PAS D’ETAT DE GRACE POUR ALFRED MARIE-JEANNE
Dans une tribune publiée dans France Antilles Martinique, Hector Elisabeth n’accorde aucun crédit aux propos d’investiture d’Alfred Marie-Jeanne. Des extraits ici.
Lors de la cérémonie d’installation des élus de la nouvelle Collectivité Territoriale de Martinique, vous avez martelé, à plusieurs reprises, une formule pour le moins surprenante et un rien surréaliste : « Je suis le Président de tous les Martiniquais » .
« Tous les Martiniquais » précisément, connaissent votre sens des formules qui veulent faire date et des postures alambiquées. En l’occurrence rien ne peut légitimer la présente posture qui est pure imposture. En effet vous venez d’être élu à la tête d’une nouvelle Collectivité Territoriale qui est désormais l’institution en charge du développement économique, social et culturel de la Martinique, et à ce titre vous êtes en devoir de la mettre au Service de Tous les Martiniquais. Et rien d’autre!
Or une telle déclaration scandée à la manière théâtrale qui caractérise votre personnage est susceptible de nous envoyer un vrai premier mauvais signal. Est-ce une menace d’hégémonie que vous auriez l’intention d’installer sur ce pays et d’imposer à Tous les Martiniquais ? A titre d’illustration, la lamentable passe d’armes entre Claude Lise nouveau Président de l’Assemblée et Fred Lordinot, entre pleurnicheries, rancœurs et ressentiments, prenait déjà allure de règlement de comptes.
Heureusement que Jean-Claude Duverger a eu au contraire des paroles empreintes de sagesse et de hauteur de vue en disant qu’il était le chef de file de la minorité face à la majorité, et qu’il s’engageait à travailler au profit des intérêts de Tous les Martiniquais en évitant toute opposition systématique. Tout le monde dans cette nouvelle Collectivité gagnera à s’aligner sur cette position…
Pour ma part, ce que je vous conseille c’est de bien noter que Tous les Martiniquais attendent de vous que ce soit la Martinique qui sorte gagnante dans l’exercice de votre gouvernance à la tête de ce bizarre aréopage relevant presque du radeau de la méduse.
Le deuxième mauvais signal qui nous a été envoyé dans votre discours, est relatif à la tonalité et au contenu mêmes de ce discours. Là où nous étions en droit d’attendre une déclaration à la hauteur de l’avènement de cette nouvelle CTM, avènement vécu comme un moment historique majeur par tous les observateurs et toute la population, nous avons eu droit à une litanie indigente de mesures à mettre en œuvre, dont certaines sont déjà bien engagées. Inventaire étriqué digne des résultats d’une élection cantonale.
« N’EST PAS CÉSAIRE QUI VEUT… »
Vous avez poussé la petitesse à ne faire référence à Césaire que dans une parenthèse ouverte de manière subreptice sur quelques intellectuels engagés tels Manville, Fanon, Glissant, le nom de Césaire n’arrivant qu’en quatrième position dans cette incise en forme d’énumération rapide. C’est dire comme vous avez la frustration tenace et comme il vous sera difficile d’être le Président de « Tous les Martiniquais ».
C’est simplement indigne! Vous vous seriez grandi, et vous vous seriez alors haussé au niveau de cet événement en rendant un hommage, tout à fait légitime, à celui qui, malgré vos efforts désespérés et ceux de certains de vos amis, restera à la face du Monde comme l’un des piliers majeurs de la construction identitaire du peuple martiniquais et à son impulsion sur la voie de son émancipation…
… Il nous reste à espérer que cette indigence n’augure pas d’un dimensionnement étriqué annoncé devant caractériser la gouvernance à venir.
Pour conclure, à la fois en termes de conseil – un de plus – et pour aussi vous aider à régler vos complexes par rapport à notre Nègre Fondamental, je vous renvoie à ce vers, extrait de son recueil de poèmes « Moi Laminaire » et dont vous pourriez utilement vous inspirer : « De toute façon, il n’est pas recommandé de se complaire aux haltes. »
Hector Elisabeth
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