Société

« 22 assassinats en 8 mois, du jamais vu en Martinique »

La prise de parole de Serge Letchimy sur le climat de violence régnant en Martinique.

« 22 assassinats en à peine 8 mois, c’est du jamais vu et du jamais connu en Martinique… L’avant dernier, un artiste guadeloupéen, par balles… Il y a un vrai problème. Il faut absolument une forte implication et que l’Etat puisse entendre que nous ne pouvons pas accepter et le mot est très fort, la rupture d’égalité de traitement vis à vis de la Martinique de la Guadeloupe et de la Guyane.

Aujourd’hui le ministre de l’intérieur peut dire qu’en terme de normes on a muté des tas de personnes, qu’on a assez de brigades… Je ne suis pas sur cette ligne. Je respecte les institutions mais « lè ou adan on sitiasyon » qui n’a absolument rien à voir avec le niveau national, on doit intervenir.
Le premier problème c’est le trafic de drogue associé au trafic d’armes. Est-ce qu’on a le courage de l’aborder nous aussi, de ne pas laisser l’état apporter des réponses et d’exiger des solutions ?

Tous les rapports sont clairs. Le trafic d’armes est associé au trafic de drogue et se fait dans le bassin de la Caraïbe et notamment en connexion avec deux ou trois pays comme le Venezuela, les États Unis, les pays limitrophes dont Ste Lucie.

La violence dans notre pays est majoritairement lié aux armes et aux drogues. Donc si on le sait pourquoi l’Etat n’agit pas ?

Il n’y a pas de radar pour surveiller les côtes de la Martinique, ça a été promis il y a 15 ans. Il n’y a aucun système de contrôle efficace en mer pour gérer les canots au Nord et au Sud, de la Dominique et de Sainte-Lucie. Ce qu’on prend on le brandit mais ce qui circule on ne le dit pas. Et les échanges se font en pleine mer avec des bateaux qui viennent écouler des productions de poisson en Martinique.

Est-ce qu’on a le courage de le dire oui ou non ? Et est-ce que vous avez le courage de le dire avec moi, avec nous et à ce moment imposer à l’Etat de respecter ses engagements ?

Nous avons actuellement une situation qui fait que je ne crois pas que la solution « déposez les armes » soit hyper efficace. Je pense honnêtement qu’il faut entrer dans une perspective de diplomatie locale et notamment de justice partagée, de contact avec les pays voisins pour maîtriser les flux de trafiquants. Il n’y a pas de magistrat chargé de la coopération, chose demandée depuis très longtemps. Il est aussi demandé une brigade spécialisée pour travailler sur les réseaux sociaux car des armes se vendent par internet en Martinique…

Nous devons aussi travailler de notre côté. Ce n’est pas la responsabilité première de la collectivité mais ce serait lâche de dire qu’on ne sait pas que beaucoup arrive par le Prêcheur, une communauté qu’il ne faut surtout pas stigmatiser. Comment accompagner le Nord le maire, comment travailler sur l’insertion, l’accueil, l’orientation ?

Il faut rédiger et construire avec l’état les  collectivités les mairies, les associations un dispositif qui puisse nous permettre d’attaquer de front ce malheur qui est en train de nous arriver. Ne soyez pas spectateurs de cela. Soyons dans une dynamique d’action ».
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