Nous sommes tous le Mahatma Gandhi
Le quartier du Carénage -où a été implanté le MEMORIAL ACTe- peut faire penser par certains aspects à Bombay et à Calcutta, tant la crasse et la misère sont omniprésentes. Les SDF qui déambulent à Pointe-à-Pitre et à Fort-de-France avec des vêtements déchirés ne cachant pratiquement rien, seraient-ils plus qualifiés que Lurel et Letchimy pour nous représenter dans les instances internationales ? Gandhi, lors de ses campagnes pour l’indépendance de l’Inde, était seulement vêtu d’un pagne de coton et de sandales.
Churchill put le traiter de fakir séditieux à demi-nu.
En Angleterre même, en octobre 1931, semblable ont dit les commentateurs au Ganga Din de R. Kipling « qui ne portait pas grand-chose par-devant et encore moins par derrière », Gandhi alla prendre le thé à Buckingham Palace avec le roi, déclarant : « Sa majesté a assez d’ habits pour nous deux ».
Nos populations sont composées pour partie de descendants de travailleurs immigrés originaires de l’Inde (Un Memorial à Capesterre en Guadeloupe en mémoire aux premiers travailleurs indiens vient d’être inauguré).
Mais pas seulement.
Les plantes, les arbres, les épices (canne à sucre, bananes…) sont en grande partie similaires dans les départements et territoires d’outre-mer et en Inde.
Mais pas seulement.
On pourrait croire que cet immense pays de 3 165 596 km² ne peut être comparé en aucune façon à nos poussières d’ îles.
Erreur !
En fait, il est incroyablement morcelé et disparate. En 1877 à la proclamation de l’empire des Indes, il y avait 629 états vassaux. Certains étaient minuscules : 400 ne couvraient pas plus de 30 km2.
On pourrait également supposer que ce géant économique est à mille lieues des difficultés inextricables dans lesquelles nous nous débattons.
Dans son remarquable roman « Loin de Chandigarh » (Prix des lecteurs 2007), Tarun J Tejpal analyse avec férocité les blocages de son pays, qui trouvent en nous des résonances familières.
« L’Inde était envahie de projets ayant mal tourné. Projets agricoles, politiques, économiques, éducatifs, religieux, projets visant à enrayer la fraude fiscale, attirer les touristes blancs, rendre l’eau potable, protéger les animaux, améliorer la condition féminine, …projets médicaux, culturels, scientifiques, sportifs, sanitaires, projets de préservation (de l’environnement), projets de développement de l’Inde nouvelle.
Nous avions assimilé la nomenclature de l’homme blanc.
Des étiquettes prestigieuses masquaient des choses impardonnables.
A travers le pays entier, des hommes et des femmes à l’air sévère…, se réunissaient en comités et bureaux pour extraire de leurs molles imaginations d’innombrables projets, tous parés de noms éloquents ».
Le système de castes n’a pas été vraiment aboli dans nos territoires, tout comme en Inde (békés, fonctionnaires avec prime de vie chère )
Nos responsables et nos populations ont décrété qu’il y a des vaches sacrées à vénérer et à protéger (la déification de l’automobile est une réalité aux Antilles)
En effet, l’élément caractéristique de l’hindouisme est la protection de la vache, mais cette dernière a le droit de mourir de vieillesse et son errance dans le centre des villes fut longtemps un spectacle qui déconcerta l’étranger. (comparaison n’est pas raison, mais je trouve qu’il y a une étrange similitude entre les vaches sacrées, nos embouteillages et les carcasses de voitures abandonnées au bord des routes).
Nous attendons un Mahatma Gandhi qui seul pourra faire évoluer nos pays gangrenés par la violence.
Gandhi ne disait-il pas : « Je sais que la non-violence est infiniment supérieure à la violence, que le pardon est plus viril que le châtiment. Non-violence n’est pas soumission bénévole au malfaisant ».
Il professait aussi : « Nos actes n’ont de valeur que s’ils profitent aux moins fortunés d’entre nous. L’Inde doit être gouvernée par des Indiens. Le véritable courage a une dimension exclusivement morale. Dans les choses matérielles, rien ne vaut la simplicité ».
Quand ferons nous nôtres les recommandations de Gandhi à ses compatriotes ?
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