Société

Les « JE DIS DE LA JUSTICE » Un espace de dialogue au tribunal de Basse-Terre

De gauche à droite : Ludovic ALBERI, Lydia PONCHATEAU, Marika DEROS et Philippe GARAIN

Un espace de dialogue, de mémoire et de culture au cœur du tribunal judiciaire de Basse-Terre

Par Luna Chagrain-Béros

C’est autour d’un café, dans le petit coin cuisine du tribunal judiciaire de Basse-Terre, que sont nés les « Je dis de la Justice ». Rien ne laissait présager que ces échanges informels entre quatre collègues allaient donner naissance à un projet aussi vivant que fédérateur. Au départ, il s’agissait simplement de discussions spontanées sur la société guadeloupéenne, ses défis, ses contradictions, ses richesses. Mais très vite, une idée a germé : pourquoi ne pas ouvrir ces échanges à l’ensemble des agents du tribunal, afin de créer un véritable espace de réflexion et de partage au sein de l’institution ?

Le contexte est propice. Le tribunal judiciaire de Basse-Terre est un lieu de passage et de rencontre pour des professionnels issus d’horizons variés — magistrats, greffiers, agents administratifs, personnels de sécurité, intervenants extérieurs — mais où, paradoxalement, les dimensions culturelles, historiques et sociales de la Guadeloupe sont encore trop souvent reléguées à la marge dans l’exercice quotidien de la justice. Pourtant, ces éléments sont essentiels à la compréhension des réalités locales et au bon fonctionnement du service public.

Une ambition : faire vivre la culture et la mémoire dans l’enceinte judiciaire

C’est dans cette optique que les « Je dis de la Justice » ont vu le jour : des rendez-vous mensuels, ouverts à tous les personnels du tribunal, pour découvrir, débattre, se souvenir et transmettre. Une manière aussi de renforcer la cohésion entre les agents, en les réunissant autour de thèmes qui résonnent avec leurs histoires personnelles, leurs interrogations, leurs identités.

Présents et engagés lors des « Je dis de la Justice », la présidente du tribunal judiciaire de Basse-Terre, Ségolène PASQUIER, le procureur de la République, Xavier SICOT et le directeur de greffe, Jean-Claude PARSHAD, ont soutenu dès le début cette initiative culturelle et citoyenne, permettant qu’elle trouve toute sa place dans l’institution.

Un soutien précieux pour faire vivre l’esprit d’ouverture, de dialogue et de cohésion

Le tribunal judiciaire a apporté son soutien au projet, en mettant à disposition la salle d’audience un jeudi par mois, transformée pour l’occasion en un lieu d’échange, de parole libre et d’écoute bienveillante.

Des rencontres fortes et inspirantes

La première rencontre a eu lieu le 27 février 2025, avec la chanteuse Luan Pommier, qui a su captiver son auditoire par sa voix mais aussi par sa vision du handicap, de la différence, et de l’estime de soi. Un moment fort, placé sous le signe de l’inspiration et de la résilience.

En mars, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, une rencontre-débat a été organisée autour du thème « Droits, paroles, engagements : itinéraires des luttes féminines », en s’appuyant notamment sur les figures marquantes comme Gerty Archimède, Olympe de Gouges, Gisèle Halimi, Simone Veil, Suzanne Césaire, Clara Zetkin ou encore les sœurs Nardal. Les échanges ont mis en lumière les avancées législatives, les luttes quotidiennes encore à mener, et le rôle essentiel de la parole dans les combats pour l’égalité.

Après une courte pause en avril, les « Je dis de la Justice » ont repris en mai avec une rencontre exceptionnelle à l’occasion de la commémoration de l’abolition de l’esclavage. Le 22 mai, Raymond Otto, sociologue, a offert une intervention marquante autour du thème : Mémoire et société : les héritages contemporains de l’esclavage et les chemins vers l’avenir. Une plongée à la fois historique, politique et humaine, invitant chacun à réfléchir aux formes actuelles de transmission, aux silences, mais aussi aux actes de mémoire encore nécessaires.

Un projet en mouvement

Les « Je dis de la Justice » ne se veulent ni rigides ni institutionnels. Ils évoluent au fil des idées, des disponibilités, des envies partagées. Chaque mois, c’est un pari sur l’intelligence collective, sur l’émotion partagée, sur le plaisir de s’arrêter un instant pour penser autrement.

À travers ces rencontres, le tribunal judiciaire de Basse-Terre s’affirme comme un lieu de culture vivante, d’ouverture et d’engagement, où la justice ne se limite pas aux audiences mais s’ancre aussi dans une compréhension fine des réalités sociales et culturelles du territoire.

Les « Je dis de la Justice » continueront, chaque mois, à faire vivre cette ambition : créer du lien, éveiller les consciences, faire entendre des voix singulières, et surtout, rendre la justice plus humaine, enracinée, éclairée.

EN JUIN

« La justice en accords majeurs » : concert intimiste avec Yannick Cabrion à l’occasion de la fête de la musique
« L’exil au cœur : histoires de départs et d’appartenances » avec Jessica OUBLIE


À l’origine de cette initiative, quatre collègues du tribunal judiciaire de Basse-Terre qui ont uni leurs sensibilités et leurs convictions pour donner naissance aux « Je dis de la Justice » :
• Lydia PONCHATEAU, passionnée de culture et attentive à la transmission des mémoires collectives.
• Ludovic ALBERI, curieux des enjeux sociaux et soucieux de rapprocher les mondes de la justice et de la société civile.
• Malika DEROS, engagée pour l’égalité et les droits humains, toujours prête à faire vivre la parole collective.
• Philippe GARAIN, esprit rigoureux et ouvert, convaincu que le droit gagne à dialoguer avec l’histoire et la culture.

C’est grâce à leur complicité, leur enthousiasme et leur sens de l’écoute que ce projet a vu le jour et se développe aujourd’hui au sein du tribunal judiciaire de Basse-Terre au bénéfice de tous.


 

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