JE BOIS DU SANG ET JE DORS DANS UN CERCUEIL
Le journal local Lancashire Telegraph du 9 août 2016 nous relate qu’à Blackburn, depuis maintenant 12 ans ce vampire autoproclamé dort dans un cercueil fabriqué sur mesure et se nourrit de sang de vache ou de cochon ( Les substituts de sang humain étant difficiles à trouver).
« Je veux juste être traité comme tout le monde ». Sur les photographies, en dehors de son maquillage, il ne paraît pas trop inquiétant. Il est soutenu par Sylvia Lancaster, tristement célèbre depuis que sa fille de 20 ans a été assassinée en 2007 en raison de son look gothique.
Ce jeune homme de 25 ans passionné par le monde des vampires se fait appeler Darkness Vlad Tepes* ( darkness = obscurité en anglais, et Tepes étant en roumain l’empaleur, le fameux prince Vlad III qui a inspiré la légende du compte Dracula ). Il a adopté « leur mode de vie » au quotidien.
Mais il y a encore mieux, comme cette américaine de Pennsylvanie, mère de deux enfants, Julia Caples qui affirme boire régulièrement du sang exactement comme un vampire. Elle suce l’hémoglobine de donneurs volontaires qu’elle contacte via Internet. ( Là, les photos sont repoussantes). Les résultats des prises de sang sont exigés, à l’instar de différents cercles de vampires qui réuniraient plusieurs centaines de membres par exemple en Grande-Bretagne.
Elle pose tout aussi fièrement devant un cercueil. Elle affirme que le fait de boire du sang humain la rend tonique. Attention à ne pas finir comme la comtesse Bathory qui se serait baignée dans le sang de ses victimes pour conserver une éternelle jeunesse.
Mais même le tourisme s’y mêle. Pour Halloween, Airbnb proposait à ses adhérents un « séjour intense ». La plate-forme les invitait dans la prestigieuse demeure ( supposée) du comte Dracula, – tiens, tiens, notre Vlad l’empaleur-, le château de Branen en Transylvanie ( Roumanie).
Ils ont été accueillis par Dacre Stoker- le petit neveu de l’auteur du roman Dracula, l’irlandais Bram Stoker- qui leur a fait visiter le château aux 57 chambres.
Le vainqueur du concours et son invité ont passé la nuit, du 31 octobre au 1er novembre 2016, en dînant aux chandelles dans ce lieu lugubre, puis ont dormi dans un cercueil au fond de la crypte.
Bonne nuit, chéri(e).
Remarque : Nous ne parlons pas bien évidemment ici de « vampirisme clinique » où la maladie mentale est associée à des tendances sadiques, nécrophiles et cannibales. D’ailleurs, la littérature scientifique du XIX ème siècle à 2016 a relevé moins de 70 cas de « vampirisme significatif ».
Nos vampires autoproclamés reflètent-il un besoin intense de flirter avec la mort, une attirance paroxystique – comme disent les sociologues – pour les chairs sanguinolentes, une sacralisation d’un certain érotisme sado-masochiste et fétichiste ?
Le corps est devenu le dernier lieu de scarification, d’auto-mutilation.
Mais ce qui peut paraître déviant et choquant, à contre-courant de la morale, et à tout le moins proche de rites sataniques, n’est-il pas dans une certaine mesure un moindre mal, comparativement à un passage à l’acte ? Aux Antilles et en Guyane, ne préférerions-nous pas 50 personnes se glissant tous les soirs dans des cercueils en lieu et place de 50 vrais cadavres suite aux meurtres quasi-hebdomadaires?
Thomas Pavel auteur de Comment écouter la littérature ( Collège de France, Fayard 2006), et Essai sur l’imagination classique ( Folio Essais-Gallimard 2003), estimait que nous avons besoin de « notre ration de nourriture symbolique …, et qu’insatiables, nous nous engageons dans les espaces imaginaires de la littérature et du cinéma ».
Si ce n’est que du cinéma ! A vous de juger.
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