Société

Je nous vois griller à petit feu aux Antilles

L’effondrement n’est pas imminent… mais je nous vois griller à petit feu aux Antilles. Personne ne peut dire exactement quand ça arrivera, et ce qui fera le plus de dégâts en s’écrasant, mais ce n’est qu’une question de temps.

Nous allons nous offusquer d’apprendre comme sur le site biosphère.ouvaton.org, que Tony SPELL, pasteur d’une église géante de Louisianne, la « Life Tabernacle Church » a organisé une messe en dépit de l’interdiction liée au coronavirus. « Nous avons le mandat de Dieu pour nous réunir et nous rassembler et continuer à faire ce que nous faisons, cette pandémie est motivée pour des raisons politiques » (à savoir empêcher la réélection de Trump).

Un chroniqueur de Fox News assure : Vous ne pouvez pas simplement laisser les épidémiologistes diriger un pays de plus de 320 millions d’habitants.

Mais aux Antilles ne faisons-nous pas la même chose ?

Nous avons reçu mandat de Dieu pour envahir les rues, les routes. Nous sommes cette mère de famille en Martinique, arrêtée par la gendarmerie, venue acheter sa pizza, avec son enfant, sans laisser-passer, sans permis, sans carte grise. Nous sommes les mamies faisant leur footing vers le pont de l’Alliance en Guadeloupe, qui veulent respirer, qui sortent trois fois par jour, pour l’heure d’exercice en plein air, pour le passage à la boulangerie, pour se ravitailler en essence.

Les mamies dont je parle sont des femmes minces, belles, aisées, ont leurs voitures. Ce sont des personnes alertes, qui appuient d’ailleurs exagérément sur le champignon de leur véhicule, qui n’habitent pas en appartement, qui avaient pris d’assaut les paquebots et qui étaient prêtes à nouveau à  « ambiancer » sur les plages pour Pâques.

J’ai pris volontairement l’exemple des personnes âgées, parce que je n’arrive pas à comprendre, comment je peux en voir autant déambuler, flâner, respirer, prendre du bon temps, en cette période de pandémie.

Nous avons reçu mandat de Dieu pour demander le renvoi du préfet, en pleine période de coronavirus, parce que celui-ci a prononcé (par deux fois !!! Pierre lui a renié Jésus à trois reprises) cette phrase sibylline : « Les chiens aboient, la caravane passe ».

La pandémie est-elle motivée pour des raisons politiques ? Nous sommes dans une polémique superfétatoire, nous faisons feu de tout bois. Nous voulons déchouker le préfet ! Mais ce dernier partira de toute façon très bientôt, puisqu’il est soumis comme tous les fonctionnaires à un turn-over administratif (nommination le 9 mai 2018).

Le vrai ennemi n’est-il pas le coronavirus ? Et ce ne sont pas des propos pas très subtils qui changeront la donne.

Sûrs de notre bon droit divin, ou nationaliste pour d’autres, nous sommes des dangers pour ceux qui se sacrifient pour nous. Comment voulez-vous à partir de ces exemples déplorables, que nous ne nous en prenions pas à toute forme « d’autoritarisme », (le préfet ne ferait pas preuve de pédagogie et de communication, mais d’autoritarisme), propos stupéfiants d’Hélène MUGERIN, psychologue, ce mardi, sur les antennes de Guadeloupe La Première. Cette tension, dit-elle, très doctement, va générer une envie d’évasion.

Madame, les Guadeloupéens se sentiraient ostracisés par un préfet parce que ce dernier voudrait limiter la circulation des personnes, dans une île où le virus va continuer à tuer, puisque sans être un grand « Grek » scientifique, simplement en suivant les informations, nous savons que ce virus est d’une létalité extrême surtout pour les plus âgés, les personnes diabétiques et les personnes en surpoids ou obèses, caractéristiques de notre population ?

Dira-t-on comme ce chroniqueur de Fox News : Nous ne pouvons laisser un préfet administrer la Guadeloupe.

