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Une Comédie doudouiste qui coûte un peu cher à la Guadeloupe

All INCLUSIVE – Réalisation : Fabien Oteniante
Genre : Comédie doudouisme

Orly Ouest, Bruno ( Francois-Xavier Demaison) quadra gagne un voyage en lune « 2 » miel avec sa compagne Polama ( Maïwenn), une semaine dans un ressort en Guadeloupe. Le passeport de Madame étant périmé, il embarque seul, brisé par sa femme qui lui fait le bilan catastrophique de leur couple à l’enregistrement.
Bruno part seul ? Pas vraiment, il fait la rencontre de Jean Paul Cisse (Franck Dubosc), personnage mystérieux vêtu d’une doudoune rouge et de différents protagonistes en quête de soleil, plage, palmiers, rhum, zouk, d’amour, de rencontres, de pseudo maison de retraite au soleil, et tout cela bien entendu à l’hôtel Princess.

Et l’expression « All Inclusive » prend tout son sens. Car tout est inclus dans ce 1h35 de comédie crétine. Un scénario avec tous les codes de la beauf attitude, de la lourdeur présents chez les vacanciers à la semaine (Lulu et Jean-Paul étant les plus beaux et gratinés du séjour) et les artistes locaux. Et oui sans eux pas d’histoire. Admiral T en voyou pointois épaulé de sa bande, faisant choux gras après avoir dépouillé Franck Dubosc de sa carte de retrait code 000…0, solde créditeur : 37 euros.

On pourrait s’arrêter là ! Mais non continuons dixit Admiral T « Ouvre la bouche t’as pas d’or sur les dents » en créole surtout ! Parce que ici c’est Gwada ! Le médium dans le zion avec son ami rasta, l’infirmière à la voix chantante tout comme les hôtesses d’accueil du Princess, l’imitation d’accent antillais…

Dîner aux chandelles, cascades à répétition sur le sable, soirée blanche pour la nouvelle année, serviettes de table ou objet en forme de phallus sur les assiettes, l’aqua gym, l’animateur dragueur pour ne pas dire autre chose, qui s’impose un quota par saison de 48 vacancières : « Tu veux être la 49 neuvième ? Oui tout y est ».

Techniquement, les plans manquent d’originalité, ils se succèdent les uns après les autres durant plus d’une heure certainement le concept tout inclus.

Notons le manque de recherche sur notre patrimoine sociologique. Lorsqu’un réalisateur/scénariste décide de poser son histoire dans une partie du globe qui se trouve culturellement éloignée de sa zone de confort, la moindre des choses est d’ouvrir quelques livres ou de faire un petit travail de recherche sur les codes, us et coutumes. Fabien Oteniante sous couvert du cachet de la Région nous délivre un film à la limite du racisme ordinaire que la France aime tant nous affliger. Le hic c’est que cette fois-ci nous finançons notre propre flagellation… Aliénation ! Il serait intéressant que nos sociologues se penchent sur ce film, et sur l’image de l’île et de la population antillaise qu’il transmet.

La légèreté des responsables de la culture de la Région Guadeloupe ou la fainéantise, peut être, de ne pas avoir ouvert le scénario pour expliquer à monsieur Oteniante, que notre argent n’est plus là pour acheter du bois d’ébène, pendant que d’autres réalisateurs et comédiens de chez nous peinent à exister. Nous montrons le genre de films que nous produisons où les claques raciales pleuvent comme des sucres à coco… Avis à tous les réalisateurs d’ici : Nous finançons ALL INCLUSIVE comme tout le reste des projets dénigrants fainéants.

Il y a une motivation socio-culturelle de l’hexagone de ne pas vouloir faire exister les réalisateurs, scénaristes comédiens de notre île. Et cela doit cesser. La seule chose qui nous reste est de faire émerger, de chez nous, tous ces acteurs pour les amener à maturité, le but étant d’être incontournable sur le marché national voir international.

Nous avons donné et donnons de très beaux films porteurs de l’image de la Guadeloupe. All Inclusive n’est pas de ceux la. Il n’est qu’un projet commercial sans envergure, sans âme où les personnages interprétés par les comédiens locaux sont totalement désincarnés.

Que dire du réceptionniste au bonnet de Noël avec sa voix chantante omniprésente à la limite de l’Oncle Tom… peut être est-ce voulu. Que faut-il comprendre de cet animateur, descendant direct de Popeye des Bronzés ? Une semaine de vacances découpée jour par jour sur 1h35 c’est long… très long, surtout lorsque que le son est médiocre, les images et les plans sont pauvres, et que le scénario est vide et réchauffé.

