Société

Le gouvernement français, une institution sadique pour l’outre-mer ?

Les rapports de l’Etat français et des territoires d’outre-mer seraient-ils de l’ordre cannibale, au même titre que des parents sadiques ?

Puisque la psychanalyse mène à tout, regardons comment les chercheurs les plus prestigieux évoquent les rapports parents-enfant. Car ce n’est pas innocemment que le dix-neuvième siècle a répété que les Noirs colonisés, les domestiques, le peuple, les femmes, étaient des enfants, nous indique Georges Snyders.

Les auteurs Carloni et Nobili nous présentent l’amour parental comme mêlé de sadisme et finalement annihilé par le sadisme, avec la tentation de dominer le faible, le désarmé, le sans-défense.

L’enfant réveille la disponibilité sadique, les pulsions agressives, haineuses, dont on nous dit qu’elles sont toujours présentes en chaque parent. Au mieux, elles peuvent être provisoirement assoupies, ou contrôlées par la tension de la volonté.

L’enfant incite au sadisme parce qu’il a besoin de notre amour ; il appelle notre amour, et il nous est facile, surtout il nous est agréable de jouir de son désarroi.

L’Etat français agirait-il de même ? Ses discours fantasmés sur nos populations, nos fragilités, notre mer, notre soleil ne tendraient-ils qu’à conforter notre dépendance ?

Les deux auteurs italiens vont déployer leur subtilité à prouver que ce sadisme peut revêtir des formes extrêmement différentes. On peut procéder par sévices physiques ou vexations morales ; on peut s’occuper le moins possible de l’enfant et même le confier à quelqu’un d’autre, ou au contraire s’ingérer constamment dans sa vie, de façon à le réglementer et à le contrôler dans tous ses détails.

C’est le discours de l’UGTG en Guadeloupe, par exemple, qui dans des déclarations ambigües, apparemment contradictoires, peut à la fois parler d’absence de matériels, d’équipements de diagnostic, de soins et de protection -gants, lunettes, blouses, sur-blouses, calots, maques, masques à visière – , dans cette crise, et qui aussitôt après se déchaînera contre des mesures  « visant au musellement des syndicats, au bâillonnement des organisations, et à l’éradication de toutes contestations », qui répétera que « Nous sommes dans le cadre d’un régime totalitaire qui ne dit pas son nom, pas bien loin de la plantation où le maître régente la vie et la mort de ses esclaves… Ce sont des propos d’un autre temps, particulièrement méprisants ayant pour objectif d’infantiliser et de culpabiliser les Guadeloupéens ».

Ce serait cela le sadisme en Guadeloupe et en Martinique de la part des autorités françaises, qui pourrait prendre le masque de la bienveillance étouffante ou se présenter crûment comme sévérité inflexible ?

Ce qui apparaît aux auteurs comme le lien entre toutes ces attitudes et autorisent, pensent-ils, à les appeler sadiques, poursuit Georges Snyders, c’est que le parent s’érige en juge infaillible de l’enfant, se persuade, puisqu’il a le droit de commander, qu’il lui est donc supérieur, meilleur que lui, bon, absolument bon.

Le sadisme trouve complicité chez l’enfant lui-même : pendant longtemps cet enfant a un tel besoin d’amour, de confiance, qu’il préfère se croire lui-même coupable, blâmé ou puni à bon droit plutôt que de mettre en cause ceux dont il attend sauvegarde et chaleur.
Et Snyders cite Groddeck, avec ces mots terribles. « Voir comment un visage d’enfant se voile lentement de douleur, c’est délectable ».

L’Etat français, dans la logique syndicale, serait celui qui se délecterait de nos douleurs, en étant compassionnel, un French Doctor permanent et institutionnalisé en quelque sorte.
Bon. Nous aurions pu en rester là, et gémir sur notre sort. Sauf que cet état français ou tout au moins sa population, souffre terriblement, lui aussi.

Et voilà que Montray Kreyol nous stupéfie dans une diatribe violente et sans concessions. « La fermeture des écoles et de l’université réclamée à cor et à cri par les syndicats aux Antilles, et la reprise des cours en septembre relève de l’irresponsabilité ».

Il est vrai, que sans prendre parti sur les risques sanitaires induits par le déconfinement, on peut s’étonner que nos syndicats n’évoquent jamais ce qui se fait dans la Caraïbe, comme si nous étions coupés de notre environnement. Nous n’avons jamais entendu un syndicaliste nous dire : voilà comment se déroule la reprise de l’école à la Dominique, à la Barbade, à Trinidad, dans cette période de Covid-19. Comme si nous étions pieds et mains liés à l’Hexagone. Comme s’il n’y avait pas de cyclones en septembre, pour qu’il y ait non pas une seule année blanche au niveau de l’éducation en Guadeloupe et en Martinique, mais deux années blanches ? Pourtant les exemples de Saint-Martin, et de Porto-Rico hantent encore nos mémoires.