Et les guadeloupéens interviewés de geindre : Nous vivons ce confinement comme une punition. Vous êtes trop rigides. Nous avons besoin de décompresser.

Le climatologue Jean JOUZEL a pu dire que l’effondrement n’était pas imminent… mais qu’il nous voyait griller à petit feu. Je me demande toutefois s’il n’avait fait pas preuve d’optimisme.

Les comportements erratiques des guadeloupéens dans cette période de pandémie seraient motivés pour des raisons anti-préfectorales ? Pourquoi Stanislas CAZELLES, le Préfet de Martinique a-t-il décidé la fermeture des commerces pour la trêve pascale ?

Nous sommes les premiers à taper sur l’insuffisance et le manque de réactivité des services de l’Etat, nous sommes les premiers à fustiger les incohérences de ceux qui administrent nos îles, mais reconnaissons qu’un week-end de Pâques, même a minima, même en faisant venir pour cuisiner le calalou, dissimulées sous des triples couvertures les fameuses mamies, serait un désastre.

Non, nous devons laisser également les autres personnes âgées, des couches défavorisées, souvent seules chez elles, encore quelques jours. Les assistantes à domicile, qui font un travail extraordinaire, sont des professionnelles. Elles sauront accomplir les bons gestes, – laissons-leur la route libre pour une fois- malgré l’absence de protections minimales qui constitue un scandale d’état. Soyons solidaires de nos « invisibles ».

Serge LETCHIMY a écrit au Préfet de la Martinique (lettre du 24 mars 2020) : « Pour l’application des mesures de protection sanitaire, des ajustements spécifiques doivent mobiliser tous les acteurs , économiques, sociaux et politiques. Nous sommes un territoire captif, avec une population vieillissante, donc une cible privilégiée du Covid-19.
La mobilisation de tous pour une meilleure prise de conscience du public des dangers de la propagation de ce virus est une priorité vitale. Il faut briser toute propagation rapide, encore plus, compte tenu de notre situation insulaire ».

Michel SERRES assurait qu’on crie victoire lorsque les Chinois achètent des airbus, alors que la pollution est due, pour partie au trafic aérien, et que presque toutes les victoires économiques sont des catastrophes pour la planète.

Car après la victoire politique contre le préfet, nous obtiendrons également une victoire économique. Sur les réseaux sociaux, sur les live radio, on n’entend que ça : « En bizwen krab an mwen » ! Faut-il vraiment piller les hyper-marchés en période de confinement ?

De surcroît, enquêtons-un peu sur les pratiques de la grande distribution et analysons comment l’enseigne Leclerc qui s’est rendue maître de nombreux hypermarchés aux Antilles, traite ses salariés, pendant l’épidémie de coronavirus. Précisons avant toute polémique que nous ne faisons que reprendre les faits relatés dans l’article du Monde du 3 avril 2020 :
« Chez Leclerc, la crise sanitaire révélatrice d’un management par la peur ».

Lorsqu’il s’est ému auprès de l’AFP de l’absence de décontamination du rayon boulangerie où exerce un salarié, dont le conjoint était suspecté d’infection, le délégué CGT a reçu une lettre qui lui indiquait qu’à la suite de son intention malveillante de diffuser de fausses nouvelles, et de diffamer l’entreprise, la direction prendrait «les mesures qui s’imposaient», et engagerait des actions en justice.

« Ils ont mis des plexiglas aux caisses, fourni du gel, mais les employés n’ont pas de gants. Et la direction nous a dit qu’elle n’en fournirait pas. Ils ont même mis des affichettes disant qu’il était inutile de mettre des gants sous prétexte d’une surcontamination ».

Et quand certains employés ont voulu savoir comment exercer leur droit de retrait, la direction a répondu que ceux qui exerceraient ce droit ne seraient pas payés, explique un syndicaliste.

RÉTÉ A KAZ A ZOT ! RÉTÉ BO KAY ZOT !

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Théo LESCRUTATEUR

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