Où en est Line Legrand dans son combat ?
Cela fait une semaine que l’appel à la mobilisation pour Line Legrand a été lancé. Après deux années d’errance, la machine administrative semble avoir pris en compte sa demande, une proposition de placement en foyer lui ayant été faite du 22 au 26 juillet en attendant son logement social promis pour le lundi 27. Mais dans cet univers kafkaïen, les promesses ne sont pas paroles d’évangile.
Risquant l’amputation de sa deuxième jambe, mise en observation à l’hôpital Cochin au service diabétologie, Line nous a donné des nouvelles rassurantes de son état de santé. L’opération ne sera pas nécessaire mais son hallux est perdu. Elle élude rapidement les questions sur sa condition physique (elle a stoppé sa grève de la faim) pour parler de son combat. La Cayennaise toujours aussi tenace nous affirme « Il est hors de question qu’on me parque dans un foyer. J’ai commencé une grève de la faim pour un logement social. J’ai simplement accepté une période transitoire : le délai sera passé à minuit une (propos recueillis dimanche 26). Mon hospitalisation ne change rien ».
La Secrétaire d’état en charge des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion Ségolène Neuville m’a dit : « Faites-moi confiance !». Il y a des témoins. La directrice d’un foyer Pont de Flandre accueillant des adultes présentant un handicap moteur dans le 19ème était d’accord et n’attendait que la prise en charge administrative. Durant leurs échanges, après les déclarations de bonne foi, j’ai compris que chacun se renvoyait la balle pour le paiement. Il a été évoqué une intervention de la Guyane. Moi je m’y refuse, cela les arrangerait trop ! »
Line poursuit : « En 2013, j’avais contacté le Président du Conseil Général Alain Tien-Liong qui était prêt à prendre en charge mon séjour, ils réfléchissaient à une solution légale. Mais les services sociaux et le 115 disaient que pour régler mon problème, il me fallait une domiciliation à Paris. J’ai obtempéré et coupé tout lien avec Cayenne.
Or, je ne rentre pas là-bas justement pour ne pas être à la charge de ma famille et du pays. Il y a par exemple à Paris beaucoup de SDF russes. Demande-t-on à Poutine de financer leur retour ? Pourquoi la Guyane paierait-elle pour un administré de Paris ? »
« J’ai été SDF c’est dur, mais je n’en ai pas honte. Je suis handicapée mais je n’en ai pas honte. C’est à la France d’avoir honte de m’avoir mis dans cet état ».
Éligible à la loi Dalo de 2007, elle peut enclencher une procédure en préfecture pour être reconnue comme demandeur prioritaire de logement. A compter de cette décision, une solution dans un délai de 3 à 6 mois doit lui être proposée. Par la suite, elle pourrait former un recours contentieux devant un tribunal administratif. Cependant, des dizaines de milliers de cas pour qui les délais sont dépassés ne sont pas résolus comme l’atteste la condamnation de la France par la cour Européenne des Droits de l’Homme en avril 2015.
Line tient à rappeler qu’elle ne demande pas la charité. « On m’a dit qu’en Guyane un comité de soutien s’était crée. C’est gentil, mais je ne veux pas d’argent ». Reprenant son antienne : « Je réclame un logement rien d’autre » elle signale que Thibaut Lechat-Vega l’attaché parlementaire de Gabriel Serville vient la voir 2 fois par jour. Et voulant finir sur une note humoristique notre entretien en ce jour d’arrivée de tour de France, elle conclut en parodiant une marionnette des guignols : « Dans cette histoire, tout a été fait à l’issue de mon plein gré ! »
No Comment