Littérature

Rencontre avec Willy SALZEDO

Pianiste, auteur, compositeur, réalisateur, arrangeur guadeloupéen,  voilà plus de 32 ans que Willy SALZEDO fait partie du cercle des grands artistes de la chanson antillaise. En 1983, il est présent aux côtés de Pierre-Edouard Décimus et Jacob Desvarieux, ses mentors, lorsque ceux-ci créent le Zouk et le groupe Kassav. Trois ans plus tard, il acquiert une certaine notoriété en composant pour Tanya SAINT-VAL des succès tels que « Chalè », « Carole », « Lanmou Kréyol » ou encore « Zouk a gogo ». Leur collaboration va durer 13 ans. Mais Tanya Saint-Val n’est pas la seule artiste à bénéficier de ses talents de compositeur . On peut citer Jocelyne Béroard (avec laquelle il obtiendra le Prix SACEM Martinique pour le titre « Lanmè mové » sur l’album « Madousinay » en 2004), Dominik Coco, Jacques d’Arbaud, Rodrigue Marcel, Sonia Dersion, Tony Chasseur…et la liste est encore longue. A tous ces talents, Willy Salzedo peut, aujourd’hui, ajouter celui d’écrivain puisque les éditions Nestor viennent de publier son premier livre « Mon histoire du zouk

Lydia Ponchateau : Willy Salzedo on vous connaissait musicien, on vous découvre  écrivain. Vous arrêtez la musique ?

Willy Salzedo : Non pas du tout. Je reste toujours musicien. Vous savez c’est mon premier et certainement mon dernier livre. Je ne suis pas et ne serai jamais écrivain. Mais ce livre restera un élément dans mon parcours.

LP : Ce premier…et donc dernier livre est autobiographique ?

WS : Tout à fait. Et je tiens à insister sur le titre « Mon histoire du zouk ». Dans ce livre,  je  raconte mes 32 années de musique. Il était important pour moi de partager cela avec le public parce qu’il ne voit qu’une seule facette d’un artiste. J’avais envie qu’il sache comment naissait les chansons, comment nous, musiciens, les faisions vivre, comment se passaient les tournées, les concerts. Le livre regorge d’anectodes et de photos qui  illustrent bien mes propos. Et puis, une époque s’est achevée, il fallait que j’en parle. Cette merveilleuse époque durant laquelle composer, jouer, réaliser, arranger des morceaux, rendait les artistes heureux. Cette époque où la liberté de création avait réellement du sens, est maintenant révolue. Je le regrette, mais je remercie le Ciel chaque jour de m’avoir fait vivre ces moments si particuliers.

LP : Comment s’est passée l’écriture du livre ?

WS : Je me suis entretenu durant 8 mois, presque chaque jour, avec un écrivain qui a retranscrit nos échanges. Tout cela a fait remonter énormément de souvenirs en moi : des épisodes familiaux ou musicaux. Et je me suis rendu compte que beaucoup d’évènements étaient annonciateurs de ce que je suis aujourd’hui. C’est comme s’il était écrit que je serais musicien.

LP : Parlons un peu du zouk. On le sait il a été créé par les frères Décimus,  Pierre-Edouard et Georges, aidés de Jacob Desvarieux, en même temps que naissait le groupe Kassav’. Avec Kassav’ on a connu un zouk rapide, le « Zouk béton ». Et puis Patrick Saint-Eloi est arrivé avec son album « West Indies » et on a commencé à parler de « zouk love ». Des artistes tels que Don Miguel, Daddy Harry (« Bay chabon ») ou Daddy Yodd, issus de la scène raggamuffin et dancehall, ont amené le concept de « Raggazouk » et tout récemment le groupe Bamboolaz nous a amené un « zouk métal ». Pour vous, il y a combien de tendances dans le zouk ?

WS : Plus que de tendances, je parlerai de couleurs. Des couleurs apportées par ces artistes qui se sont appropriés le zouk pour le marquer de leur empreinte. Le succès du zouk a été possible parce que, non seulement ces artistes d’horizons divers ont su le faire évoluer,  mais aussi parce que nous, artistes, médias, organisateurs de concerts, dirigeants de salles de spectacles et de boîtes de nuit entretenions une collaboration intelligente. Nous étions les maillons d’une chaîne et chacun tenait son rôle à la perfection. Aujourd’hui, le zouk périclite parce que les artistes sont formatés et qu’il n’y a rien de pire que le formatage pour tuer un artiste, pour tuer la création, pour tuer la culture d’un pays. Il y a une chose que je voudrais ajouter.

LP : Je vous en prie…

WS : Je tenais à dire à quel point l’appellation « zouk rétro » était une aberration. Une musique qui n’a que 15 ans ne peut pas être considérée comme étant rétro. Quand on écoute Michaël Jackson, on ne dit pas de sa musique qu’elle est rétro, pourquoi le fait-on quand on parle du zouk ? Je trouve que cela a un côté péjoratif.

LP : ça c’est dit ! Ma dernière question : Que fait Willy Salzédo aujourd’hui ?

Je continue à me produire lors de concerts. J’organise des ateliers qui me permettent de transmettre mon expérience aux jeunes parce que c’est essentiel, c’est une évidence. Il faut qu’un artiste puisse transmettre son savoir, mais il faut aussi que les médias acceptent de prendre leur part de responsabilité dans ce devoir de transmission. Mais c’est là un sujet épineux.

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Lydia PONCHATEAU

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