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Pourquoi la Guadeloupe a régressé de 100 ans en 10 ans ?

Dans la torpeur du paysage politique guadeloupéen, qui peut faire figure de comète ? Est-il déjà trop tard ? Tragédie caribéenne et tragédie guadeloupéenne s’entremêlent. Criminalité, affaires de drogue, la Guadeloupe tue les siens. Les affrontements sanglants font la une presque quotidiennement en Guadeloupe. La guerre des gangs y sévit.

Quadruple homicide à Saint-Martin, un homme tué par balle aux Abymes, un lycéen grièvement blessé par arme blanche au Moule, les annonces se suivent et se ressemblent. L’année 2021 dépassera les prévisions les plus sombres, à en juger par ces quelques semaines sanglantes.

Rappel : Au 30 novembre 2020, on dénombrait 32 homicides en Guadeloupe.

Mais ils veulent édifier des golfs.

Ils nous fatiguent ! Les jeunes s’entretuent, les écoles sont fermées, (il y a toujours une bonne raison pour qu’elles restent fermées), la Guadeloupe n’a pas d’eau, mais ils veulent construire des complexes cinématographiques, édifier des golfs de luxe, un marché d’intérêt régional.

Le quartier du Carénage est le lieu de la misère, de la promiscuité. Le quartier de Grand-Baie au Gosier atterre les consciences. La marina de Pointe-à-Pitre est une marina indigne. SDF, chiens errants, poubelles, immondices, saletés, nuisances, odeurs pestilentielles. Pointe-à-Pitre n’est-elle pas livrée aux clochards et SDF dès 16 heures ? La gare maritime qui accueille les visiteurs inter-îles n’est-elle pas encombrée d’ordures, de déchets plastiques, une bien triste réplique de la pollution environnementale dans l’archipel ?

Pourtant on veut faire du tourisme dans cette île.

Qu’en est-il de l’animation nocturne ? Les quelques boites de nuit d’avant COVID ne rassemblaient-elles pas selon de nombreux observateurs une faune locale alcoolisée et droguée ?

Nous sommes à l’image de la Caraïbe.

Cette zone qui ne compte que 9 % de la population mondiale, est la seule au monde où les homicides représentent la principale cause de mortalité dans les décès (52 % des décès).

Dans les Caraïbes, la montée de la criminalité menace les vies et l’économie des pays. L’Amérique latine et les Caraïbes sont les régions les plus violentes du monde, concentrant 39 % des homicides et 41 des 50 métropoles les plus dangereuses du monde, selon une étude de la Banque interaméricaine de développement rendue publique en novembre 2018.

Ce niveau de violence n’est pas en baisse malgré une amélioration des conditions de vie des habitants ces dernières années. (si on excepte le Venezuela où la crise sévit plus qu’ailleurs).

Dans l’indice de criminalité par pays 2021, c’est le Venezuela qui détient l’indice de criminalité le plus élevé, devant la Papouasie-Nouvelle Guinée, l’Afrique du Sud et l’Afghanistan !

Le Honduras est 5ème, Trinidad-et-Tobago 6ème, Le Salvador 7ème, la Syrie 9 ème, le Brésil 10 ème, la Jamaïque 11 ème, Porto-Rico 17 ème, juste après le Nigeria 16 ème.

Les Bahamas sont 19 ème, devant la Libye 20 ème.

La République dominicaine est 23 ème devant le Zimbabwe 24 ème. «En ce sens, la région est une anomalie, relève l’étude intitulée «Crime et violence, des obstacles pour le développement des villes en Amérique latine et Caraïbes».

Puerto-Rico détient le record de meurtres par armes à feu sur le total des meurtres, avec 94,8% des homicides perpétrés, suivis par la Sierra Leone en Afrique et par St Kitts and Nevis dans les Caraïbes.

Ont-ils ces chiffres, nos hommes politiques qui sillonnent le monde, puisqu’ils indiquent être en mission permanente ? missions d’évaluation, expertises multiformes.

Remarquez, ils pleurnichent allègrement et font toujours référence à la Générale des Eaux quand il s’agit d’expliquer le désastre de l’eau en Guadeloupe, mais ils se taisent piteusement pour la multinationale Urbaserv, s’agissant du traitement des déchets de la Gabarre.

