Société

Kalash, le miroir de notre société «gangstérisable»

Kalash miror.

Lorsqu’un artiste fout devant nous un miroir qui montre le visage d’un pays qu’on nie ou qu’on a pris l’habitude de n’expliquer qu’aux travers des anathèmes, des lieux communs et de la « fameuse sagesse populaire », cela provoque des réactions d’une hypocrisie sans nom.

Ne rêvez pas ! Les Sections crim, les Chyen lari et toutes ces bandes et gangs qui ont fleuri au bas des immeubles des LTS implantés même dans les communes fortement rurales en guise de politique sociale n’ont rien à envier à leurs frères et cousins de Rio, South Central, Lagos, Compton, Jo’Burgh ou le Bronx. C’est juste une question d’échelle. Dans l’intention et dans le corpus: mènm bèt, mènm pwèl.

Quand Kalash ou d’autres avant ( KSS, Krys…) nous le dit et montre-comme le chantait Bob dans Rebel music : « when the cost of the living gets so high, the rich and poor, they start to cry. Now the weak must get strong, they sayin’: « oh what a tribulation ! »- beaucoup pensent que ce n’est que « mode » et pâles copies US ou Yardie. Et c’est pourtant aujourd’hui toujours plus encore d’actualité !

Non ce n’est pas une fatalité ! Mais 70 ans de politique irresponsable. 70 années de déconstruction, d’immobilisme, de déni et de renoncement. « You reap what you sow ! ».

Non mais quand même ! Avec une moyenne structurelle de 30 0/0 de taux de chômage; un chômage des jeunes qui même à 35-40% (le taux de 6096 n’est pas un taux qualifié mais plutôt un taux « politique ») reste abyssal et socialement catastrophique. Surtout lorsqu’on sait que les plus diplômés se tirent. Mes chers compatriotes, estimons-nous heureux ! Pour l’heure les voyous tuent des voyous et rarement le citoyen.

Pas encore d’enlèvement ! Pas encore de trafic d’êtres humains ! Pas encore de tuerie de masse ! Pas encore de collusion entre les gangsters et le politique. Ce sont les prochaines étapes si nous persistons dans le non-devenir et le statut quo.

Mais le pire auquel on ne s’attend pas réside dans les conséquences de la mutation des valeurs et de la morale chrétienne qui animaient nos aînés.

La société guadeloupéenne est « gangstérisable ». La malhonnêteté, cette capacité aux mensonges, le matérialisme exacerbé, cette absence de respect et de morale, la promotion des dérives consuméristes notamment en matière de sexe qui envahissent notre société, rendront possible une société de voyous et de « Rebel without a cause ».

Au passage, je pense que dans le ghetto on touze moins, on triolise moins, on « échangise » moins que dans certains cercles de la petite bourgeoisie pleine d’ennuis et de certitudes.

Notre égoïsme ! Juste ça ! A croire que le citoyen n’est ni père, ni mère, ni parrain, ni marraine, ni futur grand-parent. Quand même culottés, les Négros ! Une société de l’instant et de l’achat compulsif qui reproche à une partie de sa jeunesse de lui ressembler ?!!

Et puis pour finir, ce n’est pas la faute des artistes Rap, Dancehall si le Zouk, la pop dite créole ou autre forme ne parlent plus de grand chose autre que de l’amour ou de l’amour… ou lorsqu’elles parlent dautre chose c’est trop rarement dérangeant pour le Système. Bien au contraire !

Chose à dire, le Dancehall et le Rap sont des musiques de jeunes et d’adultes le plus souvent insérés et intégrés qui partagent cette envie de bousculer l’ordre établi. Le bling bling, le Tony Montanisme ou le Nino Brownisme, le sexe doivent faire l’objet non pas de cris de vierges effarouchées ou de moralistes. Mais d’analyse sociologique.

Trop facile de nous ressortir les valeurs du bien et du mal. Surtout pas dans des sociétés coloniales en perte totale de sens. Et sans autre projet que de bien préserver le « déjà là ».

 

Jeff Bourguignon

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