Quand So Foot se moquait de Kluivert et de Curacao
L’équipe nationale de Curaçao a gagné pour la première fois la Coupe des Caraïbes. Si cette compétition se solde par une énorme désillusion pour les martiniquais, il faut surtout féliciter les Curaciens et l’homme à l’origine de cet exploit : le discret Patrick Kluivert.
Après avoir éliminé en demi-finale la Martinique (2-1) sur son terrain, l’équipe de Remco Bicentini a battu la Jamaïque 2 buts à 1 dimanche soir, Elson Hooi marquant à deux reprises. Qui aurait imaginé un tel scénario il y a deux ans ? Peut être le président de la Fédération Jean Francisca et son pari fou de solliciter l’ancien joueur de l’Ajax, du Milan AC, de Barcelone, Newcastle, Valence ou de Lille.
Patrick Kluivert, un des grands noms du footbal néerlandais est d’origine surinamienne, son père international pour la Guyane néerlandaise, sa mère de Curaçao. A la fin de sa carrière, il devient l’adjoint de Louis Van Gaal pour les Pays Bas à la Coupe du monde 2014, les « Oranje » perdant contre l’Argentine aux tirs aux buts en demi-finale. Il aurait pu postuler pour en devenir le sélectionneur. C’est mal connaitre cet homme qui évite l’exposition médiatique, échaudé par ses déboires avec la presse néerlandaise.
En mars 2015, il devient sélectionneur de Curaçao modeste 159e nation au classement FIFA avec ses 150 000 habitants ce qui lui vaut les moqueries de So Foot et de spécialistes de football*. Sur son engagement avec la sélection de Curaçao il répond : « J’ai beaucoup de famille là-bas. J’ai eu envie de faire quelque chose pour l’île » et tente de démontrer à la sphère footballistique qui tend à se centraliser sur l’Europe que le football se pratique partout dans le monde.
L’entrée en fonction de Kluivert incite de nombreux joueurs professionnels des Pays-Bas ou d’Angleterre à proposer leurs services, la seule condition imposée aux candidats à la sélection étant d’être né d’une mère ou d’un père natif de l’île. Et la mayonnaise prend.
Après un beau parcours en qualification en coupe du monde, les éliminatoires de la coupe des Caraïbes les voient successivement gagner face à la République Dominicaine, au Guyana et aux Îles Vierges britanniques. Pratiquant un football offensif, s’appuyant sur le rythme et la fluidité pronés par Kluivert, Gino Van Kessel attaquant de la sélection se montre enthousiaste (ancien de l’Ajax) et ne jure plus que par son île : «Ma mère est née à Curaçao. Quand j’étais jeune, je n’avais jamais entendu parler de l’équipe nationale de Curaçao. Maintenant je discute régulièrement avec mes coéquipiers Curaciens par les réseaux sociaux et nous parlons de notre participation à ce grand tournoi à l’été 2017, la Gold Cup » (leurs adversaires : le Mexique, la Jamaïque, El Salvador aux États-Unis en juillet).
En juillet 2016, rejoignant le PSG, Patrick Kluivert indiquait être satisfait de la progression de ses joueurs en un an. L’ancien attaquant du Barca de 1998 à 2004 déclarait : « Nous avons beaucoup fait pour changer le visage du football à Curaçao » et passait le relais à Remko Bicentini, son assistant. « Je sais qu’il fera du bon travail. Personne ne croit en nous. Pourquoi ne pas créer l’exploit ? »
Malgré son départ, Kluivert reste impliqué dans le football de Curaçao. Il sert de conseiller et ce ne serait point une surprise de le voir avec la sélection cet été à la Gold Cup. Equipe inconnue jusque là sur la scène footballistique internationale, cet été la verra sous les feux des projecteurs, et ce sera à tout jamais l’héritage de Kluivert, l’homme discret.
*KLUIVERT OFFICIELLEMENT PERDU AU CURAÇAO
(article de So Foot du 24/02/2016)
On a retrouvé Patrick Kluivert, il serait à Curaçao, dans les Antilles.
Après l’échec des Curaciens face au Salvador lors des qualifications pour le Mondial 2018, Kluivert aura la mission de mener ses gars en Coupe des Caraïbes qui se tiendra en 2017. C’est donc une nouvelle aventure particulière pour le Néerlandais de 39 ans originaire du Surinam qui n’a, jusqu’ici, entraîné que les espoirs du NEC Nimègue et de Twente.
Être sélectionneur d’un pays qui a le nom d’un cocktail, pourquoi pas…
No Comment