Ils sont devenus fous. Des centres culturels poussent comme des champignons à quelques dizaines de mètres les uns des autres, sortent de terre comme par magie, mais le Centre des arts n’existe plus.

Ne plus se déplacer en Guadeloupe est peut-être leur priorité. Il y a cinquante ans, le système de transports était entre les mains de chauffeurs de bus guadeloupéens qui comme par miracle transportaient leurs passagers d’un bout à l’autre de l’île. L’état lamentable au Gosier du réseau routier, sur la principale voie d’accès depuis Pointe-à-Pitre en direction de Sainte-Anne et de Saint-François est désormais une véritable honte. Cette route devenue d’une dangerosité exceptionnelle, semble cumuler toutes les malfaçons. Et ce ne sont pas les nouveaux ronds-points de Périnet qui peuvent modifier la donne. Où sont passés les techniciens de la Région, encore une fois défaillants ?

Mais là où nos décideurs sont très forts, décideurs des trois territoires Guadeloupe, Martinique, Guyane, c’est pour s’étriper sur l’Université qui parait être pour ceux qui y détiennent une once de pouvoir, une foire d’empoigne, un merveilleux théâtre d’ombres. Après avoir sabordé l’université Antilles-Guyane, ils se délectent à s’envoyer des flèches empoisonnées, communiquant sur «l’impérialisme», le «colonialisme» de l’autre territoire, en rengaines incessantes. Ils indiquent qu’ils peuvent même devenir très méchants, si on fait du tort à «leur peuple».

Cette université qui a déjà une bien piètre image, n’en sort assurément pas grandie, et désespère les quelques milliers d’étudiants qui tentent de sauver leur peau.

Inculture et décadence ne sont-elles pas liées ?

Faut-il encore évoquer la face sombre du personnel politique ? Après des décennies de corruption, les mises en examen s’enchaînent.

Faut-il espérer un sursaut écologique de leur part ? L’écroulement écologique est un scénario de crise majeure caractérisé par un effondrement brutal des écosystèmes, soit localement, soit à l’échelle de la biosphère.

La libération des forces du marché et le recul de l’Etat régulateur en Guadeloupe ont entraîné des dégâts écologiques irréversibles, causés par les maires (Nous citerons la zone de Jarry à Baie-Mahault et la zone de Colin à Petit-Bourg), alors que nous crions notre indignation à juste titre, face à l’Etat, s’agissant du chlordécone. Ces signes destructeurs achèvent de donner sa figure à la constellation de la barbarie, en Guadeloupe, s’ajoutant au ravage de l’île et à la radicalisation des inégalités et des violences.

Les sphères bureaucratiques, communales, départementales et régionales ne peuvent plus intégrer comme elles l’ont toujours fait des masses infinies d’employés. Les castes dirigeantes n’assimilent plus les classes subalternes, mais elles les désassimilent comme eut à le remarquer avec lucidité Antonio Gramsci dans les années 1930. L’état de barbarie en Guadeloupe n’est plus momentané. Il tend à devenir la règle. Car ce ne sont plus seulement les voyous de l’île qui sèment la terreur.

On voit bien ce que le tourisme de masse engendre humainement. Des hordes de hors-la loi voulant en découdre avec les habitants, morigénant, cassant, violentant, comme le prouve l’intrusion dans un restaurant de touristes d’Ile-de-France.

Le président de région est absent sur tous les problèmes environnementaux. Parlez-lui du record en termes de chaleur dans la zone Caraïbes de l’année 2020, de l’asphyxie de la mangrove (pourtant la mangrove de la Guadeloupe était la plus importante de toutes les petites Antilles), de l’érosion vertigineuse des côtes de Sainte-Anne et de Saint-François, il paraît déconnecté, non concerné.

Dans la torpeur du paysage politique guadeloupéen, qui peut faire figure de comète ?

Agnès Buzyn déclarait fin janvier que le virus resterait à Wuhan et qu’il n’y avait aucune chance que nous en voyions la couleur. Un vice-président de la région Guadeloupe conseillait le rhum et la plage il y a encore peu, pour soigner la Covid-19.

