L’institut national de la statistique et des études économiques (l’INSEE) a publié une étude sur les différenciations des prix à la consommation (selon un certain nombre de critères comprenant notamment le logement, l’alimentation, l’habillement la culture…) en fonction de sa situation géographique en France.

Si sans surprise, habiter en province revient économiquement, nettement moins cher que de vivre sur la capitale, le principal écart concerne les Départements et Régions d’Outremer. Il s’agit de la 4ème étude de la sorte depuis 1985 et la variation des données de ces 30 dernières années semble malgré tout montrer une diminution pour la Réunion et la Guyane et une stagnation pour les Antilles. Pourtant l’écart entre l’outremer et la métropole reste conséquent. En effet selon les chiffres de mars 2015, le niveau général des prix à la consommation vis-à-vis de la métropole est supérieur de 12,5 % en Guadeloupe, 12,3 % en Martinique, 11,6 % en Guyane, et 7,1 % à La Réunion.

Pour mieux se rendre compte de ces écarts, l’INSEE fait la démarche très intéressante de croiser les visions pour faire une comparaison. Ainsi l’institut a posé l’hypothèse pratique d’un ménage originaire de métropole qui fait la démarche de vivre en Outremer (et vice versa) tout en gardant des habitudes de consommation similaires. De combien les dépenses différeraient ?

Prenons l’exemple de la Martinique. Il convient, en se rapportant aux statistiques de l’INSEE, qu’un ménage habitant en métropole, partant à destination de la Martinique, devrait prévoir une augmentation de 17,1% dans son budget de consommation ! A l’inverse, le ménage martiniquais qui partirait à destination de la métropole aurait une baisse dans ses dépenses de – 7,1 %

Si une fois de plus l’inégalité en matière de prix est indubitablement élevée en dépit des territoires ultramarins, comment expliquer de telles écarts ? L’INSEE donne quelques pistes d’explications

Tout d’abord, les écarts de prix sont principalement liés aux produits alimentaires. Ce n’est pas une découverte les aliments, quand bien  même achetés dans des magasins dit « discount » sont très sensiblement supérieurs à la métropole. Les chiffres de 2015 donnent le vertige :  les produits alimentaires sont en moyenne supérieur de 37% à la Réunion ; 42% en Guadeloupe ; 45% en Guyane ; 48% en Martinique.

Autre facteur, il s’agit du domaine de la santé (On prend en compte les prix bruts avant remboursement dans le cadre des services de santés que ce soit les médicaments, appareils médicaux, matériels thérapeutiques…). Les dépenses sont supérieures de 17 % pour les Antilles Guyane et de 12 % pour la Réunion.

Aussi il convient nécessairement de citer l’important retard dans l’accès aux technologies d’informations et de communications (Abonnement Téléphone, internet, Télé). Si vis-à-vis de la métropole les prix pratiqués à la Réunion sont en moyenne 20% supérieurs (ce qui est déjà beaucoup), aux Antilles Guyanes les prix sont (accrochez vous bien) 60 % supérieurs.

En effet selon l’INSEE, si les opérateurs low coast se sont développés en France métropolitaine, il n’en est rien en Outremer. Aujourd’hui les forfaits illimités se sont répandus en Métropole pour des prix extrêmement abordables (comptez 20€ chez certains opérateurs). Aux Antilles il faudra débourser au minimum dans les 80€ pour un abonnement téléphonique (presque) illimité.

Concernant Mayotte, les évènements populaires actuels semblent montrer une population demanderesse de changement. Vis-à-vis de la métropole il est difficile de chiffrer le réel écart l’écart des dépenses à la consommation : « Les prix à Mayotte dépassent de 7 % ceux de la métropole, mais sur un champ de consommation restreint. Les habitudes de consommation des ménages sont sensiblement différentes entre la métropole et Mayotte. Par exemple, les dépenses alimentaires représentent un quart du budget des ménages à Mayotte contre un sixième en métropole. »

Lionel Anselme