Du sexe et des Négresses
Du sexe et des Négresses : une série télévisée brésilienne, montre en toute impunité, quatre femmes noires, évidemment pauvres mais surtout avides de sexe.
Les femmes noires sont systématiquement des victimes. Certains ont pu se demander si ce serait là le rôle définitif qu’est appelée à assumer la femme noire dans la société brésilienne : celui d’une pauvre victime consentante ?
Il est constant que les femmes noires n’ont que deux types de rôles dans les telenovelas brésiliennes; soit elles sont femmes de ménage, soit danseuses de carnaval. Non, la soumission des bonnes et majordomes n’est point subversive, à certains égards, comme l’affirme l’un des protagonistes du film, Le MAJORDOME.
La série Sexo e as Negas ( Le sexe et les Négresses ), – il faut noter que le terme negas est connoté de façon péjorative au Brésil- de la television GLOBO, combine deux rôles. Les actrices sont toujours dans une position de soumission vis-à-vis de leur hiérarchie blanche.
Elles se retrouvent la plupart du temps harcelées par leurs chefs, et ne répondent que par des sourires timides. Mais une nouveauté est instillée : leur passe-temps est la recherche permanente du plaisir sexuel.
Si les héroïnes Zulma, Tilde, Lia et Soraïa, de la banlieue de Rio de Janeiro, tirent le diable par la queue, les affaires de cœur ( de sexe ? ) les taraudent également. Car la série distingue nettement « l’amour romantique » et le « sexe ». Le premier est l’apanage des femmes blanches alors que le second est « la destinée » des femmes noires.
Autre subtilité, le réalisateur ne les fait pas s’exprimer directement, car c’est la patronne d’un salon de coiffure, Jesuina, une femme blanche, qui raconte leurs aventures et mésaventures.
Cet état d’irresponsabilité libidinale, trouve son complément par la valorisation érotique d’un corps qui se satisfait de son paraître.
Dans une autre série, Avenida Brasil, la méchanceté d’une patronne blanche, Carminha, est une garantie du succès de la série. Comme d’ailleurs, dans « I LOVE Paraisopolis », les femmes noires, domestiques, sont constamment rabaissées par leurs maîtresses blanches.
Que doit-on en conclure : y-a-t-il une jouissance perverse à humilier et à mettre en scène des femmes vulnérables et en position de soumission dans des sociétés marquées par l’esclavage ?
La puissance de ces séries télévisées est phénoménale. Alain Foix, dans son ouvrage « Noir : De Toussaint Louverture à Barack Obama » nous dépeint un schéma corporel et mental construit par le blanc pour le noir, et que celui-ci a intégré comme identité de dominé.
Et que dit l’auteur Miguel Falabella ? « Cette série n’est pas construite sur des préjugés. C’est le discours de quatre femmes qui rêvent d’avenir, cherchent l’amour idéal… Mes personnages sont bonnes, cuisinières, domestiques. Et pourquoi cela diminue-t-il leur valeur ? Elles sont noires, pauvres, mais pleines de fantaisie et d’amour. Et surtout elles survivent grâce à l’humour ».
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