Un maire d’une commune de Grande-Terre, sur lequel a été édifié un imposant temple hindou en toute illégalité au mépris des règles urbanistiques, et faisant fi de toutes les règles en matière de permis de construire, fait profil bas, et flattant ses administrés, dans une posture de paix sociale piteuse, admettant par là-même son incapacité et sa désinvolture, à faire respecter les règles élémentaires d’occupation des sols. Le permis indiquait qu’il s’agissait d’une exploitation agricole avec des cabris. Personne ne peut le contester.

La population s’est déchaînée, parce que les constructeurs du temple, n’ont eu qu’à se répandre sur les réseaux sociaux, crier à l’étouffement d’une confession et à la discrimination culturelle, pour transformer par un tour de passe-passe cet élevage en édifice religieux, respectueux d’une tradition centenaire, parce que sur ce terrain des cérémonies religieuses y auraient été pratiquées !

Pourtant les pouvoirs du maire à l’encontre des constructions non autorisées sont bien établis. En tant qu’officier de police judiciaire, le maire doit dresser procès-verbal de l’infraction consistant en l’édification d’une construction non autorisée, et le cas échéant, prendre un arrêté interruptif de travaux. L’article L.480-4 du code de l’urbanisme précise que le fait de réaliser des travaux sans autorisation constitue une infraction pénale.

Il est important de noter que la carence du maire à faire dresser le procès-verbal constitue une faute de nature à engager la responsabilité de l’Etat envers les tiers intéressés (le Maire agit au nom de l’Etat et non pour le compte de sa commune)

En cas d’inaction du maire ou du préfet, le plaignant peut saisir lui-même les tribunaux.

L’opportunité des poursuites relève de l’appréciation du procureur de la République, ce que ce dernier a expliqué.

Si le maire avait pris ses responsabilités dès le début, en serait-on arrivé là ? Il fallait soit après concertation avec les initiateurs du projet, délivrer une nouvelle autorisation de permis en bonne et due forme, ou refuser la construction. Mais tout se passe dans l’illégalité la plus complète en Guadeloupe !

Je tiens à souligner que je suis de l’Eglise de l’Unification. Depuis soixante ans, mes grands-parents et parents allaient sur la plage du bourg de Sainte-Anne, méditer et prier tous les dimanches. Il ne s’agit en aucun cas d’un groupement religieux clos sur lui-même. Nos ablutions se faisaient à l’aide de cocos à l’eau. Toute une tradition s’est mise en place associant le site du Rocher à l’Ascension Céleste , mais les baigneurs terrorisés par les coutelas que nous brandissions, se sont plaints, ce qui nous a conduits à ériger le Dôme du Rocher, qui avait pour fonction d’inscrire notre religion dans le prolongement de notre histoire sur la plage du bourg, où nous pouvons nous adonner en toute tranquillité à nos prières. C’est vrai que nous avons mis le maire devant le fait accompli, mais ce complexe religieux exceptionnel articulé autour du dôme du Rocher témoigne de la dimension proclamatoire de l’édifice, malgré les oppositions des baigneurs qui revendiquent ce coin de sable pour étendre leurs serviettes de plage, et qui disent être continuellement gênés par nos enfants qui après les cérémonies installent des hauts-parleurs pour écouter les derniers tubes d’Admiral T.

Trêve de plaisanteries. L’auteur de cet article se fera peut-être lyncher juste pour avoir indiqué que si on ne respecte pas le droit, on est clairement dans l’anarchie.

De même, l’eau distribuée dans le Sud-Basse-Terre contrevenait à toutes les règles de potabilité. L’ex-maire de Basse-Terre et ex- présidente de la Communauté du Sud Basse-Terre a bien été condamnée pour captage illégal, dans un pays où le chlordécone fait des ravages. Encore l’illégalité qui parait couler dans toutes les tuyauteries de nos institutions politiques.

La Chambre régionale des Comptes dans son dernier audit sur le SIAEGAG faisait état de l’absence de documents probants, et de l’incapacité de ce dernier à transmettre des pièces élémentaires en matière de comptabilité. Pensez-vous vraiment que nous aurons de l’eau un jour en Guadeloupe, le je m’en-foutisme paraissant être la religion universelle de l’île ?

 

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Théo LESCRUTATEUR

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