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NE VENEZ PAS AUX ANTILLES. IL N’Y A PAS D’EAU… ET PAS D’ECOLE !

C’est parti d’une plaisanterie sur les réseaux sociaux à l’intention d’éventuels touristes et de nos malheureux compatriotes de l’hexagone : Ne venez pas chez nous. Il n’y a pas d’eau et tout coûte cher ! J’ajouterai pour ceux qui pensaient revenir : de toute façon, si vous avez des enfants, il n’y a pas d’école, peut-être pas seulement à cause du Covid-19, d’ailleurs ! 

Vous souvenez-vous des déclarations tonitruantes du Président du Conseil Régional de la Guadeloupe ? La Guadeloupe aura 1 million de touristes en 2020.

Le Quotidien du Tourisme du 4 novembre 2019, évoquait le tourisme de séjour en croissance dans les îles de Guadeloupe sur un an (+ 13 %). Grâce aux 38 000 sièges d’avion de plus pour la saison hivernale, la Guadeloupe devait enregistrer de nouvelles progressions.

Ces données comptables étaient fièrement affichées. Le manque d’eau en Guadeloupe passait aux oubliettes. Le fait que l’habitant de l’archipel reste deux semaines consécutives sans eau, que les hôpitaux et cliniques se retrouvent au régime sec, que les établissements hôteliers ne puissent même pas nettoyer leurs WC, importait peu ! Que ce même CHU soit rongé de l’intérieur, et ne puisse répondre aux exigences sanitaires d’une population désespérée, n’inquiétait pas trop nos élus ! Le fait aussi que, quand par miracle, l’eau coule dans les robinets, elle soit très souvent impropre à la consommation, ne les arrêtait pas !

La priorité c’était l’agrandissement de l’aéroport, leur rêve qu’ils pensaient tenir à portée de main, c’était de voir de gros porteurs voler toutes les 60 minutes au-dessus de nos îles, débarquant un flot continu de passagers.

Plus on est de fous, plus on rit, on parlait même de la construction d’un golf sur des hauteurs improbables, vous souvenez-vous, ou encore d’une piste super-motards, ou encore d’un super-complexe de cinéma à Baie-Mahault, concurrençant celui qui est fermé pour cause de covid-19 à quelques kilomètres aux Abymes depuis deux mois. (La distance Abymes-Baie-Mahault est de 10,8 km ; Le temps pour accomplir ce trajet est très exactement de 9 minutes par la Voie Verte – c’est la voie qui transperce la zone commerciale de Baie-Mahault, pour finir de saccager totalement la mangrove, ou plutôt les quelques m2 de zone humide qui résistent encore). On osait même évoquer la possibilité d’un téléférique sur les flancs de la Soufrière.

Le Land Art plutôt que Land Design

Certains tançaient le manque d’audace et le conservatisme d’un autre temps pour empiler port de plaisance ou encore énorme marché agricole régional encore à Baie-Mahault, et Grand-Baie au Gosier était sur le point d’accueillir un des plus grands ports de plaisance de la Caraïbe, je ne parle même pas du projet architectural dément co-signé par l’équipe régionale, le grand port maritime, la ville de Pointe-à-Pitre, dénommé Karukéra Bay, qui est le projet de l’aménagement du front de mer, et selon ses concepteurs devrait métamorphoser et réhabiliter « la porte d’entrée de l’île ».

@Projet-Karukera-Bay

Le projet Karukéra Bay présente une vision globale (sic) de développement économique du front de mer à travers plusieurs axes : les paquebots nouvelle génération nécessitent des infrastructures adaptées que le port ne possède pas encore. Le Terminal de croisière et son nouveau « pier » (quai) accueilleront simultanément deux navires de 345 mètres et leurs passagers.

Un parc nautique avec installation de pontons flottants, zone commerciale, et de restauration, amphithéâtre, et parc en front de mer, un nouvel hôtel de 80 à 120 chambres ancrera la Promenade face à l’océan, à proximité du Memorial ACTe, avec un parking sur trois niveaux.
Voilà ce qui est prévu, dans une ville au déficit abyssal !

Au lieu de dire simplement, nous allons réaménager et mettre en valeur par une large voie piétonne toute l’incroyable façade maritime Pointoise, où les familles, les promeneurs, les touristes pourront enfin profiter de son exceptionnelle situation (parce qu’il faut bien avoir des projets tout de même) !