Alors oui All inclusive sera un succès mais un succès qui coûte un peu cher à la Guadeloupe pour un résultat pauvre au final.

Cher car financé par la région à hauteur de 300.000 euros, quand on sait que les réalisateurs de l’île mènent un combat pour faire leurs films, que les techniciens travaillent comme des forcenés juste pour s’entendre dire en fin de tournage « Ha nous sommes agréablement surpris, on ne pensait pas, quelle surprise ! » techniciens qui au passage maîtrisent pour la plupart trois langues, le créole, le français et l’anglais, formés en France, au Canada et aux USA.

Cher car association sera faite avec la Guadeloupe et pas la meilleur : le faible niveau technique, scénaristique, la direction des acteurs locaux vont être associés directement à la Guadeloupe. Guadeloupe que ce film met au plus bas.

La mission, entre autre, du bureau d’accueil des tournages en Guadeloupe est de faire découvrir de promouvoir au plus grand nombre, notre identité, encore une fois nos us et coutumes, le tourisme. Et c’est une mission majeure. Mais All Inclusive nous montre tout le contraire de cette dite mission.

Arrêtons les faux semblants ! A qui la faute ? A nous bien sûr. Nous nous sommes tirés une balle dans le pied. Le jour où le cinéma guadeloupéen comprendra qu’il n’est pas obligé de prostituer son art, ses techniques, son histoire pour des productions qui sont tout a fait capables de sortir le meilleur de nos comédiens locaux, mais ne le souhaitent pas, et bien ce jour là est encore loin. Imaginez un comédien, un réalisateur, un scénariste formé ici, purement « Gwada » comme dit l’autre… mais non, la bonne blague !

Le seul mérite qu’apporte ce film est le suivant : Nous avons tous compris l’urgence que la Région mette en place des structures sérieuses pour former les acteurs du cinéma de la Guadeloupe plutôt que de dépenser un budget dans un projet de piètre qualité.

Oui tout est All INCLUSIVE, le film mais aussi le public (2 salles combles tout de même !). Public friand et riant, sortant les portables pour quelques souvenirs de ce 1h35.

Alors Public, écoute cela : ton engouement, ta gourmandise pour cette comédie fait que ce film va marcher. Les stéréotypes des vacanciers c’est chouette. Et les clichés de notre Guadeloupe, on s’en fout un peu. On est là pour se marrer en moule bite ou burnes tu choisiras.

L’avant-première projetée en Guadeloupe avec l’équipe du film et l’acteur principal, ça c’est bien et cela a du sens. On a pu voir la joie du réalisateur et de l’équipe de se retrouver dans notre île qu’ils aiment tant piétiner par éducation cinématographique; Que les autres en prennent de la graine que diable !

L’argent, le nerf de la guerre. Mais revenons à la source, le cinéma c’est exister, créer, se battre. Alors par pitié arrêtons d’être la catin du roi une fois pour toute.

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1 Comment

  1. Guy GIRARD
    février 10, 2019 at 00:20 — Répondre

    Doudouisme, Tout Compris en Guadeloupe ?
    All Inclusive qualifié de comédie doudouiste, par un collectif local. Non mais, c’est à se demander si Georges Brédent, élu régional en charge de la Culture, ne l’est pas lui aussi devenu en finançant ce foutu film.
    Doudouiste pour le collectif N.I.D.M.P., cette comédie franchouillarde devrait pourtant plaire à un large public hexagonal. Et puis rappelez-vous « Man Adline » Aimée Adeline et sa troupe « La Brisquante » décriée pour avoir fait du doudouisme sans le savoir. Alors que par son « folklore de nèg’ a blan », elle a contribué à valoriser « kilti an nou, kilti a pèp Gwadloup ». Sans elle, qu’aurait été notre gwo-ka, que seraient devenus nos valeureux Marcel Lollia dit Vélo et son « tanbouyé » Artème Brabant, Guy Conquète, Robert Loyson, Germain Calixte dit Chabin et bien d’autres.
    Alors doudouiste ou pas ? Puisque le collectif N.I.D.M.P. qui défend la filière du cinéma local le dit, prenons-le au mot et attribuons le 1er César du Doudouisme à All Inclusive. On verra ensuite pour les suivants. L’important n’est-il pas que ce film contribue par son audience à mieux faire connaître la destination Guadeloupe à l’international ?

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