Nous assumons notre hymne et notre drapeau : rouge, vert, noir !
Extraits du discours prononcé par le Président du Conseil Executif, Serge Letchimy, lors de la cérémonie solennelle du drapeau et de l’hymne de Martinique, qui s’est tenue le 31 mars dernier.
… Il y a une question qui nous hante en permanence.
Le destin nous impose d’y répondre avec franchise et clarté.
Après plus de 300 ans de colonisation dont les traces sont encore présentes,
Après 175 ans depuis l’abolition de l’esclavage, alors que les rives du monde reçoivent encore les débris de la haine et du racisme,
Après 77 ans de départementalisation, alors que le droit à l’égalité se paye en aliénation jusqu’à l’effacement de nos différences et de nos identités,
Après 41 ans d’une décentralisation dont les limites sont aujourd’hui atteintes,
Comment transcender ces longues périodes de notre Histoire, au plus haut niveau de nos capacités de dépassement, pour faire face aux défis du monde ?
Pour nous, le temps ne fait pas que passer : il pèse souvent de son poids mort.
Mais, il installe aussi dans nos cœurs, le sentiment d’une durée lumineuse…
Le temps nous pèse, mais la durée nous exalte.
Oui mes chers frères et sœurs, Martiniquais et Martiniquaises, cet héritage est là et il mérite d’être assumé.
Assumé dans sa richesse mais assumé aussi dans sa complexité.
Au sein d’une relation inédite entre une République (la République française, où le poids de l’Histoire continue à peser) et la Caraïbe (qui constitue notre milieu), nous conduisant à une double appartenance : une appartenance institutionnelle et une appartenance géographique.
Héritage que nous devons assumer aussi, avec tout ce que cela suppose d’exigences, de courage et de possibles sacrifices.
Eh bien, oui chers amis : nous devons assumer cet héritage !
Il est d’abord symbolisé par le drapeau bleu-blanc-rouge.
Nous assumons ainsi notre appartenance à la République française.
Cette République avec laquelle nous partageons un attachement aux Droits de l’Homme, aux droits des peuples qui la composent, et donc forte de leurs cultures et de leurs différences.
Un attachement à cette République qui dispose, dans ses principes fondateurs, de tout ce qu’il faut pour que la différence et l’égalité, pour que l’appartenance et la singularité, pour que l’unité et la diversité puissent se nourrir ensemble et mutuellement se renforcer.
Cet attachement à la France, qui s’est maintenu dans notre Histoire, n’est pas un renoncement à soi, ni une quelconque abdication de notre géographie cordiale, de nos alliances et de nos réseaux.
Cet attachement, nous le respectons, nous le comprenons, et par là même, il nous revient d’en mobiliser les richesses et les potentialités.
Eh bien oui : nous acceptons cet héritage ! Nos choix sont nets et clairs !
Cet héritage est aussi symbolisé par le drapeau de l’Europe…
Cet héritage est encore symbolisé par le drapeau de l’Association des Etats de la Caraïbe..
Enfin,
Nous assumons nos révoltes, nos souffrances et nous cherchons à les dépasser.
Nous assumons la résistance, le jaillissement et le combat et nous cherchons à les sublimer.
Nous assumons notre créativité, notre dignité à projeter, et notre attachement à toute inspiration nous conduisant vers plus d’émancipation !
Nous assumons donc notre hymne et nous assumons aussi notre drapeau : rouge, vert, noir !
Ils sont l’expression de tout ce qui nous a fait,
de tout ce que nous avons fait et de tout ce que nous allons faire !
Ils sont l’attestation
du cheminement d’un peuple, et pas seulement d’une population le vœu d’une unité, le signe d’une détermination de vivre pleinement ce que nous sommes !
Ce jour, le 31 mars 2023, je considère que la Martinique se nomme et se projette elle-même dans ce qu’elle est et dans ce qu’elle voudra devenir !…
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