Musique

Cyril Cinelu : 11 ans après la Star Ac, c’est une renaissance !!!

Cyril Cinelu aborde la trentaine avec une triple expérience de télé réalité, ayant connu la gloire puis les affres de l’anonymat. Il revient sur le devant de la scène avec un petit bijou cosigné par Jocelyne Beroard « Depi Kombien lanné » et nous fait partager son enthousiasme à renouer avec son public.

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97L : Ta carrière débute vraiment en 2004 quand on te découvre dans Zoukamine, un télé crochet martiniquais.

J’ai toujours chanté. J’avais fait des concours de chansons créoles. J’ai commencé au tout début avec le concours Francisco. Sylvanise Pépin m’a prise sous son aile. C’est vrai que j’y participais chaque année, puis à 15 ans j’ai voulu toucher une autre cible et j’ai décidé de participer à Zoukamine futur stars sur ATV. Ce n’était pas ce que je savais faire le mieux, j’aimais le Zouk mais plus à l’écouter ou à danser. J’ai travaillé sur moi sans avoir d’objectif particulier. Ça s’est bien passé même si le retour à la réalité du lundi en tant que lycéen n’était pas évident avec ma voix androgyne et les moqueries subies.

97L : Ensuite la consécration nationale avec la Star Ac en 2006 et des retombées positives et négatives.

C’était une très belle expérience, regardée par des millions de téléspectateurs. Je faisais ce que j’aimais à savoir la variété, des duos avec Lionel Richie, Zucchero, James Blunt… J’étais fier en tant que martiniquais d’être le premier noir à passer les mailles du filet de ce genre d’émissions et en même temps cela m’a fait un peu peur. On m’a appelé le « porte-parole de la communauté ». Je n’avais pas les épaules pour. Surtout qu’avais-je fait pour être affublé d’un tel titre quand on pense à Kassav ?

Et l’envers du décor, c’est aussi beaucoup de contraintes, de choses imposées, d’obligations de contrat. Je voulais travailler un titre antillais, on m’a freiné direct : « Ecoute c’est Universal ! Laisse nous faire » Je n’ai pas eu droit à la parole. Cet album n’était pas moi. J’étais interprète mais je ne me reconnaissais pas dans les titres sauf un duo avec Princess Lover mais en français. Quand l’album est sorti en 2007, le soufflé du succès était retombé et les ventes ont été décevantes même aux Antilles où je n’ai pas été soutenu.
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97L : Tu pars en 2010 en Angleterre et tu participes à X Factor.

Une grosse machine ! Il y a plusieurs étapes à franchir, tout est filmé et le niveau est très bon. Il y a beaucoup d’exigence. Pour dire la vérité, je vivais en Angleterre, et je voulais le faire avec un pote. Il n’a pas été sélectionné mais m’a encouragé à poursuivre. Je précise que personne ne savait que j’avais gagné la Star Ac en France, j’ai passé les castings comme tout le monde. Dans le jury il y avait Louis Walsh, Cheryl Cole et Simon Cowell. J’ai été éliminé en Boot-Camp mais je n’ai pas trop regretté. Couché à 2 h, levé à 7 h, c’est une véritable épreuve de résistance. J’avais déjà donné avec la pression médiatique de la Star Ac.

97L : Ensuite, c’est le trou artistique. Tu as même envisagé d’arrêter ta carrière.

Moi je dirai un trou médiatique artistique. Je suis revenu en France en 2013. Il y a eu des tas d’articles disant que j’avais disparu. Mais j’ai continué à travailler avec Kamel Ouali qui est un ami, j‘ai intégré des troupes, j’ai voyagé. J’ai voulu prendre mon temps et revenir avec quelque chose d’abouti que j’ai composé, que j’aime. Et en 2017, je veux défendre mon single avec deux titres forts et des sonorités créoles.

97L : Justement ton clip « Depi kombien lanné » fait le buzz avec plus de 150 000 vues.

On est parti sur une sortie le 5 mai et il y a eu un couac avec diffusion le 4. Quand on a vu le nombre de partages on s’est dit qu’il se passait quelque chose. C’est un très beau cadeau. Chacun a mis du sien. Le clip est pur, simple, sans artifices. L’équipe et moi nous en sommes très contents.

97L : Qui compose ton staff ?

Ce ne sont que des amis. J’avais créé la mélodie en 2011 je l’ai envoyée à Jocelyne qui m’a répondu dans la semaine avec un texte. Mais ce n’est qu’en février de cette année que j’ai contacté Frederic Wurtz. Il a mis en place une session studio le 15 mars et a travaillé en amont avec les musiciens, moi j’ai enregistré un samedi. Et pour poursuivre dans ma folie, j’ai demandé à Jocelyne de participer au clip. J’avais pensé à Firmine Richard aussi mais elle était sur un tournage. Jocelyne s’est montrée d’une gentillesse et d’une patience extraordinaire. Elle écoutait toutes les directives du directeur artistique Mike Fédée. Il y a Ludivine Retory, Ludovic Lisee, Guillaume Ruffin… J’ai été entouré de personnes qui ont cru dans mon projet, en mon talent.

97L : Le créole est-ce un choix délibéré ?

Jocelyne c’est la défenseure des textes en créole, donc je ne peux pas lui demander d’écrire en français alors que la mélodie pourrait accompagner à priori la langue de Molière. L’important est que les antillais se reconnaissent dans les paroles. Il se trouve que les propos sont sublimes en créole. Je ne peux que lui dire merci.

Depuis 15 jours, il y a des retours de personnes qui me disent : « C’est génial, en écoutant ce titre je pense à ma maman qui n’est plus là ». Si ça peut les aider tant mieux mais je tiens aussi à dire que ce n’est pas un titre pour la fête des mères. C’est un message qui pense aux prisonniers et à leurs familles. Jocelyne a identifié un jeune enfermé qui écrit à sa mère. Il a envie de lui demander pardon, il regrette d’avoir joué au caïd. Dans nos sociétés on parle souvent d’amour maternel mais que se passe-t-il quand on déçoit celle qui vous a mis au monde ?

97L  : Le clip en noir et blanc semble doux, pourtant il parle de violence.

Tout à fait. Au début ça va, puis il y a une scène entre l’adolescent et sa mère où c’est conflictuel. Il secoue la tête ça ne va plus et la maman est là pour le rassurer. Sur Facebook, les gens me disent : « Qu’est ce que c’est triste ! » Moi je réponds : « Mais non, l’important c’est l’espoir, c’est que la mère soit là pour son fils ». Chacun y trouve son histoire et l’interprète selon son vécu.

97L : On est très loin de la Star Ac et de sa machine médiatique…

Qu’importe ! L’important c’est d’être passionné. Pour revenir 11 ans après, il faut avoir envie. Et on se forge le caractère. Pour tout dire, je ne regrette rien. A l’époque de Zoukamine, les critiques me faisaient mal. Puis on a dit tellement de bêtises sur moi après la Star Ac. Il faut comprendre que j’ai aussi vécu en dehors. Ma carrière ne se résume pas à des passages à la télévision.

J’ai plein de projets. Je pars en Martinique, du live est prévu mais j’ai envie de prendre mon temps. C’est une espèce de renaissance, je recommence à zéro, en allant de l’avant sans avoir rien à prouver. Je fais des reprises, je reprends des cours de chant. Je fais ce qui me plait, entouré par des gens qui m’apprécient, je suis heureux, la vie est belle.

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Joël DIN

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