts, la route du rhum reste et restera une belle aventure humaine.

Hugues Pagesy