Société

RÉACTIONS AUX PROPOS DE NADINE MORANO

Nous vous livrons les communiqués du Président du conseil Régional de Guadeloupe du président du CREFOM et de Marie-Luce Penchard Maire de Basse-Terre.

J’ai tenu à réagir avec la plus grande fermeté aux propos tenus par la députée européenne Nadine Morano, par ailleurs ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, au détour desquels l’élue des Républicains a proclamé que la France était « un pays de race blanche ».
En ma qualité d’exécutif régional, de député et d’ancien ministre il m’est difficile de tolérer un tel dérapage de la part d’une personnalité politique ayant occupé des responsabilités gouvernementales et j’invite Mme MORANO à regarder la France telle qu’elle est, riche de sa diversité et de ses métissages.
Ces propos inqualifiables, me conduisent à partager l’indignation de la communauté antillaise de l’hexagone, des compatriotes français des outre-mer et de tous les français attachés aux valeurs de la République qui apparemment ne sont pas reconnus par le logiciel archaïque de colorimétrie de Nadine Morano.
Pour mémoire, j’ai été à l’origine, par le passé, d’une démarche qui devait conduire à la suppression du mot « race » de la Constitution française, au motif, entre autre, que ce mot a toujours servi de support au discours qui prélude à l’extermination des peuples.
« Homme de couleur » et représentant de la Nation, sachez chers compatriotes que je demeure aujourd’hui encore et plus que jamais choqué par ce terme, qui résonne comme une invite à la multiplication des discriminations, discours xénophobe voire agressions dues à la couleur de la peau et/ou à la religion.
A l’heure où la « peur de l’autre » et l’assimilation « musulman/islamistes » et autres discours à connotation raciste se répandent dangereusement, la République doit rappeler ses principes fondamentaux à vocation universelle inscrits notamment à l’article 1 de la Constitution et le principe irréfragable d’égalité de tous les êtres humains.

Victorin Lurel

 

Sur le plateau de l’émission « On n’est pas couché », sur France 2, l’eurodéputée Nadine Morano a déclaré que, « pour qu’il y ait une cohésion nationale, il faut garder un équilibre dans le pays, c’est-à-dire sa majorité culturelle ». « Nous sommes un pays judéo-chrétien, le général de Gaulle le disait, de race blanche, qui accueille des personnes étrangères », a-t-elle ajouté.

« J’ai envie que la France reste la France et je n’ai pas envie que la France devienne musulmane », a-t-elle poursuivi.

Interrogée sur les Antillais n’ayant pas la peau blanche, Mme Morano a répondu: « Ils ne sont pas Blancs, mais ça n’empêche pas qu’ils sont français puisqu’ils appartiennent aux territoires d’outre-mer. »

« La France est un pays à majorité de race blanche, judéo-chrétien et qui, dans son ouverture universelle, c’est sa grandeur (…) a accueilli des personnes venant d’autres pays », a-t-elle conclu.

Le Conseil Représentatif des Français d’Outre-mer (CREFOM) tient à faire part de son émotion face à un dérapage qui confond nation, pays et race et qu’il condamne avec la plus grande fermeté. Les propos de Madame Morano constituent une offense à la France, à son Histoire et à son identité.

D’une part, Madame Morano utilise la race alors même que tous les travaux scientifiques démontrent qu’il n’existe qu’une race humaine. Le CREFOM porte d’ailleurs une revendication partagée par un très grand nombre d’ultramarins : la suppression du mot race dans la Constitution. Si cette réforme ne supprimera pas le racisme et la discrimination, il enlèvera sa justification au classement hiérarchique entre les groupes humains fondé sur la croyance qu’il existe des races humaines.

D’autre part, Madame Morano semble ignorer qu’un tiers des Français est d’origine étrangère et oublie tout l’apport successif de populations étrangères à la construction de la nation et à la défense du pays.

Et s’agissant de l’outre-mer, c’est méconnaitre que la plupart des territoires ultramarins sont Français depuis plus longtemps que Nice et la Savoie !

Madame Morano devrait se souvenir que les ultramarins n’ont jamais hésité à faire le choix de la liberté et de la Patrie lorsque celle-ci était menacée, comme le général Dumas, le commandant Mortenol, ou encore les dissidents antillais ou les bataillons du Pacifique pendant la 2ème guerre mondiale, partis rejoindre de Gaulle ?

Les territoires ultramarins ont refusé la compromission en choisissant l’honneur quand la France hésitait encore entre Pétain et de Gaulle.

Aujourd’hui encore les ultramarins sont sur-représentés dans l’armée. Ils sont en première ligne sur tous les fronts extérieurs et parfois y laissent leur vie.

A-t-elle perdu la mémoire du Guyanais Félix Eboué, qui le premier a donné un territoire à la France Libre du général de Gaulle, nous évitant sans doute l’humiliation d’une occupation par les alliés ? Juliette Dodu, la première femme à avoir obtenu la légion d’honneur à titre militaire était de la Réunion comme Roland Garros ou encore Raymond Barre. Gaston Monnerville, président du Sénat de 1959 à 1968, était bien guyanais et martiniquais.

On peut se demander ce que serait la musique et la littérature française sans les ultramarins, dont la réputation est établie dans le monde.

Les Guadeloupéens Saint-John de Perse, Guy Tirolien, Marise Condé, Gisèle Pineau, Simone Schwarz-Bart, Ernest Pépin, les Martiniquais Frantz Fanon, Aimé Césaire, Edouard Glissant, Raphaël Confiant, Patrick Chamoiseau, Tony Delsham, les Guyanais Léon-Gontran Damas, René Maran, pour ne citer que ceux-là ne défendent-ils pas la beauté de notre langue dans le monde entier?

Que serait la France sans ses sportifs ultramarins qui lui permettent de rafler les médailles dans tous les domaines et font résonner la marseillaise dans tous les pays ?

Les ultramarins, des plus célèbres aux plus anonymes, construisent un modèle de vivre-ensemble, bâtissent une conscience humaine et servent leur pays avec passion et patriotisme.

Prenons garde à ne pas diviser les Français suivant leur couleur. Et l’outre-mer qui est un formidable laboratoire de vivre-ensemble est un exemple et un modèle, dont devrait s’inspirer Madame Morano.

Patrick Karam, président du CREFOM

Je condamne les propos extrêmement graves de Madame MORANO qui portent atteinte au socle républicain.
Je considère que de telles déclarations n’ont pas leur place dans le débat politique; comme tout ce qui pourrait contribuer à faire monter le racisme et la xénophobie, alors que les hommes politiques doivent toujours participer à maintenir la cohésion sociale surtout pour un grand pays comme la France, symbole des droits de l’homme.
Même si les déclarations d’une personne n’engagent pas tout un parti, cela me conforte dans mon choix d’avoir placé la Guadeloupe d’abord. Cette position m’oblige pour la Guadeloupe et pour les valeurs humanistes auxquelles je crois, à rester vigilante sur la ligne politique que pourrait prendre le parti « Les Républicains ».

Marie-Luce Penchard

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