Quelle terrible nouvelle ! Il y a des articles moins faciles à écrire que d’autres. Et nos mots ne seront pas à la hauteur de notre tristesse…

« Monsieur Silo » ! Comme le nommaient bon nombre de compatriotes au gré de rencontres au bord de toutes les pelouses d’Ile de France et par tous les temps. Pour d’autres, c’etait René Silo, l’homme qui parlait à l’oreille de toutes les personnalités, le médaillé de la Jeunesse et des Sports. Des visions réductrices du personnage…

Le René Silo que nous avons d’abord connu était celui qui donnait à ses compatriotes « on pal ». Aux ressources humaines de la RATP, il tendait l’oreille quand il apprenait qu’un jeune antillais était à la recherche d’un travail. Et il n’y allait pas par quatre chemins :
« Ou bizwen travay ? Ou ké lévé tou lé matin ? En ké vwè sa en pé fè ».
Après avoir jugé du sérieux de son interlocuteur, la discussion s’achevait par des échanges de numéros de téléphone, avec comme sentence : »Pa fé mwen wont ! « . Le dossier initialement en 5000eme position se retrouvait comme par enchantement dans la pile des prioritaires. Combien avons-nous vu d’hommes ou de femmes venir le saluer, le remercier d’avoir intercéder en leur faveur et avoir pu ainsi fonder une famille à l’abri du besoin. Et René de répondre : « Je n’y suis pour rien ! ».

L’une des passions de René : le ballon rond. Inconditionnel de la JTR de Trois-Rivieres, joueur, entraineur puis dirigeant, président de l’Etoile sportive Colombienne en region parisienne, il était au comité directeur de la ligue d’Ile de France. Spécialiste des 7e, 8e et 32e de finale de la coupe de France, (nos clubs franchissant rarement cette barre), il sillonait l’hexagone en tant que chaperon des clubs ultramarins avec une tendresse particulière pour le jeu technique réunionnais. Le seul capable en voyant un joueur de ligue 2 tacler, citer ses origines, évoquer sa grand-mère de Rivière-Pilote ou de Matoury. La victoire de la France à la coupe du monde 2018 était pour lui un motif de fierté se remémorant avoir suivi l’ascension des Varane, Lemar ou Kimpembe depuis leur époque U15.

L’autre passion de René : sa communauté. Président de la promotion et le développement du sport ultramarin, il avait aussi accepté la présidence du CREFOM des Hauts de Seine. Il alertait depuis longtemps de la dérive des jeunes de nos banlieues, prédisant les émeutes de quartier. Curieux de nature, il aimait apprendre, participer à des colloques. Nullement impressionné par les titres, il abordait les plus hauts gradés avec simplicité, cherchant par tous les moyens à insérer le mot Outre-mer dans les conversations. De tous les combats, il apportait son expérience, sa tempérance et n’hésitait pas à ouvrir son carnet d’adresse bien fourni.

Lecteur assidu de 97land, René gardera pour nous à tout jamais ce sourire goguenard. Pas un article ne lui échappait. Ce spécialiste des lignes de bus, cet amateur de rhum vieux et de cigares etait une pilier pour nos associations, luttant contre la dévitalisation de nos liens sociaux. Homme de paix, il n’hésitait pas à prendre son téléphone en cas de brouille, jouant les médiateurs grâce à son humour.

Tu étais un modèle jusque dans tes derniers jours, avec ce besoin de parler, de transmettre.

Nos respects René ! Nous n’oublierons pas tes enseignements et tes conseils. Merci pour tout René !