GUADELOUPE : LA STÈLE DE LA DISCORDE
Statues d’esclaves à Zanzibar
Le dimanche 29 Mars, une stèle érigée en souvenir des premiers colons débarqués en Guadeloupe a été détruite dans la commune de Sainte-Rose à la pointe Allègre. Les membres du cercle culturel Lacour dont l’objectif est de faire découvrir les faits et réalisations des créoles de la Guadeloupe et des Antilles avaient prévu son inauguration le 31 janvier la mairie de Sainte Rose annulant cette cérémonie. Finalement le tribunal administratif de Basse-Terre le 6 mars autorisait son installation ne retenant pas l’argument d’apologie d’esclavage et de la traite négrière au grand dam de plusieurs organisations dont le CIPN et le LKP qui par l’intermédiaire d’Elie Domota avaient interpellé le Président de la République à ce sujet.
La situation entre communautés s’est tendue la semaine dernière en Guadeloupe après une altercation et les injures d’un béké envers le client d’un restaurant le traitant entre autres d’esclave. Frederic Augustin la victime aurait le soutien de l’avocat Harry Nirelep témoin de la scène. L’attitude de Nicolas Chaulet niant ces propos et de son entourage ne les condamnant pas a jeté le trouble dans l’île.
Ces deux évènements se télescopant n’ont pas manqué de faire réagir la communauté en France. Pour Serge Romana, Président du CM 98 » Ces paroles invraisemblables… ravivent des fractures, des plaies, qui doivent être guéries pour que nos sociétés post-esclavagistes puissent se construire sereinement. Elles réveillent des démons, crées dans nos premiers temps, qui agissent dans toutes les couches de nos sociétés et qui, s’ils ne sont pas maîtrisées, déchaînent les haines et condamnent nos pays à la division éternelle ».
Gerty Dambury romancière et dramaturge guadeloupéenne témoignait sa satisfaction suite à la destruction de la stèle. « C’est une réaction de joie surtout dans le contexte actuel. On a quand même entendu un descendant d’esclavagiste traiter de sale petit nègre un de nos compatriotes, un de ses compatriotes et lui dire que les nègres avaient toujours été esclaves, leurs esclaves. Il est évident que le rôle qu’ont joué les colons n’est pas effacé dans leur mémoire et leur imaginaire. Cette stèle est trop directement en relation avec quelque chose qui n’a pas été réglé du côté d’une partie de notre population. Nous descendants d’esclaves africains nous ne sommes pas d’accord pour glorifier des gens sans respect mutuel, sans remise en question du rôle d’un certains nombre. Il s doivent se préparer à changer avant de se faire passer pour de simples colons qui ont par hasard découvert l’Amérique parce qu’il y a une histoire derrière qui justifie de mon point de vue que cette stèle soit détruite ».
Une photo de Joëlle Ursulle le poing levé devant les ruines du monument devenue en deux mois la nouvelle pasionaria guadeloupéenne grâce à un courrier adressé au Président contraste par rapport au silence assourdissant des politiques élus par moins d’un inscrit sur deux et empêtrés dans un refus d’évolution du régime statutaire de l’île après l’avoir réclamé à cors et à cris pendant 50 ans. Autant de signes d’une Guadeloupe à la dérive qui jour après jour s’en remet aux idées simplistes, aux arguments musclés, aux déclarations tapageuses et au refus de dialogue. Le Mémorial ACTe en lui même ne résoudra aucun problème sans une véritable conscientisation de l’ensemble des composantes du peuple guadeloupéen acceptant son passé et se tournant résolument vers le futur.
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