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Carnaval ou chaos : il est temps de choisir

Police Nationale Carnaval ou chaos : il est temps de choisir

Pointe-à-Pitre ne peut pas être l’otage d’une minorité qui confond fête et affrontement.
Un carnaval qui se transforme en champ de bataille n’est plus un carnaval, c’est une menace pour notre sécurité collective.

Face à l’irresponsabilité grandissante, face à des bandes qui sèment la terreur, face aux parents qui ont déserté leur rôle, devons-nous continuer à faire semblant ?

À quoi bon organiser un carnaval si c’est pour compter les blessés, les morts et les larmes ?

Peut-être que nous devrions suspendre le carnaval pour rappeler à chacun ses responsabilités.
Parce que la fête ne peut pas être un alibi pour le chaos.

Que chacun prenne conscience : le carnaval appartient à ceux qui le respectent, pas à ceux qui le détruisent.

“Sans respect, pas de carnaval.
Sans conscience, pas de tolérance.”

Le carnaval de Pointe-à-Pitre est une tradition profondément ancrée dans notre culture, un moment de partage, d’expression et de fierté. Il est l’âme d’un peuple, un espace de création et de libération. Mais aujourd’hui, cette fête, qui devrait être un symbole de joie, devient trop souvent une scène de violences inacceptables.

Quand le bruit des tambours est couvert par le fracas des affrontements, quand les rues ne résonnent plus seulement des rires et des chants, mais aussi des cris de détresse, alors il est légitime de se poser une question : le carnaval a-t-il encore un sens s’il devient un prétexte au chaos ?

Un constat alarmant : la violence s’invite dans la fête et dans toutes les fêtes d’ailleurs.
Chaque année, la ville de Pointe-à-Pitre met tout en œuvre pour que le carnaval se déroule dans les meilleures conditions. Les services municipaux, la préfecture, la police nationale, les pompiers, les associations de sécurité et les organisateurs redoublent d’efforts pour assurer un cadre sécurisé. Nous réparons les routes, nous améliorons l’éclairage, nous mobilisons des moyens humains et matériels considérables.

Et pourtant, malgré ces efforts, une réalité s’impose : des bandes se forment, des affrontements éclatent, des armes circulent, des jeunes consomment alcool et drogue sans aucune limite, et la violence devient omniprésente. Pire encore, cette escalade ne touche pas seulement les participants aux conflits, mais aussi des innocents pris au piège de ces dérives.

Comment en sommes-nous arrivés là ?

L’éducation vacille, l’autorité parentale s’efface, la responsabilité individuelle disparaît. Trop de parents se déchargent sur l’État, sur la municipalité, sur l’école, espérant que d’autres feront à leur place ce qui relève pourtant de leur devoir premier : éduquer, encadrer, transmettre des valeurs de respect et de civisme.

Le service militaire peut-il être la solution ?

Et si on essayait un « SNU » à vertu militaire obligatoire pour les 15-17 ans et le Service Militaire obligatoire pour tous les qui n’atteigneraient pas un niveau scolaire à Bac + 3.

Et au cœur de cette dérive, un constat nous frappe : les jeunes filles sont de plus en plus présentes dans ces affrontements. Lorsqu’elles ne se battent pas elles-mêmes, elles encouragent les garçons, les poussent à aller toujours plus loin dans la violence, souvent à l’initiative des batailles de rue. Nous assistons à une inversion troublante des comportements : alors que la société se bat pour la reconnaissance et l’émancipation des femmes, comment comprendre que certaines d’entre elles adoptent des attitudes qui relèvent d’une brutalité autrefois associée aux pires travers des hommes ?

Que signifie aujourd’hui la force de la femme ? Si c’est pour reproduire, voire amplifier, les dérives masculines d’hier, alors quel progrès avons-nous réellement accompli ? Comment espérer un avenir apaisé lorsque celles qui, demain, donneront naissance aux générations futures, se laissent happer par ces spirales destructrices ? Quelle transmission, quelles valeurs, quelle société construisons-nous ainsi ?

La responsabilité est collective, la solution doit l’être aussi

Organiser un carnaval ne se limite pas à mettre en place un dispositif technique et logistique. Un carnaval réussi, c’est un carnaval où chacun prend sa part de responsabilité : les autorités en assurant la sécurité, les organisateurs en veillant au bon déroulement, mais surtout les citoyens en se comportant avec respect et discernement.

Or, nous devons le dire avec force : il est des choses que ni un maire, ni un préfet, ni un policier ne peuvent réparer. Nous ne pouvons pas recréer les liens familiaux brisés, nous ne pouvons pas remplacer l’éducation absente, nous ne pouvons pas imposer à chacun le sens du respect et de la dignité. Cela relève d’un sursaut collectif, d’une prise de conscience urgente et nécessaire.

Suspendre pour reconstruire : une décision radicale mais nécessaire

Face à cette situation, nous devons poser une question qui dérange : Pointe-à-Pitre doit-elle encore organiser un carnaval ?

Le passé est un excellent professeur. L’histoire nous enseigne que parfois, pour préserver l’essence d’une tradition, il faut savoir marquer un temps d’arrêt. L’exemple du football anglais est frappant : après des années de violences et de hooliganisme, une mesure extrême a été prise dans les années 1980 : la suspension des clubs anglais des compétitions européennes. Cette décision, aussi douloureuse qu’impopulaire à l’époque, a permis une véritable révolution des mentalités. Aujourd’hui, le football anglais est synonyme de ferveur et de passion, mais sans les débordements d’autrefois.

Faut-il en arriver là pour sauver notre carnaval ? Devons-nous suspendre la fête pour redonner du sens à la tradition ?

Refusons de rester spectateurs d’un drame annoncé.
Refusons d’attendre qu’un soir de carnaval vire au carnage, qu’un affrontement dégénère en bain de sang, pour enfin ouvrir les yeux.

Si la situation continue de se dégrader, alors oui, nous devons prendre nos responsabilités et prendre la décision de suspendre l’organisation du carnaval à Pointe-à-Pitre.
Ce ne sera pas une punition, mais cette décision aura au moins pour avantage d’envoyer un signal fort à chacun : un carnaval ne se décrète pas, il se mérite.

Un appel à la conscience collective

Certes, personne ne souhaite en arriver là. Mais pour éviter cette issue, il faut que chacun, dès aujourd’hui, prenne conscience de son rôle. Que les parents encadrent leurs enfants, que les jeunes comprennent qu’ils jouent avec leur avenir, que la société entière se lève pour dire non à cette spirale de violence.

Nous voulons un carnaval où l’on danse, où l’on chante, où l’on célèbre notre culture, pas un carnaval où l’on pleure nos victimes.

Alors, que chacun se pose cette question : sommes-nous prêts à sacrifier notre carnaval pour des comportements irresponsables ?

Si nous voulons sauver notre fête, nous devons d’abord sauver nos valeurs.

Le carnaval appartient à ceux qui le respectent, pas à ceux qui le détruisent.

Henri ANGÉLIQUE
Maire Adjoint de la Ville de Pointe-à-Pitre
Conseiller Départemental
Président du SDIS de Guadeloupe

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1 Comment

  1. Moy
    mars 31, 2025 at 13:22 — Répondre

    C’est une réflexion très pertinente qui mérite d’être pris en compte le plutôt possible par les autorités, au risque de se retrouver en réaction et là, on sait tous que ce sera trop tard.

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