Puisqu’on ne se refuse rien, c’est le cabinet d’architectes américain Land Design (et non 97Land, notre philosophie de vie tendant vers le Land Art aux œuvres naturelles éphémères) réputé pour ses travaux en matière d’aménagement de front de mer, en Asie, en Europe, Amérique, Caraïbe, qui a réalisé les premières maquettes.

Ces élus hors-sol, totalement déconnectés, frétillaient et leurs supporters admiraient ces bâtisseurs de génie.

@97land Lokrum, îlot de Dubrovnik véritable tour de Babel du Tourisme

Pourtant, partout ailleurs, dans le monde, le boom du surtourisme était déjà perçu comme une menace pour la qualité de vie. L’Unesco avait même menacé de retirer Dubrovnik de la liste du patrimoine mondial de l’humanité, destination la plus appréciée de la Croatie, si les autorités n’y faisaient pas diminuer le nombre de touristes. La popularité de cette ville a bondi depuis qu’elle est devenue l’un des lieux de tournage de la série « Game of Thrones ».

« Quand l’attaque commence », on reste à la maison, racontent les habitants. Ils évoquent ainsi les jeudis et vendredis, où les bateaux de croisière choisissent d’accoster. Une rame de la ligne 13 de la RATP à 18 h fait figure d’aimable lieu de promenade face la masse grouillante qui arpente les murailles de la ville.

Le tourisme de masse pourrait ne pas survivre au Covid-19. L’association des Acteurs du tourisme durable, indique que « le tourisme doit aujourd’hui se transformer pour devenir un tourisme à impacts positifs, que ce soit pour l’Homme, pour l’environnement et les territoires ». En 2018, une étude publiée par Nature Climate Change estimait que le secteur représentait 8 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales en raison notamment des transports aériens. Sans compter les nuisances sonores, les transports saturés, les déchets dans les rues, les plages bondées.

ICI IL N’Y A PAS D’ECOLE !

« N’envoyez pas vos enfants à l’école ! Il n’y a pas d’eau en période de COVID » ! C’est ce que martèlent les syndicats d’enseignants. « Vos enfants sont en péril » !

En fait c’était déjà dégoutant avant même le Covid-19. Les conditions sanitaires exécrables des écoles aux Antilles en auraient fait fuir plus d’un !

On peut toutefois légitimement se poser des questions sur l’efficience de l’école en Guadeloupe et en Martinique, à partir de la réaction des différents corps organisés.

Presque tous, enseignants, parents, syndicats (les  agents eux, évités comme le remarquait justement l’UGTG) répètent que finalement les enfants ne perdent pas tant que ça, (en Martinique les enfants n’ont pas eu d’école depuis janvier pratiquement !), et que l’école se fera par distanciation.

Si certains essaient timidement de dire que l’école ne peut continuer à se faire uniquement par enseignement distanciel (présentiel/cluster encore de nouveaux mots d’énarques appris lors de ce confinement et que nous reprenons nous aussi benoîtement), ils s’attirent les foudres du personnel de l’éducation nationale et des syndicats.

Voilà un virus qui aura réussi à faire en sorte que les enfants de catégories sociales différentes aux Antilles ne soient plus mélangés. L’école était fondée sur la mixité sociale (enfin en théorie). Or, la mise à distance d’autrui, en l’occurrence des enfants est désormais clairement revendiquée.

Jean Michel Blanquer a annoncé des chiffres en Outre-mer qui font frémir. « L’impact social du confinement, sur l’aggravation des différences sociales, c’est entre 15 et 25% de décrochage scolaire, là où nous réussissons à être à 4% en métropole ». Du triple au quintuple.

Philippe Meirieu, spécialiste des sciences de l’éducation tire cette semaine la sonnette d’alarme « L’école à distance ne peut pas être véritablement l’école : celle-ci a été créée pour lutter contre les inégalités matérielles, sociales et culturelles et donner le même droit d’accès aux savoirs à tous les enfants. Ce n’est pas seulement une institution faite pour apprendre, mais pour apprendre ensemble » (L’Union du 16/05/2020).

@Seul face à son ordinateur, une surcharge cognitive

« Mon enfant lui, travaille par internet, à la maison », tonne Elie Domota. C’est oublier que de moins en moins de foyers modestes sont équipés d’ordinateurs alors que les élèves ont tous un téléphone portable. Et que deviennent les démunis, certains pour qui le courrier n’a pas été distribué pendant 3 longues semaines ? Quid de ces enfants non-autonomes qui ont besoin d’un cadre et ne fonctionnent que grâce aux encouragements ou aux réprimandes des enseignants ?

