JE SUIS VICTIME DE HARCELEMENT : Une directrice d’école en Martinique accuse.
Elle s’appelle Sacha. Dénonçant les conditions d’enseignement sur l’île, elle tient à faire savoir qu’elle n’est pas venue uniquement pour profiter de la plage. Mais à quel prix !
« Tous les enseignants ici, à partir du moment où ils refusent d’obéir à des ordres illégaux, refusent de cautionner le mensonge institutionnel, refusent la maltraitance ( coups de ceinture devant tous les élèves, insultes et humiliations en créole, mépris), refusent les détournements de crédits qui devraient servir à l’entretien des locaux scolaires, refusent que l’école laïque soit payante, refusent de fermer les yeux en disant « ça ne me regarde pas ; mes 40% me font oublier la misère culturelle et sociale », se retrouvent en « burn-out ».
Tous les syndicats sont corrompus… Tout le monde s’en fout. Certains responsables académiques m’ont même dit sans détour de profiter de la mer, et de faire durer mon congé de maladie le plus longtemps possible, et surtout, surtout, de ne penser qu’à moi ».
Sacha va même plus loin.
«Les Antilles Françaises sont les bas fonds de notre société. Ici on n’est pas en France, on est en Martinique. Ici la loi est appliquée en fonction de sa conscience, et varie selon votre statut social. La misère est immense.
J’ai honte d’être française aujourd’hui, honte d’avoir encore des valeurs républicaines qui ne sont que des chimères pour faire taire les pauvres et les laisser dans l’illusion de la démocratie. Ici on a le crack et le rhum… Même les fruits sont empoisonnés. Le poisson est contaminé. On l’achète congelé chez Leader Price, en provenance directe d’Amérique du Sud ou d’Europe ».
Paru sur le blog du Nouvel Observateur, le témoignage de Sacha a ému de nombreux lecteurs qui ont manifesté leur empathie à l’égard de l’ enseignante. Toutefois, cet article n’a pas plu à tous.
« Non Madame réplique une lectrice, vos écrits sont pleinement subjectifs et remplis d’un mépris certain. Rien que votre tentative d’obtenir une tribune publique montre que votre crédibilité peut à mes yeux être remise en question. Les vérités énoncées ne valent que pour une seule personne. Certes la situation aux Antilles est difficile mais les accusations, ainsi que l’apitoiement dont l’auteur fait preuve sont à mon sens inacceptables surtout de la part d’un fonctionnaire de l’Etat ».
« Les enseignants de Martinique ont peur, a répondu Sacha à ce commentaire. Peur des gens qui leur sont supérieurs hiérarchiquement, et qui ont le pouvoir de les briser. C’est pour avoir brisé ce tabou que je suis ostracisée.
Le devoir de réserve est une chose, mais la non-assistance à personne en danger en est une autre. Et quand j’entends une enfant de 10 ans hurler sous les coups de ceinture infligés par un enseignant, au vu et au su de chacun, des collègues, de la directrice, de l’IEN, et du DAASE, ce n’est pas l’enseignante qui parle, mais la citoyenne ».
L’épuisement professionnel dans le domaine de l’éducation est devenue une réalité aux Antilles; Ainsi, en Guadeloupe, cette semaine, les parents ont manifesté à Sainte-Rose contre l’absence massive d’enseignants qui n’ont pas pu tenir la cadence infernale des classes à plusieurs niveaux.
L’épuisement professionnel, ou burned-out, est selon l’OMS caractérisé par un sentiment de fatigue intense, de perte de contrôle et d’incapacité à aboutir à des résultats concrets au travail.
Les caractéristiques suivantes ont pu être établies :
– charge de travail trop élevée
– déséquilibre entre les efforts fournis et la reconnaissance obtenue de la part de l’employeur ou du supérieur immédiat
– faible soutien social
– communication insuffisante ( avec la hiérarchie et les collègues )
Une trop grande importance accordée au travail, un perfectionnisme et quelquefois la faible estime de soi ( notion à manier avec des pincettes) seraient également responsables de l’épuisement professionnel.
2 Comments
C’est bien la réalité dans l’enseignement public en Martinique beaucoup de harcèlements malfaisants menés par des fonctionnaires qui se croient plus intelligents que les autres et qui se donnent le droit de se comporter comme des membres d’une mafia organisée et de mettre en œuvre une agressivité digne des plus grands mafieux et c’est peu dire; avec à l’appui de faire passer la victime pour une personne malade mentale (d’où le conseil de rester en congé de maladie).
Bon courage Sacha