Quand VGE s’adressait aux ultramarins en 1981
Extraits de l’interview de M. Valéry Giscard d’Estaing lors de la campagne présidentielle le mercredi 22 avril 1981.
« J’ai choisi de consacrer une de mes émissions de radio, celle-ci, aux départements et territoires d’Outre-Mer français et cette émission va passer à la fois en métropole et dans l’ensemble des départements et territoires d’Outre-Mer. Naturellement, elle intéresse plus directement nos compatriotes des départements et territoires d’Outre-Mer mais elle intéresse aussi tous les Français puisque ceux-ci font partie de la République française… Pour une raison simple, c’est que ces départements et territoires font partie intégrante de la République française et le Président de la République est le symbole de l’unité nationale et des liens qui unissent l’Outre-Mer et la métropole et c’est pourquoi je me suis rendu en effet dans ces départements et territoires, à la seule exception de la Guyane, pour une raison pratique, c’est que je voulais me rendre au prochain tir de la fusée Ariane, et de Saint-Pierre-et-Miquelon…
L’importance de l’Outre-Mer français
C’est la France dans le monde à plusieurs égards : c’est d’abord un atout économique important, ce sont des départements et territoires qui produisent, qui ont de très importantes ressources de la mer, c’est grâce à elles que la France est parmi les premières puissances maritimes du monde et un atout culturel, la francophonie, parce que notre langue, notre culture, est ainsi parlée dans l’ensemble des continents du monde et puis un atout politique, parce que c’est la présence de la liberté et de la démocratie françaises dans l’ensemble du monde. C’est pourquoi j’attache une grande importance, comme Président de la République hier, aujourd’hui comme candidat, demain si je suis élu comme Président de la République, à la vie, au développement, à la sécurité de nos départements et territoires d’Outre-Mer. Vous savez d’ailleurs que j’ai entretenu régulièrement des rencontres avec les élus et les responsables de chacun d’entre eux.
Les problèmes de chômage et de développement économique Outre-Mer
Il faut poursuivre et accentuer. Je dis poursuivre parce que nous avons commencé à faire beaucoup de choses. D’abord, vous savez que la situation démographique des départements et territoires d’Outre-Mer est en voie d’amélioration, d’une-part, et d’autre-part que nous avons pu, avec naturellement les intéressés, réorganiser un certain nombre de productions traditionnelles qui sont elles-mêmes essentielles à l’emploi, je pense à la banane et au sucre dans les départements antillais mais aussi à La Réunion, et je pense à des productions nouvelles qui se développent, c’est-à-dire les productions de maraîchage et de fruits.
Il y a eu un grand effort pour l’artisanat et, notamment, la formation professionnelle, l’installation d’artisans et là il y a des créations d’emplois. Nous avons également mis en place des équipements portuaires qui font que ces départements et territoires, qui sont tous maritimes, ont maintenant un accès économique beaucoup plus facile par la mer, et puis nous avons développé, vous le savez, très largement le tourisme et les ressources de la mer aux Antilles, à La Réunion, dans le Pacifique et à St-Pierre-et-Miquelon.
Tout ceci doit se poursuivre et notamment notre effort de formation scolaire, universitaire et professionnelle de façon à améliorer la formation des jeunes dans ces départements et dans cesterritoires et en même temps à leur offrir des emplois qui sont des emplois qualifiés et doncaccompagnés d’une rémunération satisfaisante. Et puis, il faut créer de nouvelles entreprises agricoles,artisanales et industrielles. Agricoles : je vous rappelle que nous avons entrepris de grandes actions deréforme foncière aux Antilles, notamment à la Guadeloupe et à la Réunion, nous avons lancé un programme à cet égard pour ce qu’on appelle les « Hauts de la Réunion », et en Nouvelle-Calédonie où le Parlement vient de voter, à notre demande, le principe d’une réforme foncière. Il faut ajouter à ces créations d’entreprises agricoles, comme je le disais tout à l’heure, le développement d’un artisanat,d’une industrie adaptée à ce type de marché et à ce type de main-d’oeuvre et en même temps letourisme. Je pense qu’ainsi, nous pouvons offrir des emplois aux jeunes des départements et territoiresd’Outre-Mer, à la mesure de leur désir de travailler sur place, chez eux.
