Guadeloupe : Et si nous étions tous empoisonnés ?
La Guadeloupe serait-elle un labotoire d’observations de tout ce qui va mal dans le monde ?
On voudrait ne pas le croire, mais les évènements ne prêchent pas en faveur d’une sérénité que toute une population réclame pour esssayer de vivre dans un pays sain. Nous répétons tellement souvent les mêmes choses que le lecteur attentif et régulier peut se demander si l’on ne tombe pas dans une espèce de « radotement schizophrène chronique » qui n’a pour seul but que de faire croire que rien ne va dans ce pays de Guadeloupe.
Nous comprenons ceux qui tiennent des raisonnements de ce genre, mais force est de constater qu’en Guadeloupe nous vivons une situation qui ne laisse rien augurer de bien pour les années à venir.
On apprend qu’à Gourbeyre du 16 avril au 22 mai l’eau distribuée dans les robinets contenait des résidus de chlordécone. En toute connaissance de cause les responsables du service des eaux ont maintenu la distribution du précieux liquide.
Le collectif « Dlo Goubè » est monté au créneau pour dénoncer ce qu’il considère comme un empoisonnement et ne veut désormais dialoguer qu’avec le préfet. Si ce dialogue s’avérait impossible, le collectif s’est dit déterminé à mener des actions coups de poing pour se faire entendre. Quand l’eau ne coule pas dans tous les robinets, ceux qui ont la chance d’en avoir, sont empoisonnés.
Dans les deux cas le dilemme reste bien présent. Pour expliquer cette présence de chlordécone dans l’eau du robinet à Gourbeyre, les responsables avancent que les filtres en amont étaient défectueux, comme le sont toutes les canalisations acheminant l’eau dans les foyers, et que le bugget pour leur remplacement reste pour l’instant insuffisant. Pire, sur les factures d’eau reçues par certains habitants, qui continuent d’arriver bien sûr, est facturée la distribution de packs d’eau qu’ils n’ont jamais reçu, ce qui ajoute à la colère d’une population déjà largement handicapée par ce problème récurrent touchant un service public qui n’est plus assuré.
Si madame Lucette Michaux-Chevry reconnaît qu’il y a un malaise dans la distribution normale de l’eau, elle rejette le terme d’empoisonnement prononcé et laisse entendre que ceux qui profitent de cette situation pour hurler avec les loups, sont motivés par des desseins électoralistes mais qu’elle ne se laissera pas intimer par de tels comportements irresponsables.
En tout cas, le parquet s’est saisi du dossier et l’on apprend ce matin qu’il demande des comptes à l’ARS, afin de savoir d’une part pourquoi la population n’a pas été prévenue en temps utile, et pourquoi il a fallu attendre 15 jours pour y remédier.
En attendant le collectif « Dlo Goubè » reste vigilant afin de parer à toute éventualité pour qu’une population déjà largement impactée par un manque cruel d’eau, ne doive faire face à un problème sanitaire lié à la présence de chlordécone dans leur eau de consommation. Mais peut-être est-il déjà trop tard pour faire quelque chose car dans son édition de ce jour, le quotidien le Monde accorde une large place à la chloredécone et affirme que tous les guadeloupéens et martiniquais sont contaminés pour des siècles.
S’agissant des sargasses, elles représentent une menace pour la santé de la population et en priorité les enfants, les personnes affaiblies médicalement, ou encore les femmes enceintes. Il semblerait que les dosages effectués afin de mesurer leur niveau de toxcicité divergent selon que le contrôle soit fait par un établissement mandaté ou par un autre organisme. Il se dit que les chiffres avancés par l’armée sur le site de Capesterre de Marie-Galante soient nettement supérieurs à ceux émis par les canaux officiels.
Autre préocupation des guadeloupéens, les conséquences sur leur organisme par les brumes de sable venant du Sahara et qui traversent le pays de plus en plus souvent. Leur analyse montre qu’elles sont porteuses de bactéries, de virus de champignons dont les effets nocifs sur l’organisme ne seront connus que dans plusieurs années. Mais ces brumes transportent aussi de l’azote très utile pour les sols, alors n’est-ce pas la une compensation qui devrait ramener le calme concernant ce dossier ?
Chloredécone, sargasses, brumes de sable, voilà de quoi alimenter les conversations dans les chaumières pour de longues années et qui désormais font de l’ombre à konpè zanba é konpè lapen, sauf que nous ne sommes pas dans le conte, mais dans la réalité.
Ainsi va la vie en terre guadeloupeenne.
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