LES ANTILLES SUR SCÈNE A GROIX
L’île de Groix dans le Morbihan accueille le Festival international du film insulaire du 23 au 27 août. Cette année, les Petites Antilles sont à l’honneur.
« Tous ces films ont le même but : décoloniser les regards et les imaginaires. Ils affirment et revendiquent tous haut et fort une identité multiple, noire, (…) et caribéenne », Osange Silou, journaliste et spécialiste du cinéma caribéen.
Cinquante et un grains de terre, éparpillés dans la mer des Caraïbes, des langues et des créoles multiples, une histoire commune liée à l’esclavage, une envie d’un retour aux racines pour mieux apercevoir son futur : à chacune des îles des Petites Antilles son histoire, sa musique, sa danse et ses films. De la Kalinda de Trinité au Tambù de Curaçao, de la poésie de Dereck Walcott à la musique de la légendaire Calypso Rose, du pouvoir de l’art dans les bidonvilles à l’échec des cités HLM de Pointe-à-Pitre, les documentaires antillais sont axés sur l’humain et son rapport à l’autre, valeurs chères au Festival depuis ses débuts.
Ces nombreux documentaires sont accompagnés d’une importante présence antillaise : Véronique Kanor avec son spectacle en plein air Solitudes Martinique ; Lyannaj Névé, formation de dix musiciens guadeloupéens et bretons ; le steelband Ti Soleil ; Gilles-Elie-dit-Cosaque, le cinéaste le plus habitué de tous ; Sylvaine Dampierre, réalisatrice présidente du jury…
Des rencontres au plus près de la culture antillaise, à la fin des films, lors des tables rondes ou autour d’un verre, sous l’oeil protecteur du Tiki, sans barrière, ni frontière.
Cette année, la compétition nous emmène aux quatre coins des océans avec 16 documentaires. La nouvelle équipe de programmation a décidé de créer un nouveau prix, celui du meilleur court-métrage documentaire. Lors d’une matinée, de projection commune, ces films courts rapprocheront les collégiens bellilois et groisillons, du jury jeune, des membres du jury professionnel, qui partageront leur expérience avec les adolescents.
Des nouveautés, des moments d’échanges et d’émotions, des sonorités insulaires à suivre sur 99.8 ! Le Festival renoue avec ses débuts et sera retransmis sur les ondes. Jean-Luc Blain, qui avait créé la Radio des Îles, serait sans doute le premier ravi que Radio Balises nous accompagne cette année, départ d’un partenariat amené à durer avec cette toute jeune radio associative du bassin de Lorient. Elle a commencé à émettre le 8 juillet et le premier studio délocalisé par l’équipe sera installé au FIFIG !
Ces voix venant du large seront l’écho des paroles d’insulaires du monde entier qui portent en elles des revendications fortes et parfois un malaise profond vis-à-vis du continent, notamment chez nos amis français d’Outre-Mer. La crise sociale de 2009 en Guadeloupe et en Martinique n’est pas si lointaine et ses fondements encore d’actualité, comme le montrent les événements en Guyane depuis le début de l’année 2017. Ces luttes pour plus d’égalité et de justice sociale, pour une meilleure reconnaissance des spécificités géographiques, économiques, politiques et culturelles des îles, sont primordiales. Car à la question « Pourquoi vivre sur une île ? », nous répondons « Pourquoi vivre ailleurs ? ». Comme le dit si bien Naoto Matsumura, dernier habitant de la zone interdite autour de la centrale de Fukushima, « au final, le meilleur endroit pour vivre, c’est là où vous avez vos habitudes ». Et tant mieux si c’est une île !
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