Société

Dans l’unique prison de Guyane, on meurt lentement…

Focus sur la Guyane dans Clarin, média argentin basé à Buenos Aires, tiré à 400 000 exemplaires.

La Guyane est associée à la base spatiale de Kourou, lieu idéal pour sa proximité avec l’Equateur. Mais, dans l’imaginaire collectif, cet ancien territoire colonial, limitrophe du Brésil et du Surinam, est connu pour des réalités beaucoup plus sordides, telles que l’esclavage et le sinistre bagne.

La Guyane française est une région d’outre-mer faisant partie de la République française avec deux députés et deux sénateurs la représentant à Paris. Cependant certaines conditions de vie sur place, la ramène à l’ère coloniale.

Des millions de lecteurs du monde entier ont découvert ce territoire grâce au roman autobiographique Papillon (1969) d’Henri Charrière. Dans cette histoire, ensuite adaptée au cinéma, l’auteur a relaté ses mésaventures de prisonnier et ses tentatives d’évasion.

30 ans plus tôt, René Belbenoît avait également connu un succès spectaculaire avec un livre au titre choc : Dry guillotine. Quinze ans chez les morts-vivants. Les condamnés qualifiaient leur prison de « guillotine sèche », parce que cela équivalait pour beaucoup à une peine de mort lente, sans effusion de sang, les maladies et le travail forcé décimant la population carcérale.

La presse française a couvert de manière discrète une nouvelle honteuse sur la Guyane, qui fait revivre de tristes souvenirs. L’inspectrice générale des prisons, Adeline Hazan, a présenté un rapport sévère dans lequel elle dénonçait la détérioration, la saleté et la surpopulation dont sont victimes les détenus de Rémire-Montjoly, la seule prison du territoire.

Jusqu’à six prisonniers confinés dans des cellules de 11 mètres carrés, et l’espace occupé par les lits, la table et la salle de bain réduit. Hazan a parlé d’hygiène «désastreuse», avec des installations dégradées par la dureté du climat tropical. Les hommes se douchent à la vue de tous. Les rats, les cafards et autres insectes campent à l’aise, attirés par les restes de nourriture en décomposition. Les bagarres sont fréquentes en raison de la tension qui prévaut, depuis que les prisonniers, faute d’activités, sont inactifs.

L’inspectrice, qui s’était rendue dans la même prison il y a dix ans et s’était déjà plainte de son état, a exhorté le gouvernement de Paris à agir immédiatement pour remédier à la situation.

Une autre preuve de la négligence dont souffre la Guyane française est le projet étudié par les autorités locales d’engager des médecins cubains pour combler la pénurie chronique de soignants. Cela a été annoncé il y a quelques jours, lors de sa visite à Paris, du Président de la Collectivité territoriale de Guyane, Rodolphe Alexandre.

Il a rencontré l’ambassadeur de Cuba et le vice-ministre de la Santé de la grande île des Caraïbes. « Il y a une réelle urgence à Guyane », a précisé Alexandre, qui a déploré « le désert médical dans lequel nous nous trouvons », et a vanté la qualité des médecins cubains. « Je les ai vus travailler au Brésil et en Haïti », a-t-il déclaré.

Il est prévu d’embaucher une centaine de spécialistes, des chirurgiens-dentistes, des oncologues et des pneumologues… La Havane y est très favorable, l’échange de médecins étant  un apport de devise étrangère précieuse pour l’île.

Pour la grandeur française, le recours à des médecins cubains dans une partie de leur territoire, même d’outre-mer, est une forme d’humiliation.

En tout état de cause, il convient de rappeler qu’en 2005 déjà, Bruxelles avait autorisé la Guyane à recruter du personnel de santé en dehors de l’Union européenne en raison de son éloignement géographique.

Les soucis guyanais ne s’arrêtent pas là. Depuis des années existe une intense controverse en raison d’un projet de mine d’or à ciel ouvert, connu sous le nom de la montagne d’or, par un Russe canadien, au cœur du consortium d’affaires, dans la forêt amazonienne.

Les opposants à ce projet craignent une contamination irréparable par le cyanure et la destruction d’un écosystème florissant, et de surcroît, le considérant comme un mirage de fausse prospérité.

Le président Emmanuel Macron, à qui reviendra le dernier mot, était sceptique, il y a quelques semaines, quant à la viabilité de la mine. Il n’est pas facile de gérer la France, ces temps-ci, en évitant les vieilles inerties colonialistes.

GML

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1 Comment

  1. Amazigh Freeman
    décembre 1, 2019 at 21:31 — Répondre

    J’ai bien lu l’article sur la Guyane française, il faudra améliorer les conditions de vie de la population vivant sur place, car nous sommes tous des humains et nous méritons tous de vivre une vie heureuse pleine d’amour, de piété, de bonheur, dans la joie, la sérénité, en bonne santé et pour longtemps.

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