L’ART POZZO Entre Peinture et Graphiste
Surnommé Art Pozzo, originaire de la Guadeloupe et de la Martinique, diplômé en école d’Art et de Graphisme, Ludovic Pozzo se dévoile. Entretien tout en couleurs et nuances…
97Land : Votre parcours professionnel ?
J’ai terminé mes études en 2004 après l’obtention du BAC et à défaut de ne pouvoir m’inscrire à l’école des Beaux-arts, j’ai commencé à chercher des petits jobs «alimentaires» pour me faire de l’argent de poche. Les emplois que j’occupai n’avaient pas de lien avec la branche artistique, c’est la raison pour laquelle j’ai continué d’exercer de mon coté en autodidacte.
97L : Le premier Festival Back To Biguine, qui a eu lieu au FGO-Barbara, où vous avez exposé quelques tableaux, l’héritage culturel, dans les mouvements et les lignes des danses traditionnelles ?
Le festival «Back To Biguine» a été l’opportunité idéale pour présenter mes peintures car on retrouve dans la plupart de mes tableaux des danseurs de biguine ou mazurka. La musique traditionnelle me suit depuis toujours. J’avais cinq ans quand mes parents m’ont inscrit dans un groupe folklorique antillais à Lille. Ça ne m’intéressait pas vraiment à l’époque mais j’ai continué…Au fil des années je suis devenu un assez bon danseur! Ce que j’aime dans la danse folklorique antillaise c’est le mouvement, l’interaction entre les danseurs, les volants des danseuses et la rapidité des pas enchaînés sur le rythme des percussions. Tous ces détails me sont restés en mémoire et je les traduis en peinture avec fluidité puisque je les ai vécus.
97L : Exposer dans un lieu tel que FGO Barbara ou dans autre lieu, une galerie qu’est ce qui est important pour vous ?
Il faut exposer dans un lieu ou la peinture est mise en avant et où celle-ci peut être accessible à tous. Il y a beaucoup d’amateur d’art qui vont souvent dans les musées et très rarement en Galerie. Ce qui est plaisant dans les lieux publics c’est que tout le monde peut s’arrêter par curiosité pour voir un tableau. Au FGO Barbara, mes peintures avaient leur place dans le thème «Back To Biguine» et à la fin du festival, un monsieur m’a lancé « vos peintures me parlent beaucoup, là je me reconnais! » Ça m’a fait plaisir.
À ce jour, je ne dépends d’aucune galerie. Quand j’allais me présenter en galerie avec mon Book c’était toujours sans suite, on reconnaissait la qualité de mon travail mais ça ne correspondait pas au style de la Galerie. C’est délicat de se présenter à un galeriste car on dit qu’il ne faut pas démarcher une galerie ça décrédibilise l’artiste mais on dit aussi qu’il faut démarcher ça rend l’artiste plus crédible…
97L : Que retenez-vous de votre pratique pour l’histoire de l’art et l’école des Arts graphiques ?
Pour le dessin, les premières années d’études ont été les plus complexes car je devais abandonner mon style «manga» pour faire du dessin type «Beaux-arts», adopter le canon humain avec les bonnes proportions…Le manga, j’ai eu un mal fou à m’en défaire ! Je pense qu’un bon dessinateur et avant tout un bon observateur. À l’époque mon sens de l’observation n’était pas aussi développé qu’aujourd’hui mais avec la pratique au fil des années on peut évoluer à l’infinie. L’histoire de l’Art c’est une base fondamentale en peinture, un peu comme le solfège en musique. Elle raconte en détail l’évolution de la peinture et de la société mais aussi la vie des peintres. En deuxième année, l’histoire de l’Art a été le déclic qui m’a orienté vers la peinture en délaissant un peu mon projet BD que j’avais entamé. Mon prof de l’époque s’appelait Françoise, une dame très drôle, sculpteur et ancienne artiste délurée des Beaux-arts. Elle à été un incroyable mentor dans mon évolution picturale et ma technique en dessin. Sa manière de raconter l’histoire était captivante ! Elle ressentait mon potentiel en dessin et me donnait de nombreux conseils.
97L : Quels sont les voyages qui ont enrichis l’art de votre peinture ?
Depuis toujours je cultive cette passion pour l‘exotisme. J’essaie en général de voyager dans les pays chauds, le soleil est mon moteur de créativité .Je suis souvent allé en Guadeloupe et en Martinique mais j’ai aussi eu le plaisir de découvrir la République Dominicaine, l’Espagne et l’Asie. En République Dominicaine j’ai été frappé par l’Art Taïno .Je me suis intéressé de près à la signification des nombreuses statues de divinités que l’on trouve partout dans le pays. C’est l’héritage des premiers indien de l’île (Arawak, Taïnos) Sur le thème République Dominicaine j’ai réalisé: ‘La danseuse de merengue’, ‘Cohoba’ et ‘Marocaël pétrifié par le soleil’.
Pour «Marocael» ce personnage m’a beaucoup amusé, selon la mythologie Taïnos : il s’agit d’un Dieu cacique qui montait la garde devant la grotte Cacibajagua (c’est de cet endroit qu’arrivaient les premiers habitants de l’île), un jour il arriva en retard à son poste et le soleil le transforma en pierre.
97L : Votre technique de travail et le numérique dans l’élaboration d’un panel d’effet ?
