Brûlez-là ! Mets-toi juste un pistolet sur la tempe et tue-toi ! 

(Cet article est  écrit en forme d’hommage à l’adolescente martiniquaise qui, victime de brimades dans son établissement scolaire, a mis fin à ses jours, et plus généralement à toutes les victimes de harcèlement).

Lizzie Velasquez, 27 ans, souffre du syndrome de Marfan, très rare. Elles ne sont que trois personnes sur la Terre à en souffrir. Elle peut manger tout ce qu’elle veut, elle ne prend pas un gramme.

1, 60 mètre pour un peu plus de 25 kilos, un énorme front, des yeux enfoncés dans les orbites, désespérément rachitique , elle a subi les pires moqueries. Toutefois l’amour inconditionnel de ses parents a été un bouclier face aux regards inquisiteurs.

Elle est âgée de dix-sept ans quand elle tombe par hasard sur une vidéo intitulée «  The world’s ugliest woman » ( la femme la plus laide du monde), et il s’agit d’elle !

Sous la vidéo, des centaines de commentaires dégoulinant de haine font chavirer la vie de la jeune fille, nous explique le journal le Monde du 22/03/2015.

Dotée d’une force de caractère hors du commun, elle ira défier uniquement par son optimisme et sa joie de vivre ses détracteurs, et est devenue une conférencière à succès adulée qui prône tout simplement le respect de l’ autre et de la différence.

Face au déferlement d’élections de miss, à la sur-représentation de corps «  parfaits » ou body-buildés, Lizzie la Texane, force l’admiration.

Ambassadrice contre le harcèlement, elle veut aider les enfants victimes de moqueries.

Elle indique que c’est sa mère qui lui a ouvert les yeux sur le fait « que les autres n’avaient peut-être pas une belle vie et faisaient en sorte de blesser d’autres personnes, et que ses documentaires sont pour tout le monde : les enfants qui ont été victimes d’intimidations, les enfants qui intimident les autres, et les parents qui ne sont parfois pas au courant du chemin que traversent leurs enfants. »

La désignation «  la femme la plus laide du monde » est apparue avec Julia Pastrana, née au Mexique en 1834.

Elle aurait été trouvée dans une grotte (mais j’en doute fort), avec sa mère au Mexique, par Théodore LENT. Elle souffrait d’hypertrichose universelle congénitale, autrement dit elle était recouverte de poils.

Elle était en plus affublée d’une hyperplasie gingivale qui lui épaississait les lèvres et les gencives, et d’oreilles anormalement développées. Sans compter une double rangée de dents, assure-t-on. Elle mesurait 1, 34 m.

En tout cas Théodore LENT qui est devenu son mari a trouvé le filon, et l’exhibe dans les foires en Europe et aux Etats-Unis. Il la présente dans les publicités comme « le chaînon manquant entre l’homme et l’orang-outang ! ».

On sait qu’elle était passionnément amoureuse de son mari, qu’elle mettra au monde un enfant, affligé de la même maladie, et mourra quelques jours après le décès de son enfant. ( Est-ce l’enfant de Théodore LENT, ou celui-ci la prostituait-il ? )

L’histoire ne fait que commencer. Théodore LENT fera embaumer les deux corps. Il se remarie avec une femme à barbe qui se produit avec les dépouilles ! Il finira par être interné dans un établissement psychiatrique.

Jusque dans les années 1970, les cadavres embaumés de Julia Pastrana et de son enfant furent montrés au public ! Le gouvernement norvégien finira par interdire cette exhibition, et confisquera les corps. -Ils ont même été volés pendant un  certain temps- . Ces derniers ont été rendus au Mexique, et le 12 février 2013, enterrés en grande pompe dans le pays de naissance de Julia.

Plus de 30 000 fleurs blanches couvraient sa tombe.

Courrier International du 19/02/2013