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VIVIANE ROMANA : NOUS DEVONS PRENDRE NOTRE PLACE DANS LA CITE

Viviane Romana, numéro 2 sur la liste PS dans la Seine Saint-Denis après Claude Bartolone multiplie les déplacements dans la région parisienne auprès des associations. Rencontre avec une doctoresse militante et politique.

Pouvez-vous vous présenter pour nos lecteurs ?

Je suis une guadeloupéenne arrivée de son île en 1981 pour faire des études et depuis je suis restée. J’ai un doctorat de psychologie clinique et de psychopathologie spécialisée dans une discipline appelée l’ethnopsychiatrie.

J’ai découvert les sociétés post esclavagistes, l’impact de l’esclavage sur la fabrication des familles. Mon métier m’a permis de rencontrer des familles issues de l’immigration dans les quartiers en difficulté. Mon quotidien est d’intervenir dans le cadre de la politique de la ville sur les questions de réussite éducative et de soutien à la parentalité.

J’étais présidente d’une petite association Bwa Fouyé dans laquelle nous réfléchissions aux questions identitaires. Nous avons collaboré à la marche de 1998. C’était un coup d’essai, ce fut un coup de maître : 40 000 personnes dans les rues puis la création du Comité marche du 23 mai 1998. Là a commencé une lutte avec la République et les présidents de droite comme de gauche ont fini par admettre et reconnaître la mémoire des victimes de l’esclavage colonial.

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L’entrée en politique, une suite logique ou un hasard ?

C’est lié à mon engagement associatif. Nous avons compris qu’il fallait effectuer des démarches auprès des politiques surtout quand ils ont les oreilles ouvertes c’est à dire au moment des élections. Nous avons approché la Région Ile de France en 2010 et nous avons rencontré Jean Paul Huchon qui s’était montré sensibilisé à notre cause. Au cours d’un dîner nous avons évoqué notre combat. Il avait besoin d’une femme et m’a fait la proposition de le rejoindre sur sa liste. J’avoue qu’au départ je n’avais aucune idée de ce que ça pouvait être puisque je venais de la société civile. Je pensais me retrouver en fin de liste et finalement je me suis retrouvée en position éligible. A ce moment je suis entrée dans une autre dynamique que celle associative.

C’est une expérience que je ne regrette absolument pas, extrêmement riche parce que j’apporte ma pierre à l’une des premières collectivités d’Europe : c’est une grosse machine avec une série de collaborateurs dans des services compétents pour les transports, les lycées, la culture, l’enseignement supérieur, le logement. Le mot d’ordre de la campagne de 2010 sur le bouclier social m’a convaincu : la région s’engageait pour que les franciliens puissent supporter cette crise qui était déjà là avec des mesures comme le Pass Navigo à tarif unique. Il a fallu financer cette mesure. L’autre engagement de la région bien que ce ne soit pas sa compétence première est l’aide aux villes pour la création de logements sociaux.

Vous êtes éligible dans le 93. Que pouvez vous apporter à notre communauté ?

Je pense que la communauté doit être fière de ma place. Pas parce que je suis exceptionnelle mais c’est le symbole que nous pouvons y arriver et participer aux prises de décision. Nous avons à prendre notre place dans la cité. Ce siège qui m’est accordé est la reconnaissance qu’on ne peut pas faire une élection sans nous, que nous ne pouvons rester silencieux. Il y a 12 millions de franciliens, nous représentons 20 %.

Je fais un tour des associations d’Ile de France et je défends la valorisation de nos cultures. Le 17 novembre nous rencontrerons les candidats avec les Présidents d’association et les personnalités. Nos associations ont à cœur de transmettre le folklore, notre patrimoine et je me dis que c’est un entre-soit. Il faudrait qu’on arrive à toucher d’autres franciliens, non originaires des Outre-mer et en faire un événement incontournable. C’est ce projet que je veux construire. Si nous faisons un appel à projets pour la valorisation de notre culture et qu’on lui donne cette dimension francilienne voire nationale, la Région peut s’engager. Nos associations peuvent se fédérer dans un projet commun.

Pendant la mandature 2010-2015, j’ai été aussi approchée par des réseaux d’entrepreneurs. Et bien sur la Région est là pour aider les petites entreprises. L’idée est de faire remonter aux candidats leurs demandes, leurs revendications. Tous cherchent une forme de reconnaissance et ils ont envie que cela se sache.  Enfin je suis particulièrement impliquée pour tout ce qui concerne la jeunesse. En dehors de l’emploi qui est la préoccupation de tous, la notre a une spécificité  : sa mobilité, et l’aide au retour dans le département d’origine en partenariat avec les régions Guadeloupe et Réunion et les collectivités Martinique et Guyane. Nous cherchons à ce qu’on travaille main dans la main à savoir : le Ministère des Outre-mer, la Délégation Interministérielle à l’Egalité des chances, la  Délégation générale de l’Outre-mer à Paris et la Région. On réfléchit à la manière de structurer tout cela pour aider les initiatives les plus méritantes.

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Comment va la Guadeloupe selon vous ?

J’ai eu cette chance de faire partie du voyage présidentiel en mai dernier. J’ai pu assister aux différents entretiens : nous avons été à Saint Martin, en Martinique, en Guadeloupe. Je connaissais les difficultés économiques de ces départements mais j’ai pu les toucher du doigt. Il a été confié à Victorin Lurel une mission pour l’égalité réelle, il s’agit en fait d’un rattrapage économique. Ce qui se joue c’est faire en sorte que les investissements soient productifs dans les outre-mer. Il y a un président de région qui prend des mesures qui je le crois seront efficaces à long terme en s’appuyant sur les emplois jeunes et le partenariat avec les entreprises. La Guadeloupe peut espérer un devenir meilleur.

En cas de défaite de la gauche, promettez-vous d’être constructive ?

Je suis Conseillère municipale à Saint Denis et dans l’opposition. C’est l’expérience que nous avons pour tous les projets qui nous semblent constructifs, nous répondons présent.  Nous sommes là pour rappeler ce qui ne va pas et ce qui est remonté par la population. Je travaille sur le secteur des solidarités je peux vous dire que devant la misère sociale il n’y a pas d’opposition.

Dans tous les cas de figure, je serai là pour notre communauté et soutenir ses projets.

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Joël DIN

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3 Comments

  1. novembre 12, 2015 at 22:25 — Répondre

    Prendre sa place dans la cité de l’autre… ces Domiens alors.

  2. avril 7, 2016 at 23:13 — Répondre

    La formule fait absolument envie. Le tout est en plus vraiment très bien écrit. Super!

  3. avril 27, 2016 at 21:11 — Répondre

    Un témoignage bien agréable à découvrir. Merci pour les infos !

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