Société

Chez les démocrates aux USA, le mot « réparation » ne fait plus ricaner

A moins d’un an des primaires pour 2020, des démocrates prennent position pour des réparations en faveur des Noirs américains. Le mouvement Black lives maters et l’importance du vote noir n’y sont pas pour rien sachant que dans les mois à venir, ces mêmes défenseurs doivent s’attendre à subir d’immenses pressions pour qu’ils reviennent sur leur propos. Car une majorité écrasante y est toujours opposée, un sondage Kaiser-CNN de 2015 révèlant que 77% des américains ne souhaitent pas que l’on indemnise les descendants d’esclaves.

Pour Obama « facile de faire valoir l’argument théorique. Mais dans la pratique, il est inimaginable dans l’histoire de l’humanité qu’une population majoritaire, suite à des torts, cède volontairement une grande partie de ses ressources à ses opprimés. »

En 2007, il avait refusé de réclamer des réparations pour les descendants d’esclaves en se présentant à la présidence, arguant au NAACP que certains se considéreraient alors comme quittes et non redevables du respect des lois anti-discrimination et opposés à l’amélioration de l’éducation publique.

En 2016, ni Hillary Clinton ni Bernie Sanders n’avaient soutenu l’idée de réparation, proposant l’accès aux universités et une couverture médicale pour tous. Sanders déclarait : « Tout d’abord, les chances de vote au Congrès sont nulles et je pense que ce serait une source de division pour le pays. »
Mais les temps ont changé.

Quatre candidats à l’investiture démocrate ont exprimé leur soutien à une forme de réparation spécifiquement destinée aux Afro-Américains : Elizabeth Warren, Kamala Harris, Julián Castro et Marianne Williamson, mettant la pression sur les autres plus timorés à ce sujet.


Le terme de «réparation» donne lieu à des interprétations tres différentes. Certains imaginent un versement individuel aux Afro-Américains, d’autres envisagent des investissements spécifiques vers les communautés de couleur. Mais le fait que des candidats soient disposés à employer ce terme après que des générations d’élus démocrates y soient allergiques témoigne tout de même d’un changement radical. « L’idée ne fait plus ricaner » résume l’écrivain Ta-Nehisi Coates.

Alexandria Ocasio-Cortez, la plus jeune représentante jamais élue au Congrès américain, a exprimé son soutien à l’idée de réparations. “Les gens croient que ces réparations sont pour l’esclavage, mais en réalité elles correspondraient surtout aux dommages causés par le New Deal aggravant les inégalités résultant de l’héritage de l’esclavage et le redlining, pratique discriminatoire refusant les hypothèques dans les zones pauvres souvent non blanches ».

Elisabeth Warren a pris le train en marche. « Nous devons faire face à la sombre histoire de l’esclavage, qui a eu de nombreuses conséquences, notamment en sapant la capacité des familles noires à créer de la richesse en Amérique pendant des générations », dans un communiqué au New York Times. « Nous avons besoin de changements structurels pour remédier à cela. »

Julian Castro a déclaré être favorable aux réparations. « Je pense depuis longtemps que ce pays devrait résoudre son péché originel d’esclavage, et que l’une des façons de le faire est de réparer les dommages causés aux personnes qui sont les descendants d’esclaves » a déclaré l’ancien secrétaire d’Etat au Logement.

Interrogée lors d’une emission radio à savoir si elle était favorable à «une forme de réparation pour les Noirs», Kamala Harris a répondu positivement. « Nous devons être honnêtes, les gens de ce pays ne partent pas sur un pied d’égalité… Nous devons le reconnaître et donner un coup de pouce aux collèges et universités noirs. « 

L’obscure démocrate Williamson, est la seule à  proposer un investissement de 100 milliards de dollars sur 10 ans. « Le problème noir n’est pas quelque chose que je viens de découvrir… Je parlais de cela bien avant que la tendance n’arrive ».

Dans l’autre camp, les républicains, soutenus par la population, ne manqueront pas d’utiliser ce débat pour présenter les démocrates comme des extrémistes déconnectés de la réalité. Mark Steyn sur Fox argumente : « L’esclavage a été aboli il y a un siècle et demi et personne en vie aujourd’hui n’a un grand-parent qui était esclave… Le problème des réparations finit par devenir ridicule… ».

 

d’apres un article du Washington Post « Will supporting reparations become a new litmus test for Democrats in 2020 ? »

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