Société

SUPPRIMER FRANCE Ô ? NON RÉINVENTER FRANCE Ô ? OUI

TRIBUNE : FAUT-IL SUPPRIMER FRANCE Ô ? NON FAUT-Il REINVENTER FRANCE Ô ? OUI !

France 4 et France Ô doivent, sur le papier, cesser d’émettre le 9 août prochain. Une décision prise il y a deux ans, motivée essentiellement par des raisons d’économies budgétaires.

Pourtant, il est désormais peu probable que France 4 soit débranchée cet été : la chaîne jeunesse a en effet montré son utilité éducative tout au long de la période de confinement.

Ce n’est pas le cas de France Ô qui a occulté toutes les difficultés rencontrées par les Outre-mer pendant cette période de confinement.
Rien sur le plan éducatif à destination de nos jeunes.
Rien sur le plan de l’information concernant les mesures sanitaires.
Rien sur la grande détresse et le sentiment d’isolement de nos Outre-Mer.

Allons jusqu’à dire que France Ô a failli à sa mission de service public.
Même si durant la crise sanitaire la rédaction de France Ô n’a pas rempli son rôle, peut-on imaginer vraiment que le Gouvernement puisse sauver France 4 sans sauver France Ô ? La question se pose cruellement.

Est-il opportun de faire une croix sur une antenne dédiée aux Outre-Mer en cette période où l’on tente par tous les moyens, « quoi qu’il en coûte » pour reprendre les mots du Président de la République, de sauver des secteurs entiers de notre économie et en particulier tout l’écosystème culturel français ? Le symbole serait d’une violence inouïe.

France Ô, c’est historiquement la chaîne du lien entre la métropole et les Outre-mer, comme France 3 est la chaîne des régions de la métropole.
France Ô c’est la chaîne qui permet aux ultra-marins d’exister ici en métropole, qui permet à France Télévisions de relayer la diversité de nos cultures.
France Ô c’est aussi la chaîne de la continuité territoriale qui nous rappelle que nous faisons tous partie du même pays, la France, même éloignés par des milliers de kilomètres.

Quoi de plus urgent que de sauver France Ô dans une France qui se fracture, qui souffre, qui doute et qui voit certaines populations de ses Outre-Mer désespérées, voire en colère contre la métropole ?

Faut-il réinventer France Ô ? Oui ! Mais il faut dire les choses.

Si France Ô est menacée dans son existence, c’est que son ADN a été usurpé par des parachutés qui méconnaissent la culture ultra-marine, la diversité des sensibilités qui la composent et dont les motivations sont partisanes et suspectes de favoritisme.

La « douceur sous les tropiques » est l’ambiance entretenue à dessein par l’équipe rédactionnelle dirigeante en place au détriment de sa mission première qui est d’informer.

Selon des informations qui m’ont été rapportées, le clan dirigeant refuse de collaborer avec les ultramarins parmi lesquels certains ont 25 ans d’ancienneté dans la maison. La rédaction a mis en place une politique qui vise à exclure les ultramarins de tout poste de direction et de toute responsabilité, allant même dans le domaine culturel et folklorique, jusqu’à exclure de l’antenne ceux qu’ils considèrent comme ne répondant pas aux critères qu’ils ont eux-mêmes fixés.

France Ô est devenue pour certains un enjeu de petits pouvoirs et de règlements de compte médiocres. La censure règne en maitre : c’est le règne de la désinformation comme j’ai pu le constater sur certains sujets qui m’ont été révélés encore récemment. On se croirait revenu au 18e siècle ou au-delà à l’époque des colonies.

Il est temps, si l’on veut sauver France Ô de penser à supprimer la « rédaction des copains » pour la remplacer par des professionnels capables d’assurer pleinement leur rôle d’informer de divertir et de rassembler l’ensemble des ultramarins en toute indépendance.

Rappelons que la mission première de France Ô est
-de promouvoir les régions ultramarines,
-de signaler les incohérences sans complaisance,
-de développer leurs économies,
-de sortir de l’invisibilité,
-de construire des ponts économiques culturels entre toutes les régions avec la métropole et le reste du monde.

A France Ô les dysfonctionnements et les manquements aux devoirs déontologiques d’impartialité et d’objectivité sont légion.

Les dirigeants successifs du groupe France Télévisions ont négligé la chaîne des Outre-mer qui est devenue, à leur insu, au fil du temps une voie de garage où cohabitent des ultramarins privés de moyens d’expression et des collaborateurs écartés des autres chaînes du groupe qui, pour la plupart, ne connaissent rien des Outre-mer. Et qui pour les autres ont une vision tronquée des spécificités des Outre- mer.

J’espère vraiment que le Gouvernement et le Groupe France Télévisions prendront toute la mesure de la situation de cette chaine qui est en chute libre dont le taux d’audience est de 0,5% et qu’ils prendront la bonne décision.
La question n’est pas seulement de maintenir France Ô et avec elle une belle opportunité de diffusion nationale, mais de lui offrir une ambition nouvelle. France Ô mérite mieux !

Il faut rendre à France Ô sa vocation de lien social entre des citoyens français éloignés, et en faire une chaîne ouverte sur le monde à travers nos Outre-Mer. La situation l’exige.

Babette de ROZIERES

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