Cette école de castes ne sert pas notre peuple

Je vois déjà une armée de profs, stylo en main, me menacer d’exclusion et protester n’être responsables ni du Covid, ni de ces inégalités. Madame B, je sais parfaitement que la semaine dernière vous êtes restée devant votre ordi jusqu’à minuit, préparant à l’attention de vos élèves un questionnaire sur « Un papillon dans la Cité » de Gisèle Pineau. Mais j’imagine aussi votre désespoir et votre découragement légitime de n’avoir depuis que 10 retours malgré votre bonne volonté et les relances téléphoniques aux familles « défaillantes ». Marie-Michelle Toussaint, secrétaire générale du SE-UNSA Martinique l’annonçait le 8 avril « La situation de la Martinique sera encore plus difficile après le confinement et cela nécessitera d’y regarder de plus près ».

Avec 13 % de la population martiniquaise entre 16 et 65 ans (20 % pour la Guadeloupe) en situation d’illetrisme après 10 ans passés dans le système scolaire, cette école de castes ne sert pas notre peuple. Ne le dites pas à nos Recteurs, IPR et consorts qui appliquent sans sourciller les injonctions du ministère. N’insistez pas auprès de ceux qui croient encore au mythe de l’école de 1930, le petit José fuyant la Rue Cases-Negres grâce à son intelligence. Ne le répétez pas à France-Antilles qui illustrera encore et toujours ses articles sur les résultats du bac de jeunes filles manucurées avec Mention Tres Bien.

A la mi avril en Martinique, 7 000 jeunes n’avaient pas répondu à la moindre sollicitation académique. Cette année, les élèves guadeloupéens auront manqué la moitié de leurs cours (19 semaines sur 36).

Une étude « Summer learning » réalisée sur des cohortes d’élèves partis sur un pied d’égalité prouve qu’après les deux mois de vacances juillet et août, la courbe de progrès des enfants de statut socio-économique élevé croît alors celle d’enfants venant de familles défavorisées s’aplatit. Imaginez les ravages sur de plus longues périodes.

La « Nation apprenante » a plus que du plomb dans l’aile, et si l’armée est « la grande muette », alors l’Éducation Nationale mérite l’appellation de « grande hypocrite ». Pas étonnant que le SMA Service Militaire Adapté, initiative datant de 1961, chargé de réinsertion en Outre-mer, soit régulièrement cité en exemple rue Oudinot. Au SMA, dans un « cadre avant tout militaire », on affiche sa réussite : 75 % des volontaires formés trouvent un emploi ou s’engagent dans une formation qualifiante.

L’école ne servirait plus à rien avec la mondialisation. Ce ne sont qu’actes fallacieux. On peut se demander pourquoi alors, l’éducation nationale est autant secouée par les grèves, si chacun sait que les formations qu’elle dispense sont inopérantes !
Ou peut-être que c’est justement ce qui ferait sa gloire.

Et c’est là que je suis tombé sur Pyjam Rich (l’art de gagner de l’argent en pyjamas).Tu ne t’es jamais demandé pourquoi l’école ne t’apprend rien sur l’argent ? Jamais on ne va t’expliquer le système financier ni comment ça fonctionne exactement. Ne trouves-tu pas ça plutôt suspect, étant donné qu’une fois dans la vie active on doit gagner notre vie ?

Croyez-nous, s’il y avait une matière à l’école, « Comment devenir riche », les enfants, et les parents guadeloupéens et martiniquais seraient les élèves les plus attentifs et les plus studieux de tous les temps.

Mais on va leur parler d’économie, de PIB, on va leur expliquer le courant de pensée des économistes, pour ceux qui arriveront à l’université.

Posez une fois pour toutes à vos profs, la question brûlante, en cours d’économie, à savoir pourquoi malgré toutes leurs connaissances, il ne sont pas encore devenus entrepreneurs et milliardaires. Vous vous souviendrez toujours de leur regard halluciné, et du fait que d’un coup leur cerveau a buggé. Comme si c’était le sujet à ne pas aborder.

N’empêche, « ils » ont rendu l’école obligatoire, pour être sûrs de te chopper dans leur MATRIX.
Ne fais pas la même erreur !

Dans les dictatures, ils mettent un point d’honneur à bien organiser l’école depuis le plus jeune âge. Mes petits voisins (comme je suis fier d’eux !), depuis l’éruption du Covid, jouent aux dominos jusqu’à deux heures du matin.

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Théo LESCRUTATEUR

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