Apres mes d’études, j’ai suivi une formation complémentaire et complète pour obtenir l’équivalent du BTS en Infographie. Au lycée j’utilisais beaucoup la colorisation numérique pour mes bandes dessinées. Même si je ne pratique pas l’infographie en agence, je l’utilise à titre personnel pour faire mes affiches d’exposition et toute la communication qui en découle : carte de visite, visuels pour mon site. J’ai notamment crée mon logo «Art Pozzo»
97L : Intégrez-vous des histoires personnelles et humaines dans vos tableaux ?
Je pense qu’inconsciemment l’artiste se projette dans ses toiles. C’est comme un livre ouvert une histoire qu’on se raconte à soi-même. Parfois on y met des détails de notre vie personnelle, parfois on s’imagine la vie d’un autre personnage. « 22 Mai : Le Dessin Couleur Cacao» est un très grand tableau qui m’a éprouvé car au départ je voulais faire un sujet de la vie quotidienne. Une femme créole à la fenêtre et son mari qui rentre dans la maison. Au bout d’un moment le sujet ne m’inspire plus et j’arrête. Mais j’ai tellement avancé dans la production que hésite à effacer et tout recommencer….Je garde alors le personnage féminin et j’imagine un autre tableau. Le 22 Mai me vient à l’esprit, c’est une date symbolique à la Martinique mais aussi ma date de naissance .Aussitôt je fais un mélange des deux. L’inspiration retrouvée je termine le tableau assez vite et beaucoup d’éléments viennent s’installer sur la toile. Dans cette peinture, Il y a probablement une part personnelle !
97L : Les différentes époques des peintres qui vous inspirent, pour les couleurs, les lumières, les contrastes, les reliefs et les perspectives de l’histoire du tableau ?
Dans l’Art, j’aime particulièrement tous les mouvements figuratifs c’est à dire: où on peut distinguer les choses, contrairement à l’art abstrait ou rien n’est donné directement au spectateur. Mes courants artistiques favoris : sont la Renaissance, le Baroque, le Classicisme, le Romantisme, l’Impressionisme, le Japonisme et les Peintres Affichistes. Quand je peins j’essaie d’adapter mon style pictural à l’idée que j’ai en tête, de manière à créer l’ambiance voulue.
97L : Les endroits, les plus importants, qui témoignent de vos inspirations dans vos tableaux ?
Les Antilles m’ont possédé ! J’ai encore beaucoup de peinture à venir sur le thème. Partout où je vais dans le monde je pourrais être séduit par l’endroit où je me trouve et trouver nouvelle source d’inspiration. J’aime la chaleur, les couleurs et les traditions de chaque pays. Tout fonctionne au coup de cœur, je peux peindre vraiment de tout.
97L : Votre plus beau souvenir de votre mission humanitaire au Cambodge ?
Le plus beau souvenir que je garderai de cette mission à l’orphelinat AHCO, sera le sourire de tous ces enfants débordants d’énergie et avec qui j’ai peint sur les murs de l’orphelinat. Quand je voyais ces enfants si drôles et solidaires je constatai que ce n’est pas forcément les biens matériels qui nous rendent plus heureux, ce qui compte le plus c’est d’être là tous ensemble. Le certificat est une chose mais j’aurai aimé faire beaucoup plus pour eux. C’était aussi la première fois que je découvrais l’Asie, je suis passé par le Vietnam, la Thaïlande mais je pense que mon plus beau souvenir c’est quand j’ai survolé l’Inde pour y faire escale. Je me suis rendu compte que j’étais sur la terre-mère de mes aïeux, ça a été un moment fort pour moi. J’observai les indiens et je me projetais en 1854, imaginant le bateau des engagés hindou en partance vers les Antilles…En Inde je me fondais dans la masse un dame m’a même parlé en Hindi ! C’était un moment magique, le parfum des épices émanant des restaurants…Tout ça m’est très familier !
97L : Des conseils aux jeunes qui souhaitent évoluer dans l’Art de la peinture ?
Je leur dirai : laissez-vous le temps d’évoluer dans votre style personnel, maitrisez avant tout le dessin, c’est la base qui vous permettra d’obtenir une ossature dans vos compositions quelles qu’elles soient. Ne vous fiez pas trop à tout ce qui est tendance et éphémère. N’attendez pas le succès mais continuez ! Andy Warhol a dit un jour : “A l’ avenir, chacun aura son quart d’heure de célébrité mondiale.”
97L : Où pouvons-nous voir et acheter vos œuvres ?
Dans l’attente de mon site web, mes peintures sont disponibles sur ma fanpage facebook «Art Pozzo». Je suis aussi présent sur Instagram : «ludovic.pozzo» Je n’ai pas de galeriste à ce jour, pour m’acheter un tableau il faudra donc me contacter sur mon courriel : peinture.pozzo@yahoo.fr
97L : Un message pour nos lecteurs et vos projets ?
Notre histoire c’est notre culture, notre richesse, conservons là ! N’hésitez pas à liker ma fan page Art Pozzo pour être au courant de mon actu. Je travaille actuellement sur mes deux grands tableaux en cours l’un sur le thème « classique» l’autre sur le thème «Caraïbe». J’ai une exposition bientôt à Lille et Paris en fin d’année. Pour la suite j’attends les propositions …!
Propos recueillis par Wanda NICOT
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