Ce n’est pas tout. Dans le billet du jour du mardi 5 mai de Montray Kreyol, que pouvons-nous lire ? : « Yonn pa vo lot ! Kisiswa larel politik yo, ki yo dépité, sénatè, prézidan la-CTM, oben prézidan Lasanblé la-CTM, ki yo prézidan aglomérasion, mè oben konséyé minisipal, yo tout la adan menm bankoulélé-a.
Pep-la BON épi Conconne ek Letchimy ! Pep-la BON épi Marie-Jeanne ek Lise ! Pep-la BON épi Nadaud ek Nilor ! I bon épi Zobda, Azerot, Pamphile, Monthieux, Ecanvil, Lesueur ek yo tout la…
Ek sé pa labann a Malsa ki pé riprézanté pies kalté solision ba Matinik…
Sa ki pli red-la, sé ki pannan sé politisien-nou an ka fè lo djendjen-yo a, Léta fwansè ka ri nou ».

Mais il faut avancer. Puisque notre petite tribune se veut être une fenêtre pour parler autant que possible d’environnement, répétons à nos femmes et hommes politiques. En Guadeloupe et en Martinique, avec le coronavirus, à quand les actes ? C’est une question de survie. Le monde, – que dire alors de nos régions ?- semble être un bateau qui coule.

L’article du journal LE TEMPS du 9 mai 2020, nous parle de nos dirigeants arrogants ( encore une fois c’est le terme employé).
L’homme est à l’origine de sa propre perte.
Que ne s’est-il moqué de Greta Thunberg ?
Si cette jeune fille est aussi dérangeante, c’est qu’elle parle au nom de cette jeunesse qui ne veut pas de la planète cramée que nous sommes en train de lui léguer.
Greta dit non à l’argent, oui à la vie. Ce credo n’est ni simpliste, ni simplet, c’est la seule garantie de notre survie.

Les ajustements ne suffisent plus. L’extinction de la vie est déjà confirmée par les scientifiques.
Nous souhaitons une transformation radicale qui exige audace et courage.

Que de fois n’avons-nous pas hurlé :

Non au golf en montagne de Petit-Bourg,

Non à la piste super-motards,

Non à l’agrandissement de l’aéroport,

Non à Jarry, non au complexe cinématographique de Baie-Mahault !

avant que le coronavirus ne vienne balayer le château de cartes trompeur et fallacieux, que nos politiciens érigeaient avec outrecuidance.

Et chacun de nous, guadeloupéen ou martiniquais, n’est-il pas victime de sa propre duplicité ?

Ne sommes-nous pas sadiques également, d’un sadisme sans égal à l’encontre du personnel subalterne des paquebots que nous empruntions, en fermant les yeux sur les conditions de travail de ces esclaves modernes ?

Nous les soi-disant colonisés prenions d’assaut les paquebots de la misère.

Trois morts en l’espace de quelques jours ont été déclarés sur ces paquebots. Plusieurs membres d’équipage en quarantaine sur les bateaux de croisière se sont suicidés.

Rien qu’aux Etats-Unis, 104 bateaux de croisière se trouvent actuellement au large du pays, avec près de 72 000 membres d’équipage au total.

Dimanche 10 mai, une Ukrainienne de 39 ans s’est jetée par dessus-bord du Regal Princess au large du port néerlandais de Rotterdam, propriété du géant des croisières Carnival.
Samedi 9 mai, un homme s’est apparemment suicidé à bord du Carnival Breeze qui naviguait entre les Bahamas et l’Europe.
Un autre employé d’un autre bateau, le Jewel of the Seas, est quant à lui mort le 2 mai, après être passé par-dessus-bord.
Il s’agissait d’un électricien de nationalité polonaise âgé de 27 ans.

14 membres d’équipage du Navigator of the Seas, ancré dans le port de Miami, ont par ailleurs entamé une grève de la faim.

Nous, Guadeloupéens et Martiniquais, étions propriétaires sous une forme apparemment moderne et ingénieuse, d’esclaves que nous détenions par un contrat de louage auprès de Compagnies, qu’on croirait héritières de la Compagnie des Indes Occidentales, constituée pour exploiter les colonies avant que le roi ne reprenne en 1674 l’administration directe de ces dernières.

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Théo LESCRUTATEUR

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