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BIENTÔT UN MUSÉE DU MARRONNAGE A MAURICE ?

Située sur la pointe du Sud-Ouest de l’île de Maurice, plus communément appelée « le Sud sauvage », la montagne du Morne Brabant (556 m) a été un haut lieu du marronnage à Maurice durant la période de l’esclavage avec des noms tels Bellaca, Sans Souci et Barbe Blanche.

Le Morne Brabant a été proclamé patrimoine national en janvier 2006. Classé depuis juillet 2008 comme patrimoine mondial de l’UNESCO, le site draine dans son sillage une mémoire collective que le gouvernement mauricien a souhaité préserver de l’oubli par le biais d’une fondation créée en 2004 le « Morne Heritage Trust Fund »  et réfléchit  à la création d’un musée sur l’esclavage pour mettre ainsi en avant le marronnage et encourager les projets de recherche et publications liés à l’esclavage.

Krish Seetah de université de Stanford effectue des analyses ADN au Morne.

Krish Seetah de l’université de Stanford effectue des analyses ADN sur les corps d’esclaves au Morne depuis 2008.

L’île Maurice a joué un rôle important en tant que centre du commerce d’esclaves pour l’océan Indien aux 18e et 19e siècles, les marchands français emmenant aux Mascareignes des esclaves de Madagascar, du Mozambique, de la côte Swahili.
Les oppositions à l’esclavage ont pris de nombreuses formes, le marronnage en étant la forme la plus célèbre. On retrouve des esclaves fugitifs dès la période hollandaise (1638-1710). Episode peu connu, la Compagnie hollandaise abandonna l’île en 1710 : les colons et les esclaves évacués à Jakarta – sauf deux, marrons depuis cinq ans – . Puis avec la colonisation française de l’île Maurice en 1721, malgré les punitions sévères (la marque au fer, la flagellation, les mutilations diverses et très souvent le peine de mort) les attendant en cas de capture, on estime dans les années 1770 la population maronne de 4 à 5% de la population de l’île, ce chiffre montant à 11-13% dans les années 1820.

Plusieurs visiteurs à l’île tels Bernardin de Saint Pierre, Georges Clark, Nicholas Pike, ont mentionné la présence de marrons sur le Morne Brabant. Des documents historiques font part d’attaques des colons et de leurs plantations. Un mythe non démenti à ce jour fait état d’un suicide collectif à son sommet : des esclaves pourchassés auraient choisi d’y mourir plutôt que se laisser capturer.

Une plaque a été déposée devant un arbre où les esclaves venaient danser le Séga. Cependant la montagne en partie privée est occupée sur la partie basse par des villas de luxe. Nul doute que les tractations pour une éventuelle construction d’un musée seront difficiles.

stele esclave

 

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Joël DIN

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