Taubira : Le dernier garde-fou avant le saut dans le néant
Une femme de conviction, d’une intelligence rare, et de grande culture a démissionné du gouvernement : Christiane Taubira.
Elle était forte comme le cri aigu d’un absent dans la nuit longue, elle était exemple de compétence, de droiture, d’engagement, et de ténacité. Oui, cette dame, fière et jamais résignée ne pouvait s’accommoder des tergiversations et mentonnâdes qui font toute l’autorité de ce gouvernement qui est aujourd’hui en déshérence totale.
Christiane Taubira ne pouvait rester dans un gouvernement dont elle n’était plus que la caution de gauche. Il était temps qu’elle se débarrasse de ce boulet, et c’est tant mieux pour elle et pour ceux (nombreux) qui ont apprécié son travail. Mais c’est aussi la fin de toute réflexion dans ce gouvernement. C’est comme à la Bourse. Tout d’un coup, les valeurs, toutes les valeurs mais intellectuelles surtout, s’il y en a encore, se sont effondrées. Quelle désolation !
Madame Taubira a été tout ce que la droite détestait : noire pour les racistes, migrante pour les xénophobes, cultivée pour les illettrés, courageuse pour les couards, lettrée et poétesse pour les ignorants. Mais elle a fait grand honneur aux humanistes et aux progressistes dans la lignée des Césaire et de Léon Gontran Damas, de Gaston Monnerville qui lui aussi avait dit « Non »… Souhaitons qu’elle ne se résigne jamais.
Elle force le respect. Haïe ou admirée elle ne laissait jamais indifférente.
Femme de convictions, au fort tempérament certainement.
Toujours digne malgré les critiques acerbes ou vulgaires, elle n’a ni cédé ni faibli concernant le mariage pour tous. Dans l’hémicycle, une culture, une syntaxe qui en énervaient plus d’un. Vous rendez-vous compte : « une femme noire venant d’une ancienne colonie, comment est-ce possible ? » grinçaient ceux qui pensaient que la politique est réservée à l’élite de ce pays.
Elle était jusqu’à hier le dernier garde-fou avant le saut dans le néant. Parfois résister c’est rester et parfois résister c’est partir a-t-elle dit. Une phrase lourde de sens. Car on ne construit rien enfermé(e) ou aux côtés d’une coalition disparate de forces réactionnaires. On les combat résolument, mais en liberté ! Et elle s’est donné cette liberté.
Je crois qu’elle est la torpille qui coulera le candidat François Hollande en 2017. Et on dira à ce moment là : Taubira, c’est la déchéance pour tous. « Tous » ce sont ces politiques qui se nourrissent des fromages de la République.
Je suppose que beaucoup vont exulter. Au moins, à l’encontre de beaucoup elle a des convictions et n’est pas prête à tous les reniements. Et ce sont des convictions démocratiques. Quand nous regardons nos hommes politiques, qui n’ont pas d’autre ambition que la leur, pas d’autre courage que celui des affrontements pour le pouvoir, et qui cèdent aux lobbys et à leurs amis des avantages payés par les citoyens, elle faisait tache…
Sa démission en tous cas signe l’échec du Président… Maintenant et demain.
Jean-Jacques Seymour
2 Comments
Bel article, bien pensé, extrêmement bien écrit et qui dit vrai.
On peut dire aussi que sa souffrance est finie. La culture semblait plus appropriée à son talent.