Taubira : La maturité en démocratie ne peut se contenter d’un renouvellement tous les 5 ans ou de montrer son mécontentement
L’ancienne ministre française de la Justice a inaugurė une nouvelle chaire de la francophonie de l’Université de Genève intitulée chaire Abdou Diouf, en hommage à l’ancien président du Sénégal et ancien secrétaire général de la francophonie,sur le thème «Démocraties et populisme» le 1er octobre dans le cadre de la Semaine de la démocratie.
Je vais d’abord vous proposer une promenade sémantique très subjective puis une problématisation…Cette promenade sémantique n’est pas un exercice encyclopédique. C’est d’abord une démarche conceptuelle mais il y aussi une approche épistémologique, ce que ces concepts ont embarqué au fur et à mesure, les connotations ramassées, ce qu’ils diffusent et comment ils irradient. A cela nous allons articuler l’approche empiriste, ce que l’exercice du pouvoir peut nous enseigner…
Qu’est ce qu’un état de droit ? Là aussi les ambiguïtés courent les rues. On pense que l’état de droit, et bien c’est une démocratie. Il y a une loi, une règle, on l’applique. Non. L’état de droit c’est plus subtil que ça. Et c’est surtout plus exigeant que cela.
L’état de droit n’est pas une société où un état parfaitement identifiable et identifié impose ses lois. Parce que la démocratie étant le règne du droit, nous sommes soumis à ce droit là. Et si ce droit devient abusif, nous y restons soumis. La démocratie son fleuron même c’est d’être un état de droit et par conséquent de veiller à ce que l’état respecte le droit. Et dans les sociétés il y a parfois un ordre judiciaire spécialisé dont la mission consiste à ce que l’état respecte le droit, et qui peut être saisi par tout citoyen qui considère que dans une décision collective, l’état outrepasse le droit.
L’état de droit n’est pas simplement une société où nous vivons autour du droit mais où l’état lui est tenu de respecter le droit. Et par ce contrat social, cette délégation de pouvoirs que les citoyennes et citoyens concèdent à l’état, nous arrivons à la chose publique, la Res Publica, la chose qui est nôtre, notre bien commun qui suppose une morale publique, sensée s’épanouir autour de la mise en place de services publics et la définition d’un commun. Pas seulement du bien commun mais d’un en-commun, dans l’évolution de nos sociétés de définir des en-commun de veiller à ce que nous y ayons tous accès.
L’état de droit et la république nous rappellent que dans nos sociétés ce qui nous tient ensemble c’est d’abord le pouvoir qui émane de nous et que nous déléguons.
La question du fonctionnement des pouvoirs est une question essentielle. Une démocratie vivante, une démocratie dynamique est une démocratie où les citoyens se posent la question du contrôle des pouvoirs et interviennent pour s’assurer le bon contrôle de ces pouvoirs…
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