Les attentats aux Antilles
… Nous vivons dans un monde dangereux, dans un monde tendu et il y a deux aspects à la sécurité. Il y a la sécurité internationale, c’est-à-dire le fait que nos départements ou nos territoires doivent être protégés contre toute attaque extérieure si elle devait seproduire et nous avons pris des dispositions pour cela : nos forces sont stationnées partout et, par exemple, nous avons, dans l’Océan indien, une puissance navale considérable que nous maintenons sur place. Donc la métropole protègera, bien entendu, chaque département d’Outre-Mer, chaque territoire d’Outre-Mer contre le risque d’une agression éventuelle et vous savez que la France en a les moyens.
Il y a l’autre sécurité : la sécurité intérieure. Lorsque j’étais à la Guadeloupe, j’y suis allé, ainsi qu’à la Martinique, au moment de Noel et du 1er janvier et j’y suis allé pour montrer précisément à la population que le Président de la République tenait à partager le sentiement du besoin de sécurité de la population et j’ai circulé partout pour le montrer. J’avais annoncé à la Guadeloupe que les auteurs de ces attentats seraient rapidement arrêtés. Ils ont été arrêtés, au-cours des mois suivants, grâce à un effort exceptionnel de nos forces de police et de gendarmerie et ils sont actuellement en instance devant les tribunaux. Nous poursuivrons cet effort parce que les Français des départements et territoires d’Outre-Mer ont droit à la sécurité individuelle. Nous devons faire en sorte qu’ils l’aient. C’est pourquoi nous maintiendrons là aussi l’atmosphère de sécurité.
Paris plus grande ville antillaise du monde
… Nous avons parlé d’eux tout à l’heure à propos de l’emploi puisque nous souhaitons développer l’emploi dans les départements d’Outre-Mer, beaucoup d’entre eux souhaitent travailler chez eux et ils sont donc concernés par ce développement de l’emploi dans les départements d’Outre-Mer. En même temps il y en a beaucoup qui travaillent en métropole et ceci est une des solutions, en effet, au problème de l’emploi mais également au fait qu’il y a des types de carrières ou des types de situations qui se développent plus largement dans une société de plus de 50 millions d’habitants que dans chacun des départements d’Outre-Mer.
Veiller à ce que nos compatriotes soient chez eux dans la métropole
Il faut que nos compatriotes se sentent parfaitement chez eux en métropole et il faut donc qu’ils soient bien accueillis. Il faut pour cela qu’il y ait une structure d’accueil, vous savez que nous en avons une, le Bumidom mais elle doit être encore renforcée pour ce qui est de l’accueil et de la formation des jeunes des départements d’Outre Mer qui viennent travailler et vivre en métropole. Donc améliorer les moyens de l’accueil.
Ensuite, il faut que dans la société française toute entière chacun d’entre eux se sente parfaitement à sa place, parfaitement accueilli et compris. L’une de mes règles est que je ne fais aucune distinction entre les Françaises et les Français quelle que soit leur origine, quelle que soit leur religion et quelle que soit aussi, d’ailleurs, leur opinion. J’ai toujours veillé à ce que nos compatriotes des départements et des territoires d’Outre-Mer soient parfaitement chez eux dans la métropole. Cet effort sera poursuivi. Nous touchons là un des problèmes de l’unité française, de l’unité de la nation française. Il y a dans le monde des forces malsaines, il y en a d’ailleurs que nous entendons ou voyons se manifester qui sont les forces de l’intolérance ou du racisme. Et vous avez bien vu pendant mon septennat que j’ai toujours tout fait pour que ces forces n’aient pas de prise sur la nation française. Je veux qu’elle soit fraternelle pour tous les Français de toute origine et de toute opinion, de toute religion, enfin, quelles que soient leurs particularités personnelles…
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