Nassimah Dindar : Traiter l’insécurité sociale
De passage à Paris, Nassimah Dindar, Présidente du Conseil Départemental de la Réunion a répondu à nos questions.
Vous avez tenu à être présente au rassemblement du CREFOM. Pour quelle raison ?
Je défends en tant que Réunionnaise la vision du CREFOM. L’ensemble des Outre-mer constitue une vraie richesse. Nous ne sommes pas seulement des périphéries, nous devenons des centres, une valeur ajoutée à la France hexagonale et nous permettons le rayonnement de la France dans l’Océan Indien, nous sommes des porte-drapeaux européens dans des zones géographiques et des continents totalement différents… Quand la France traverse une crise, regarder les Outre-mer permettrait de trouver des réponses si nous savons trouver le paradigme qu’il faut, c’est le travail fait par le CREFOM. Nous sommes méconnus de nos frères métropolitains car les richesses ultramarines ne sont pas assez montrées et démontrées.
Vous venez d’être réélue à la tête du Conseil Départemental de la Réunion ? Quelles sont vos priorités pour les prochaines années ?
Quand vous êtes élue, à la tête d’un département quel qu’il soit vous avez à résoudre les problématiques sociales et d’insertion. Les DOM, la Réunion plus particulièrement, nous sommes un peu comme une grande banlieue de la métropole avec des taux de chômage pas comparables à ce qui existe ici de 29 % et près de 60 % chez les jeunes. Et nous n’avons pas les mêmes atouts au niveau économique, nous sommes des territoires avec des handicaps sur des espaces contraints et restreints. Nous devons traiter non seulement l’urgence sociale mais aussi faire face à l’insécurité sociale. Sur nos territoires, Il ya l’insécurité de l’avenir et un Président de Conseil est constamment en face aux attentes concrètes, pragmatiques de la population. Et nous devons le faire avec la contrainte des restrictions budgétaires imposées par les gouvernements successifs.
Comment s’exprime cette insécurité sociale ?
Elle est liée à la non vision que nous avons tous de nos propres vies et des réponses que nous devons apporter. Nos jeunes ont compris qu’aujourd’hui on ne leur donne plus les leviers pour accompagner leur projet de vie. Ils prennent ceux disponibles : en clair, un jeune qui n’a pas réussi à l’école et se retrouve au chômage va voir son élu et lui dira : « Donne moi un contrat aidé » puisque c’est de cela dont nous disposons. Il va toucher les ASSEDIC. A 20-22 ans, il tombe amoureux, il veut s’établir avec sa compagne. Il va demander à sa copine de faire un enfant, de se déclarer seule pour toucher l’allocation API parce que c’est sa seule façon de s’en sortir…
C’est donc de l’assistanat ?
Ce n’est pas de l’assistanat !!! Arrêtons de sortir des mots qui sont incorrects et ne correspondent pas à la réalité. Un jeune, si vous ne lui donnez pas les clés pour construire son projet de vie, et c’est le rôle du politique, ne fera que prendre les leviers que vous avez mis en place. Personne n’a envie d’être assisté ! Tout le monde veut travailler et faire vivre sa famille.
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