Littérature

Lionel de Marcy : le blanc et le noir

Lionel de Marcy originaire de la Martinique aborde la question du « vivre ensemble » dans son ouvrage « Ma vie en noir et blanc ». Nous publions ici des extraits de son intervention sur Kernews 91,5.

« Mon père était militant PS (non par conviction, mais simplement parce qu’il en profitait bien) et même élu puisqu’il était vice-président du département de la Martinique, au côté de Monsieur Claude Lise, et il a été l’un des membres fondateurs du Parti progressiste martiniquais d’Aimé Césaire, mon parrain ».

« Chaque fois que je parle de la négritude, je repense à mon enfance avec Aimé Césaire, et je pense aussi à Léopold Sédar Senghor, qui était l’un de ses compagnons de route : or, Senghor revendiquait sa négritude. Mais, depuis un certain temps, le mot nègre est devenu insultant et complètement négatif alors qu’en réalité il désignait simplement des personnes de couleur. On dit un blanc pour parler des métropolitains : alors, pourquoi ne pas adapter cela en parlant des noirs… Mais je trouve que le terme nègre avait une sorte de splendeur. Effectivement, je me revendique comme nègre et je suis fier de l’être. Mais ce n’est pas un étendard, je suis d’abord un être humain et un homme au sein de la société », déplorant l’emploi du terme black pour lui le summum de l’imbécillité langagière et de l’hypocrisie raciste.

« Pourquoi dit-on un black et pas un noir ou, encore mieux, un nègre ? Aujourd’hui, les gens ont peur des mots. La langue française est parfaite, le français est une langue merveilleuse, je ne vois pas pourquoi les tenants du franglais aiment cette langue froide. Je préfère nègre et, au pire, noir ! »

« Quand on me confond avec un Africain, cela a le don de m’agacer : je ne suis pas africain, je suis martiniquais et français ! C’est vrai, certains Africains n’aiment pas les Antillais. Aujourd’hui, on vit dans le monde des bisounours, on est tous les deux noirs et on s’appelle « mon frère », chose que je ne supporte pas puisque ces gens ne sont pas de ma famille. Il y a une cohésion à cause de notre couleur de peau. Mais les Africains ne nous aiment pas, parce que nous avons eu la chance d’être nés français. Quand un Antillais va dans un restaurant africain, il est souvent mal reçu ou mal servi, parce que les Africains nous considèrent comme étant supérieurs à eux… C’est un complexe d’infériorité et je deviens raciste quand j’entends Monsieur Valls parler du vivre ensemble. Mais j’invite tous ces gens aller à Barbès Rochechouart ou à Château-Rouge, des quartiers parisiens complètement étouffés par des populations noires ou arabes, où l’on croise la mama africaine avec son poisson qui pue, d’autres qui vendent de la viande sur le trottoir à même le sol, comme c’est le cas sur le marché de l’Olive, sans la moindre bâche de protection… Je me demande ce que le Français de souche qui s’égarerait dans ce genre d’endroit penserait des Noirs… C’est une abomination, il faut que tout cela s’arrête ! Je peux avoir un sentiment de racisme parfois, parce que c’est agaçant et fatigant.

Je cherche toujours les racistes, à part quelques jeunes maghrébins… J’ai rencontré Jean-Marie Le Pen il y a quelques années, par l’intermédiaire du marquis de Olmetta, et des amis se sont permis de me faire quelques réflexions : « Tu as serré la main de Le Pen, tu un traître ! » Mais pourquoi est-ce si abominable ? Ils m’ont répondu : «Mais tu es noir ! » Or, Jean-Marie Le Pen ne m’a jamais fait remarquer que j’étais noir ! Je trouve que ce sont ces gens qui sont racistes car, parce que je suis noir, je n’avais pas le droit de serrer la main de Le Pen…

Quand je croise un Chinois, un blanc ou un Indien, je vois d’abord un être humain. Les médecins légistes disent tous, que l’on soit noir, blanc ou jaune : « A l’autopsie, le cerveau et le cœur sont de la même couleur… » Donc, la couleur de peau est bien l’effet de la pigmentation de la peau sous le soleil. Cette question des quotas est déplorable à mes yeux. Je voudrais être estimé et embauché pour mes qualités et pas comme alibi. La présidente de France Télévisions a sorti cette ânerie en disant qu’il fallait plus de noirs à la télévision ! Mais mettez-vous à la place des autres : si quelqu’un avait dit qu’il y a trop de noirs à la télévision, toutes les associations noires auraient parlé d’abomination et de sacrilège… Là, on est en train de dire tout simplement qu’il y a trop de blancs à la télévision et cela ne choque personne ! Lorsque Monsieur Harry Roselmack sort du lot, tout le monde est en extase, on annonce cela comme un événement merveilleux… Mais Monsieur Roselmack est tout simplement là parce que c’est un excellent journaliste.

Les bobos gauchos moralisateurs et bouffeurs de caviar m’ont insulté, mais ce n’est pas grave puisque mes amis et ma famille ont beaucoup aimé le livre. D’une manière générale, ce livre est très apprécié. En Martinique, ma mère n’a pas été agressée, donc j’imagine qu’il est bien passé… Vous voyez, en Martinique, il n’y a pas que la prostitution ou le trafic de drogue, il y a aussi des gens bien…

 

 

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