L’égalité réelle une fausse piste pour l’outre-mer
L’alignement forcé des territoires d’outre-mer sur la métropole n’est pas la meilleure voie de développement. Il est temps de changer d’approche. Une analyse parue dans les Echos le 11 août
Le gouvernement vient de présenter un projet de loi sur l’égalité réelle entre les outre-mer et l’Hexagone. Sous couvert de bons sentiments, il met en œuvre de vieilles recettes dirigistes et coûteuses. Son « plan de convergence » entre la métropole et les outre-mer, d’une durée de dix à vingt ans, fleure bon les plans quinquennaux soviétiques, en plus ambitieux… Ce projet est critiquable à tous points de vue.
D’abord, personne n’est dupe des visées électoralistes d’une telle annonce, qui vient s’ajouter à toutes les promesses de dépenses nouvelles non financées. Encore une fois, l’outre-mer est instrumentalisé comme un réservoir de voix facile à mobiliser, à quelques mois des échéances électorales.
Ensuite, au travers de cette « convergence » avec la métropole, on retrouve de vieux rêves technocratiques qui nient les spécificités historiques, géographiques et démographiques de ces territoires. L’alignement forcé sur l’Hexagone n’est sans doute pas la meilleure voie de développement pour les outre-mer, qui vivent dans un environnement régional très différent et ont vocation à s’appuyer sur un potentiel qui leur est propre.
Stimuler l’initiative
Les résultats de ces entreprises sont malheureusement connus : elles ne permettent pas d’assurer une activité locale source d’emplois, mais génèrent un assistanat source de bien des déséquilibres. Dire, comme le font les socialistes, que le PIB par habitant outre-mer est de moitié inférieur à la métropole et qu’on doit assurer une convergence accélérée pour y remédier, c’est donner de faux espoirs à une population.
La démarche dont Nicolas Sarkozy est à l’origine, avec la loi du 27 mai 2009 pour le développement économique des outre-mer, partie d’une réflexion sur le développement économique endogène, et s’appuyant sur des outils qui fonctionnent tels que la défiscalisation, était à l’évidence plus raisonnable. Le but de cette loi était de stimuler l’initiative privée plutôt que de donner des subventions. Les socialistes, décidément archaïques, ne comprennent pas que l’activité et l’emploi ne se décrètent pas. En revanche, il appartient à l’Etat d’offrir à nos outre-mer des conditions favorables à leur développement.
Rêve technocratique
De même, il est irresponsable de vouloir modifier le rythme de la départementalisation de Mayotte. Celle-ci doit se faire de manière progressive et adaptée, pour ne pas créer des déséquilibres locaux et donner une chance à son développement économique. Au lieu de cela, François Hollande a accepté d’accélérer le rythme d’augmentation du RSA et du Smic, et le projet de loi présenté étend cette démarche aux allocations familiales. Dans un département où l’activité dans le secteur privé est très limitée, essentiellement cantonnée à des entreprises de commerce ou de services alimentées par des revenus de transfert et où la démographie reste dynamique, l’application d’un modèle plaqué de l’extérieur est profondément nocive.
Loin de stimuler l’économie locale et l’emploi, ce rêve technocratique d’identité totale entre la métropole et les outre-mer ne peut qu’enfanter des déséquilibres sociaux, au détriment des habitants de ces territoires eux-mêmes. Une autre voie, respectueuse de l’identité et de la richesse de ces territoires, doit être poursuivie. Il est temps de changer d’approche en s’engageant dans une voie à l’écoute des potentialités propres à chaque territoire. A effort financier constant de la nation, cela doit passer par l’instauration d’un régime fiscal dérogatoire à l’instar des zones franches, favorables à la croissance et à l’emploi.
Les Arvernes sont un groupe de hauts fonctionnaires, d’économistes, de professeurs d’université et de chefs d’entreprise.
No Comment