Anssumane Vieira Fati, né en Guinée-Bissau est le plus jeune joueur à marquer un but pour l’Espagne. Lu Forn dans le quotidien Catalan El Nacional, créé en 2015, s’amuse des réactions ambiguës de certains supporters espagnol avec le titre « Ansu Fati es español, español, español ».

Juanito, le grand skieur espagnol Juanito Mülegg, quand on a découvert qu’il gagnait des médailles parce qu’il était plus que dopé, est simplement devenu « Johann Mühlegg, l’Allemand ». Et être allemand ici n’est pas très grave. Nous sommes très favorables aux immigrants allemands blonds car avec eux vous êtes en confiance, ils sont agréables à regarder, ils ne sont généralement pas pauvres et en se mettant en couple avec les autochtones, ils régénèrent la race. Par contre, Ansu Fati est lui un coups bas. Très bas.

Permettez-moi de me présenter, je suis Pepe Voxrolos et je ne suis pas raciste, mais… (Vous savez ce que cela signifie l’expression «je ne suis pas raciste, mais»). En bon Espagnol, je supporte toujours la « roja ». Bien que ce rouge me dérange beaucoup. Je ne suis pas faciste, mais il faut reconnaître que Franco a fait beaucoup en comblant les marécages et en mettant en place la sécurité sociale. Donc appeler notre équipe « rouge » est une faute. Que deviendrions-nous entre les mains d’un gouvernement socialo-communiste de l’ETA, de traîtres putschistes… ?

Je suis très content car notre équipe, celle d’Espagne, a remporté hier dimanche son match contre l’Ukraine avec facilité. Mais aussi parce qu’Ansu Fati a fait ses débuts et a montré qu’il pouvait nous apporter moult succès et titres. Il pourra le faire pendant de nombreuses années car il est encore très jeune. C’est une bonne nouvelle. Et ce, tant que Guardiola ne fait pas de la politique. Parce que nous, nous ne faisons pas de politique. Eux oui.

Maintenant, comme vous l’avez déjà deviné, mon bonheur n’est pas complet. D’abord parce que ce garçon joue pour le Barça, une équipe pas très espagnole. En second lieu, parce qu’il est un immigré. Un de ceux qui viennent prendre nos emplois, squatter nos maisons et violer nos femmes. Il a la peau foncée ! Ceux que nous avons nommé « negrito » toute notre vie, chose qui maintenant ne peut plus être dite à cause de l’idéologie ambiante. Un de ces « negritos » qui avant vous souriaient benoîtement, heureux même pauvres, et qui réclament maintenant des droits. Mais troisièmement, et le pire de tout, c’est que son père, en plus d’être noir, bien sûr… est communiste !!!

La famille d’Ansu Fati est originaire de Guinée-Bissau. Son père a entendu parler de Marinaleda, une commune de la province de Séville où il pourrait peut-être trouver du travail. Et il a postulé. Comme il avait le permis de conduire, le maire l’a fait embaucher pour conduire le camion poubelle d’Herrera, une ville à dizaine de kilomètres de là. Plus tard, son père a travaillé pour l’AVE la Alta Velocidad Española, le service de transport ferroviaire et a pu faire venir sa famille. (Ansu y passe son enfance à partir de ses 6 ans et commence le football au CDF Herrera, puis au FC Séville ndlr).

Vous me demandez pourquoi j’affirme que M. Fati est un communiste ? Hombre !!! Le maire de Marinaleda est Manuel Sánchez Gordillo, un dangereux communiste, nationaliste andalou, défenseur de la cause ouvrière et protecteur de squats. Et il porte une barbe !!! … Non, j’enlève la barbe, maintenant tout le monde en porte. Gordillo, est un communiste de la classe ouvrière avec une barbe, auteur de troubles à l’ordre public.

C’est terrible ! Cauchemardesque ! Celui qui doit illuminer nos nuits de gloire en hurlant « España, España » jusqu’à ce que nous soyons aphones et sans souffle… Il s’avère qu’il est espagnol parce qu’un communiste a accueilli son père, un immigré noir et pauvre…